COOPERATION : LE PREMIER MINISTRE EXPOSE LES GRANDS PROJETS DU GOUVERNEMENT AU COMMISSAIRE AU COMMERCE DE L’UNION EUROPEENNE
jeudi 14 novembre 2013
Le Premier ministre, ministre de l’Economie et des finances, M. Daniel Kablan Duncan a présidé ce jeudi 14 novembre, en présence de M. Karel de Gucht, Commissaire au Commerce de l’Union Européenne, un séminaire ministériel. Cette séance de travail sur les Accords de partenariat économique (APE) avait pour thème «l’émergence de la Côte d’Ivoire». A cette occasion, le Chef du Gouvernement ivoirien a souligné que le pays mesure pleinement l’opportunité que représente l’APE pour son développement économique, et partant pour celui de toute la sous-région ouest-africaine. Même s’il note que la finalisation par la CEDEAO d’un tarif extérieur commun représente un facteur qui permet d’aller rapidement vers la signature d’un APE régional, il n’a pas manqué de souligner que ce processus connaît encore quelques difficultés, notamment en ce qui concerne les mesures d’accompagnement et les délais de ratification par les seize (16) Etats. Ce séminaire a été mis à profit par le Premier ministre pour présenter les grands projets du Gouvernement qui fondent sa politique d’atteinte du statut de pays émergent à l’horizon 2020. Ces projets concernent les secteurs de l’Agriculture, l’industrie, les infrastructures économiques, l’habitat et l’urbanisme, l’éducation, la santé, les mines et l’énergie. Quant à M. Karel De Gucht, il a indiqué que les APE visent à renforcer les relations entre les 16 pays de la région et l’UE. Pour lui, ils sont une opportunité pour la Côte d’Ivoire. Ci-dessous l’intégralité du discours du Premier ministre :
• Monsieur le Commissaire du Commerce de l’Union Européenne;
• Mesdames et Messieurs les Ministres ;
• Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants du Corps Diplomatique ;
• Distinguésmembres de la délégation de l’Union européenne ;
• Honorables invités ;
• Mesdames et Messieurs ;
Je voudrais, de prime abord, au nom de Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République, Président en exercice de la CEDEAO etau nom du Gouvernement,vous souhaiter le traditionnel ‘’Akwaba’’, c’est-à-dire la cordiale bienvenue, en terre ivoirienne, terre de rencontres et d’échanges.
Je voudrais également saisir l’occasion de cette importante séance de travail pour m’acquitter d’un agréable devoir, celui d’adresser à travers vous, notre profonde gratitude à l’Union Européenne pour le rôle majeur qu’elle ne cesse de jouer dans le processus de reconstruction de notre pays profondément ébranlé par une décennie de crises.
Je note enfin, à travers votre visite,un témoignage supplémentaire de l’excellente qualité des relations de coopération existant entre la Côte d’Ivoire et l’Union Européenne.
Dans ce sens, il me plait de rappeler, que La mise en œuvre du 10ème FED, dont l’enveloppe programmable était fixé à 218 millions d’euros, a permis d’appuyer plusieurs secteurs,notamment ceux de sortie de crise (25 millions d’euros), de la réforme judiciaire (18 millions d’euros), et du réseau routier (70 millions d’euros).
Actuellement, le partenariat entre l’UE et la CI est marqué par les négociations en vue de la programmation du 11ème FED (2014-2020) et la fin du 10ème FED (2008-2013) dont le taux d’engagement est à 100% et les activités sont à leur vitesse de croisière.
En matière d’échanges commerciaux, il convient souligner que les échanges globaux entre la Côte d’Ivoire et l’UnionEuropéenne (27 pays) sont évalués à une moyenne annuelle de 2.176 milliards de FCFA sur la période 2010-2012 représentant environ 23 % du commerce extérieur de la Côte d’Ivoire sur la même période.
C’est dans ce contexte global qu’intervient le présent séminaire qui a pour thème « émergence économique de la Côte d’Ivoire ». Il devrait constituer, prioritairement, un cadre d’échanges sur la mise en œuvre des Accords de Partenariat Economique (APE), en ce qui concerne la Côte d’Ivoire et la sous-région ouest-africaine.
Nos échanges devraient être enrichis par les acquis de la réunion de Dakar qui vient de réaffirmer la volonté des 16 pays de la CEDEAOd’aller rapidement vers la signature d’un APE régional.
