REFORME DES SYSTEMES DE SECURITE : HAMED BAKAYOKO APPELLE A DES SOLUTIONS CONCERTEES CONTRE LES NOUVELLES MENACES
mercredi 25 septembre 2013
Le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, M. Hamed Bakayoko a présidé ce mercredi 25 septembre 2013, l’ouverture officielle d’un séminaire sous régional portant sur la réforme des systèmes de sécurité en Afrique de l’Ouest. Ce séminaire qui se tient sur deux jours est organisé par la Direction de la coopération internationale du ministère français de l’Intérieur et son département, en partenariat avec l’Organisation internationale de la Francophonie et l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire(ONUCI). Il vise à promouvoir d’une part les différents concepts relatifs à la gouvernance démocratique des systèmes de sécurité et d’autre part, à aborder les différentes thématiques spécifiquement liées au secteur de la sécurité intérieure et de justice. Le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la sécurité a souligné à cette occasion l’importance des réformes à mener dans les domaines de la sécurité et de la défense dans les pays d’une sous-région qui a connu plusieurs crises.
Soutenant une approche qui tienne compte des spécificités de chaque pays, il n’en a pas moins appelé à une conjonction des moyens pour juguler les menaces transfrontalières, arguant que la réforme des systèmes de sécurité est une question transversale. Aussi a-t-il appelé les experts à identifier les nouvelles formes de menaces auxquelles seront confrontés les Etats de la sous-région.
Non sans les inviter à trouver une adéquation parfaite entre les moyens et les besoins des pays en vue de permettre aux autorités d’offrir à leurs populations une sécurité qui leur garantisse à la fois la liberté de circuler et la sérénité dans leur vie quotidienne.
Prenant exemple de la crise malienne, Hamed Bakayoko a démontré que les questions d’insécurité nées des nouvelles menaces ne peuvent être traitées dans le cadre d’un seul pays. Pour lui, c’est donc dans un cadre concerté que celles-ci peuvent trouver une solution idoine, ajoutant que l’un des fondements de la stabilité des Etats de la sous-région demeure la pratique d’une bonne politique de voisinage et de la collaboration des forces de sécurité.
Pour ce faire, il a insisté auprès des participants pour que le partage des meilleures pratiques puisse inspirer leurs travaux, étant donné que selon lui, les Etats peuvent mutuellement tirer profit des expériences réussies des autres. Ainsi, il a fait cas de l’expérience ivoirienne en matière de réforme du secteur de la sécurité conduite dans le cadre du Conseil national de la sécurité(CNS).
Présidé par le Chef de l’Etat, le CNS a-t-il indiqué, se réunit de façon hebdomadaire pour adresser toutes les questions liées à la sécurité dans le pays. C’est d’après lui, cette instance qui aura permis de penser la nouvelle politique de sécurité du pays après plusieurs années de crise pour l’adapter aux nouvelles réalités.
N’hésitant pas à prendre « les mesures courageuses qui s’imposent », le Conseil national de sécurité, a assuré le ministre d’Etat Hamed Bakayoko est un cadre de concertation qui peut inspirer d’autres pays de la sous-région.
De son côté, Mme Aichatou Mindaoudou a situé la participation de l’ONUCI à ces travaux dans le cadre de son mandat de soutien à la réforme du secteur de la sécurité et du renforcement du rôle des services de sécurité conformément aux standards internationaux. Elle a jugé qu’il est primordial que des ajustements soient apportés afin que l’appareil sécuritaire serve à l’Etat pour son rôle régalien.
Aussi a-t-elle recommandé une appropriation de la réforme du secteur de la sécurité par les différentes Etats de la sous-région par une grande implication des populations, répondant ainsi aux exigences d’une gouvernance démocratique.
Dans cette perspective, elle a souhaité une plus grande mobilisation de la société civile qui, du fait de sa proximité avec les populations, devrait servir de courroie de transmission entre les autorités et les forces de de sécurité.
« La réforme du secteur revient comme une priorité pour la stabilité et représente un facteur d’enracinement de la paix», a-t-elle argumenté, ajoutant que les pays d’Afrique de l’Ouest ont la capacité de reformer leurs systèmes de sécurité avec l’appui de leur populations en se fondant sur le triptyque « paix-sécurité-développement.»
Dans la même dynamique, le directeur régional de l’Organisation internationale de la Francophonie, M. Tharcisse Urayeneza a marqué le soutien de l’institution à la réforme des systèmes de sécurité en Afrique de l’Ouest. Il a fait savoir que l’organisation des forces de sécurité devrait se faire dans le respect des règles de démocratie et de respect du pluralisme ethnique en ce qui concerne le recrutement.
Tout en insistant sur la nécessité de former les agents aux principes démocratiques et de respect des droits de l’homme, il a appelé les contrepouvoirs à agir efficacement dans le contrôle des services de sécurité. Cela, pour une transparence budgétaire et dans le souci de les astreindre à l’obligation de rendre compte.
Intervenant au nom de la partie française, le Professeur Alain Bauer, président du conseil supérieur de la formation et de recherche stratégique a mis en lumière la transformation de la criminalité qui n’épouse plus à ses dires, les formes qu’on lui connaissait. Pour lui, avec le développement des technologies, sont apparues de nouvelles formes de criminalité qui ne correspondent plus à l’image que l’on pourrait se faire de celles-ci.
C’est pourquoi, il a plaidé pour une adaptation des systèmes sécuritaires aux nouvelles problématiques en sortant des grilles anciennes d’analyse pour se doter d’une plus grande capacité d’analyser finement les évènements pour les anticiper, les comprendre.
A cette fin, il a souhaité que la Côte d’Ivoire prenne le pari de créer un centre sous régional de prévention et de décèlement précoce des menaces.
Et ouvrir ainsi un dialogue de concertation, de prévision et d’anticipation sur les questions de criminalité sous régionale. Pour ce faire, il a exigé une forte volonté politique qui aille au-delà de la stabilisation pour miser sur le développement.