Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique: Rentrée solennelle des Universités
Chose promise, chose due.
Oui, chose promise, chose due.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Suite à la décision prise par le Gouvernement, le 19 avril 2011, de fermer les Universités de Côte d’Ivoire, en vue de leur réhabilitation, nous vous avions promis, en comptant sur votre soutien et votre éclairage, de faire la rentrée universitaire 2012-2013 le 3 septembre 2012. Les travaux engagés alors ont démarré en janvier-février 2012. Aujourd’hui, nous sommes bien le 3 septembre 2012. Merci au Ciel de nous avoir accordé ce jour.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Le chemin a été long et périlleux parce que semé d’embûches et de ronces. Mais jamais, l’espoir ne nous a abandonné, d’atteindre l’horizon du 3 septembre 2012, parce que nous étions, les membres de l’équipe que j’ai eu l’honneur et le bonheur de diriger, comme enivrés par un rêve, celui de vous donner, de donner à notre pays une université à la dimension de celles aux USA, en France, en Grande-Bretagne, en Afrique du Sud, où il fait bon d’enseigner, de faire de la recherche et d’étudier, où vous avez fait vos études.
Nous n’aurions pas pu être à la hauteur, ni à ce rendez-vous de la parole donnée, si nous n’avions pas bénéficié de votre appui personnel, de votre confiance et de votre soutien, surtout dans les moments de grande turbulence et de vents mauvais que nous avons dû affronter. Je voudrais, sans protocole et de façon prosaïque, vous exprimer notre déférente gratitude en des termes simples : Merci, infiniment merci Excellence Monsieur le Président de la République d’être ces travailleurs de la nuit qui goûtent aux splendeurs de l’aurore.
Avec votre permission, je voudrais associer à ces remerciements Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, Monsieur le Premier Ministre et l’ensemble de son Gouvernement, pour leurs conseils, leurs encouragements dans les moments de doute, pour leur soutien qui ne nous a jamais fait défaut, en un mot pour la fraternité et la solidarité qu’ils nous ont toujours témoignées.
Enfin, à Monsieur le Secrétaire Général de la Présidence qui nous a permis de nous frayer un chemin chaque fois nous nous sommes sentis en perdition dans les procédures, au Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement pour son assistance, aux responsables et personnels de l’entreprise SIMD-CI qui m’ont subi, au propre comme au figuré, pendant toute la durée des travaux (Sidi Kagnassi, les frères Keymel, Salif Sawadogo, Assane, Madame Sameken, Mme Diabagaté et Mme Traoré, Messieurs Traoré, Kébé, Banny, Yéo, Drabo, Sibo, Kpadé, Loukou), à mes collaborateurs qui ont abandonné les bureaux comme moi pour être sur le terrain, avec moi, sous le soleil tapant et la pluie parfois battante, à tous, je voudrais exprimer mon infinie reconnaissance.
Mesdames et Messieurs les Ministres des pays frères ou leurs Représentants, chers amis venus d’ici, d’ailleurs, merci d’avoir accepté d’effectuer le déplacement jusqu’à Abidjan, au Campus de l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody. Je vous dis « Akwaba ».
Excellence Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,
Madame la Grande Chancelière,
Monsieur le Président de la Cour Suprême,
Monsieur le Président du Conseil Constitutionnel,
Monsieur le Président du Conseil Economique et Social,
Mesdames et Messieurs le membre du Gouvernement,
Excellence Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Chefs de Représentations Diplomatiques,
Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Internationales,
Eminences, Messieurs les Guides et Chefs Religieux,
Messieurs les Chefs traditionnels,
Honorables invités en vos titres, grades et qualités,
Distingués amis du savoir,
Mesdames et Messieurs,
A la suite des malheureux événements que notre pays a connus en 2011, vous m’avez demandé, Excellence Monsieur le Président de la République, de conduire, de la meilleure des manières et avec l’appui de toutes les bonnes volontés, une nouvelle politique d’enseignement supérieur et de redonner à l’ensemble de notre ordre d’enseignement toute sa force, toute son ambition et tout son éclat.
Eu égard à la situation dans laquelle était ce sous-secteur, il nous a paru important de ne pas bricoler, mais plutôt de prendre le temps de réfléchir, avec les enseignants, avec l’administration universitaire, avec les partenaires au développement, bref, avec toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté, pour diagnosquer, au plus prêt, les maux qui ont miné notre enseignement supérieur, en vue de lui permettre de prendre un départ nouveau.