En outre, la finalisation de l’adoption du Tarif Extérieur Commun(TEC) de la CEDEAO, à cette même occasion, avec pour date d’entrée en vigueur le 1er janvier 2015, augure de la perspective proche d’un marché commun ouest-africain. Cela constitue de façon certaine, un catalyseur pour l’achèvement du processus de signature des APE de notre sous-région et singulièrement de la Côte d’Ivoire.
Il reste cependant que ce processus connaît encore quelques difficultés,notammenten ce qui concernelesmesures d’accompagnement et les délais de ratification par les seize (16) Etats.
Ces difficultés liées à des intérêts variant fortement d’un pays à l’autre, avaient rendu difficile l’organisation des négociations, avec pour conséquencel’adoption de dispositions transitoires pour certains pays, dont la Côte d’Ivoire,à travers les APE intérimaires.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Le présent séminaire ministériel sur l’émergence économique de la Côte d’Ivoire m’offre l’occasion de revenir sur les efforts accomplis par le Gouvernement pour apporter des réponses aux importants défis consécutifs à la longue décennie de crise, notamment la crise post-électorale. Ces crises avaient affaibli l’Etat, détérioré la machine et le potentiel économique, et accentué le taux de pauvreté relative de la population, qui avait atteint près de 50 %.
Afin de réaliser la grande vision du Président de la République, S.E.M Alassane OUATTARA de « faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020 », le Gouvernement a, bâti une stratégie de développement cohérente à travers le Plan National de Développement (PND) 2012-2015. En outre, il prépare actuellement d’autres instruments dont le PND 2016-2020et les prospectives 2040,pour déterminer une trajectoire de développement viable à long terme.
Pour atteindre ces objectifs économiques, le Gouvernement met en œuvre d’importantes actions pour garantir la paix et la sécurité, la cohésion sociale et la stabilité politique.
En effet, les trois (03) principaux axes d’actions du Gouvernement sont les suivants :
- Paix et sécurité ;
- Réconciliation nationale et cohésion sociale ;
- Reconstruction et relance économique.
En matière de paix et sécurité, les actions menées ont permis de rétablir d’excellentes relations de voisinage notamment avec tous les pays membres de la CEDEAO et d’améliorer la sécurité des personnes et des biens. Ainsi l’indice d’insécurité est tombé de 3,8 en janvier 2012 à 1,4 en septembre 2013 avec un objectif de 1 en décembre 2013.
Ce retour à la sécurité et à la paix est bien perçu partous et notamment par les institutions internationales dont la Banque Africaine de Développement (BAD) qui a amorcé son retour à Abidjan depuis juillet 2013, et l’UNESCO qui a installé son bureau en Septembre 2013.
C’est donc à juste titre que nous nous félicitons, Monsieur le Commissaire, de l’inauguration lors de votre visite, du nouveau siège de l’Union Européenne.
Au titre de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale, les actions menées par la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR) sont complétées par le dialogue direct entre le Gouvernement et les partis politiques. Ces actions conjuguées contribuent à une normalisation progressive et rapide du climat politique nécessaire au retour définitif à la paix et à la stabilité qui avaient caractérisé, par le passé, la Côte d’Ivoire.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Sur le plan économique, les avancées sont encore plus fortes.
Il convient de rappeler que les choix fondamentaux faits par la Côte d’Ivoire en matière économique, dès son accession à l’indépendance le 07 août 1960 sont notamment :
- Le libéralisme économique
- L’ouverture sur l’extérieur
- L’érection du secteur privé national et international en levier du développement économique.
Ces choix ont permis de réaliser un taux de croissance économique en moyenne de 7% sur les 20 premières années, et de hisser la Côte d’ivoire au rang de 1ere économie de l’UEMOA, et une porte principale d’entrée de l’espace CEDEAO.
C’est dans le même esprit que, dès sa prise de fonction à la tête de l’Etat de Côte d’Ivoire, SEM Alassane OUATTARA a instruit le Gouvernement pour que d’importantes actions soient menées pour la reconstruction et la relance économique.
D’importantes réformes structurelles et sectorielles menées ont permis de réaliser de très bonnes performances avec un taux de croissance économique de 9,8 % en 2012, 8,7% estimé en 2013, et 8 à 10 % projetés en 2014.
Ces taux figurent parmi les plus élevés d’Afrique, voire du monde. Les principaux moteurs de la croissance économique ivoirienne sont l’investissement, la consommation finale et surtout les exportations, d’où l’importance d’une finalisation rapide de l’APE régional ouest-africain.