Comprenez-moi bien. Je n’ai pas dit un nouveau départ au sens où il suffisait de remettre simplement les choses en route après un faux départ. J’ai parlé plutôt d’un départ nouveau, qui implique de tout repasser au crible de la critique et de l’expertise, de tout repenser, de tout réhabiliter et de tout réorganiser.
Pour que ce départ nouveau de l’enseignement supérieur de notre pays que nous fêtons aujourd’hui soit possible, il nous a fallu d’abord tout repenser. Vous le savez tous, l’Université ivoirienne d’hier a connu ses moments de gloire. Elle a accompagné valablement le développement économique de notre pays.
La repenser a consisté, pour nous, de lui faire retrouver ses principes fondateurs et sa raison d’être. C’est ce qui a été fait à travers plusieurs colloques, séminaires et tribunes.
C’est ce qui a été fait aussi en nous mettant à l’écoute non seulement de ce qui se fait de meilleur ailleurs, mais encore sur la manière dont les meilleures universités du monde ont accédé au cercle vertueux de l’excellence.
Pour que ce départ nouveau soit possible, il nous a fallu aussi tout restructurer et tout réhabiliter. Dans toutes les universités et l’ensemble de leurs sites qui ont connu des pillages et des actes de vandalisme, sans précédent, il s’est agi de tout reconstruire, quasiment, de tout remettre à neuf et aussi d’augmenter les capacités d’accueil pour améliorer les conditions de travail et de vie.
Tout d’abord, nous avons réhabilité les campus académiques, à savoir : les bâtiments, les salles de classe, les amphis, les laboratoires, les bureaux, les services administratifs et techniques, les services d’information et de documentation. De nouvelles infrastructures ont été construites ou acquises, aussi bien à Abidjan, à Bouaké, à Korhogo qu’à Daloa.
Nous avons réhabilité également les campus sociaux, à savoir : les restaurants, plusieurs cités universitaires, les structures sportives et associatives, sans oublier d’aménager les espaces verts et de construire des espaces de vie. Corrélativement, nous avons procédé à la rénovation de la gestion des campus sociaux. A l’image de ce qui se fait de mieux ailleurs, la vie sociale à l’Université doit obéir à des principes et des normes. Elle doit faire l’objet d’une Charte, mais aussi d’un règlement intérieur qui engage tout le monde dès qu’on y accède.
Enfin, le départ nouveau a consisté à tout réorganiser. Réorganiser d’abord ce qui est le travail même de l’Université, à savoir ses niveaux et ses logiques d’enseignement en tenant compte de ce qui se fait aujourd’hui dans l’espace mondial de l’enseignement supérieur. Cela s’est fait à travers le passage au système Licence-Master-Doctorat (LMD). Pour la mise en place de ce système, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, avec l’appui de la coopération française, de l’UEMOA et de l’AUF, a organisé, à l’intention de tous les acteurs de la communauté universitaire, différents séminaires de sensibilisation, de formation à la reconfiguration des curricula, de mise en ligne des cours, de gestion de la scolarité et des bibliothèques. La mise en place du Réseau Ivoirien de Télécommunication pour l’Enseignement et la Recherche (RITER) s’inscrit dans le cadre de ce travail de réorganisation. Cet outil permet :
de mettre en réseau (interne et externe) les structures de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ;
de résoudre le problème de l’insuffisance des ressources humaines et des infrastructures d’accueil, par les formations en ligne et l’accès aux bibliothèques numériques ;
d’améliorer les conditions de travail des étudiants et des enseignants.
Nous avons réorganisé aussi et surtout la gouvernance. Les universités vont s’appuyer désormais sur des processus de décisions efficaces et transparents, avec un système de gestion formalisé, à la satisfaction de tous leurs utilisateurs. A cette fin, des actions ont été menées pour le renforcement des capacités des dirigeants des Institutions de l’Enseignement Supérieur, avec l’appui de la coopération française à travers la convention signée pour l’Appui à la Gouvernance Universitaire et à la Réforme de l’Enseignement Supérieur (AGURES), avec le soutien de l’Institut Panafricain de Gouvernance Universitaire (IPAGU) et de l’Agence Universitaire de la Francophonie. De même, des mécanismes de suivi et de contrôle plus élaborés ont été mis en place, qui permettent au Ministère d’exercer ses fonctions d’orientation et d’évaluation, propices à une gestion rigoureuse et efficiente, tout en préservant l’autonomie des établissements d’enseignement supérieur.