Ainsi, l’un des grands objectifs recherchés par le Gouvernement, est notamment d’accroître fortement les investissements globaux de 13,7% du PIB en 2012, 18,1% en 2013 à 25% en 2015, investissements tirés principalement par le secteur privé.
Il s’agit de créer le meilleur environnement pour accompagner le secteur privé et d’avoir en Côte d’Ivoire, l’un des climats des investissements privés, des plus attractifs en Afrique.
Ces réformes visent notamment à : (i) réduire les délais, les coûts de tous les actes économiques, (ii) sécuriser, simplifier les démarches administratives relatives aux investissements privés.
A ce titre, je voudrais vous rappeler brièvement les principales actions entreprises qui sont entre autres :
- l’Adoption d’un nouveau code des investissements plus attractif, en vigueur depuis juin 2012 qui prévoit des avantages plus importants pour les investisseurs ;
- la création du guichet unique des formalités des entreprises,avec pour objectif, la création d’entreprises en 48 heures, la délivrance de l’agrément à l’investissement en 21 jours et la facilitation de l’accès aux terrains industriels.
- la création du Tribunal de Commerce d’Abidjan depuis octobre 2012 pour faciliter le règlement des litiges entre acteurs du secteur privé ;
- la réduction du coût de création d’entreprise en Côte d’Ivoire qui est passé de 931euros à environ 285 euros.
- La création en cours d’un Guichet Unique du Commerce Extérieur, en vue de rationaliser les procédures d’importation et d’exportation ;
- L’adoption d’une loi sur la concurrence pour juguler les pratiques anticoncurrentielles ;
- La mise en place d’un cadre institutionnel et juridique pour la promotion des infrastructures structurantes de l’émergence dans le cadre des Partenariats Public-Privé (PPP) ;
- La révision de codes sectoriels spécifiques, (code de l’électricité, code minier, code pétrolier ; code des Télécommunications et des technologies de l’Information) ;
- La mise en place d’un Comité bipartite secteur privé-secteur public ;
- L’adoption d’une loi sur l’exéquatur des décisions arbitrales ;
- La mise en œuvre d’un nouveau programme de privatisation après ceux de 1995 à 1999.
Il s’agit de construire à terme une économie structurellement plus industrialisée, capable de fournir davantage de valeur ajoutée et d’accroître très significativement la part des produits manufacturés dans les exportationset le PIB.
A ce stade, permettez-moide relever qu’il ressort de l’évaluation des politiques et institutions nationales réalisée par la Banque Mondiale que la Côte d’Ivoire a obtenu, au titre de l’année 2012, 3.1 sur 6 contre 2.9 en 2011.
Ces actions d’amélioration de l’environnement des affaires se poursuivent dans le cadre des programmes du Doing Business et du Millenium Challenge Corporation (MCC). Dans ce cadre, il convient donc de relever les progrès réalisés par la Côte d’Ivoire au niveau du classement Doing Business, qui lui ont permisd’entrer dans le cercle vertueux des dix pays les plus réformateurs au monde.
Auréolée de son dynamisme retrouvé, l’économie ivoirienne offre de nombreuses opportunités d’affaires et d’échanges commerciaux :
Elles concernent des secteurs prioritaires tels que :
- l’Agriculture, outre le développement des cultures de rentes (café, cacao, anacarde, hévéa, coton, etc…),la promotion des cultures vivrières, afin d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et de faire de la Côte d’Ivoire le grenier de la sous-région, surtout dans le secteur du riz où d’importants projets ont été élaborés pour l’augmentation de la production dans le cadre de Partenariats Public-Privé et du PNIA. Le PNIA est le Programme National d’Investissement Agricole couvrant la période 2012-2016, d’un montant de 2.040 milliards de FCFA (4 milliards de dollars) et financé à hauteur de 60 % par le secteur privé national et international ;
- les Mines et l’Energie, dont l’objectif est de faire de la Côte d’Ivoire un grand pays minier, avec à terme une industrie sidérurgique ; un pays auto suffisant en production électrique, mais également un exportateur net d’énergie électrique dans la sous-région avec une capacité de 1540 MW qui devrait donc passer à 3000 MWen 2018 et atteindre selon le Ministre en charge de l’Energie 4000 MW à l’horizon 2020.
- L’industrie, pouraccroître le taux de transformation de nos produits agricoles, notamment le cacao, le café, la noix de cajou, les fruits et légumes, le coton, etdiversifier le tissu industriel par la promotion des industries légères.
- les Infrastructures Economiques, afin de renforcer la compétitivité de l’économie ivoirienne et de faire de la Côte d’Ivoire un Hub de services logistiques à travers de grands projets structurants, dans les secteurs notamment des routes, des ports, des aéroports, du chemin de fer, des télécommunications, des technologies de l’Information et de Communication.
- l’Habitat et l’urbanisme, pour résorber le déficit de logements évalué à près de 500 000 unités, avec des besoins annuels nouveaux de plus de 50 000 logements par an.
- L’éducation, avec une formation diplomante ou qualifiante, adaptée aux nouveaux besoins réels d’une économie émergente en forte croissance. En effet, ‘’il n’est de richesses que d’hommes’’.
- la Santé, avec l’objectif de relever les énormes défis de satisfaire les besoins nationaux et respecter les OMD 2015. Il s’agit aussi de développer une industrie pharmaceutique de médicament générique pour satisfaire les besoins nationaux mais également le marché sous régional de plus de 300 millions d’habitants. Il s’agit enfin, d’ériger la Côte d’Ivoire en un « Hub » sous régional de services hospitaliers.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
De nouvelles sources de croissance sont apparues partout et notamment en Afrique, mettant en lumière la nécessité pour la Côte d’Ivoire de s’adapter à un monde plus global et plus compétitif.Le monde ayant changé rapidement et de façon profonde au cours de la dernière décennie, le principal défi qui se pose à nos Etats est celui d’une intégration économique régionale plus poussée.
La Côte d’Ivoire, qui entend renforcer son ancrage régional, appartiententre autres, à l’Union du Fleuve Mano regroupant quatre (4) pays, à l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) qui compte huit (8) pays pour environ cent (100) millions d’habitants, et à la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui compte quinze (15) pays et trois cents (300) millions d’habitants, ce qui en fait un grand marché. Si, L’UEMOA a déjà une monnaie commune le Franc CFA qui est partagé par huit (8) pays, pour la CEDEAOl’objectif est de créer une monnaie unique en 2020.
Cette volonté politique des Chefs d’Etat de la CEDEAO se traduit également par la mise en œuvre de « grands projets structurants d’émergence ».Dans ce cadre, l’on peut citer notamment :
• Le projet de construction de l’Autoroute Abidjan-Lagos ;
• Le projet de construction de l’Autoroute Abidjan-Ouaga-Niamey ;
• Les projets d’interconnexion ferroviaire reliant six (06) pays de la sous-région que sont le Benin, le Burkina, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria et le Togo ;
• Le projet d’Autoroute du gaz Lagos-Abidjan ;
• Le projet d’interconnexion électrique sous-régionale West African Power Pool (WAPP).
L’UEMOAqui s’érige progressivement en un espace économique viable et de développement avec un taux de croissance proche de 7% pour cette année 2013 contre 6,6% en 2012, devrait contribuer significativement à la dynamique de croissance sous-régionale, en vue de garantir la paix, la stabilité et le développement.
Au total, cet environnement globaldevrait favoriser la finalisation et la signature de l’APE de la région ouest-africaine.
Monsieur le Commissaire,
Excellences Mesdames et Messieurs,
La Côte d’Ivoire est plus que jamais consciente de son rôle et de sa responsabilité dans le développement de la sous-région et singulièrement de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
En outre, fidèle à son image de pays ouvert sur l’extérieur, elle mesure pleinement l’opportunité que représente l’APE pour son développement économique, et partant pour celui de toute la sous-région ouest-africaine.
C’est pourquoi, elle est déterminée à mettre tout en œuvre pour une finalisation rapide et une signature des accords.
Cependant le calendrier reste à revoir en liaison avec les autres pays de la sous-région ouest-africaine, avec, me permettrais-je de suggérer une compréhension ouverte et attentive de l’Union Européenne.
Je ne saurais clore mon propos sans réitérer nos vifs remerciements à l’Union Européenne pour sa contribution significative à la remise en état de l’économie ivoirienne et au redémarrage du train du développement économique et social de la Côte d’Ivoire, en vue de réduire la pauvreté et faire de ce pays un havre de paix et de prospérité.
Je vous remercie de votre aimable attention.