Nos universités vont aussi établir avec l’Etat une sorte de contrat-programme pluri-annuel dans lequel les deux parties s’engagent sur les résultats à atteindre et sur les moyens nécessaires à mettre à leur disposition. Au-delà de cette démarche contractuelle, qui est devenue un passage obligé pour le financement qualitatif de la formation et de la recherche, vous nous avez instruit, Excellence Monsieur le Président de la République, de corriger le mode de désignation des responsables de tous les établissements d’enseignement supérieur. Les dispositions ont été prises à cet égard.
Dans le même esprit, le travail de l’administration universitaire a été revu. Les services d’inscription et de suivi des parcours des étudiants ne peuvent plus être ce qu’ils ont été, c’est-à-dire des lieux vétustes, sans outils de gestion fiable et efficace. C’est pourquoi nous les avons réhabilité, modernisé et équipé. Nos universités disposent désormais de véritables bases de données qui assurent :
la sécurisation de l’ensemble des documents qu’elles délivrent, (cartes d’étudiants numériques multifonctions, diplômes, attestations, etc) ;
la maîtrise des effectifs des étudiants, permettant une meilleure planification et gestion des activités pédagogiques et de mettre fin au parapluie atomique.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Mesdames et Messieurs,
L’Université ivoirienne dont nous fêtons aujourd’hui le départ nouveau était en effet devenue depuis de nombreuses années l’ombre d’elle-même et ce, presque sur tous les plans. Au titre de ses trois missions de formation, de recherche et de service à la société, elle avait perdu ce qui faisait sa fierté et était devenue le lieu de tous les trafics, de toutes les misères, mais aussi le lieu de la corruption, de toutes les formes de violence physique et morale et de tous les désordres. Elle était devenue aussi le lieu des contestations les plus absurdes et celui des affrontements ethniques et politiques. Elle avait perdu sa raison d’être et donc la raison.
Toutes les actions énumérées et bien d’autres que nous avons initiées visent à redonner sens à ce qu’est l’Université, la Cité de l’Univers, le Temple du Savoir. Elles visent à la rendre ambitieuse et compétitive à l’échelle internationale dans le cadre de la mondialisation, à la mettre au service du meilleur de notre pays, c’est-à-dire son développement. Pour ce faire, le rôle de chaque acteur a été clairement défini.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Mesdames et Messieurs,
Voici en quelques mots, l’économie de ce que nous avons pu réaliser dans le laps de temps qui nous a été accordé. Il est clair que beaucoup reste encore à faire. Cependant, nous devons reconnaître que relever le défi d’un enseignement supérieur ivoirien performant n’incombe pas seulement au MESRS et aux institutions d’enseignement supérieur et de recherche, mais constitue une responsabilité collective pour tous les acteurs de la société, en ce moment crucial de notre histoire.
C’est pourquoi chaque citoyen responsable doit non seulement comprendre l’enjeu, mais encore prendre sa part dans la réussite de ce projet commun. Qu’il s’agisse des instances de décision, du Gouvernement, des Partenaires techniques et financiers, de la Société civile, des parents d’étudiants que des apprenants eux-mêmes.
Concernant tout particulièrement ces derniers, nous les voulons positifs, enfin réconciliés avec notre société, soucieux du bien public et des sacrifices que leurs parents, la société et l’Etat consentent pour qu’ils puissent préparer leur avenir et celui du pays, volontaires pour aider à la réconciliation nationale et à la préservation de leur environnement. Nous les voulons travailleurs, animés d’un sens aigu du service à la société et capables de s’auto-employer, responsables et capables d’avoir un discours critique face aux marchands de rêves. Nous voulons des syndicats d’étudiants responsables, capables de comprendre ce que l’activité syndicale veut vraiment dire.
En ce jour de fête, permettez-moi de terminer mon propos par une histoire que je veux dédier aux étudiants et aux enseignants. La voici.
Dans un village, au centre, un arbre étant dressé, majestueux et splendide, qui apportait avec lui toute la douceur de vivre : ses fruits, l’ombre et le chant des oiseaux qui venaient s’y nidifier. Sous l’arbre, les enfants jouaient, les hommes et les femmes échangeaient leurs premiers regards, les vieux palabraient et rendaient la justice. Deux branches puissantes de l’arbre portaient les fruits si tendres et si parfumées que tout le monde en rêvait. Il suffisait de tendre la main. Tous étaient identiques.
Mais chaque villageois savait que les fruits d’une des deux branches étaient empoisonnés. La mort était rapide et atroce. Et personne, ni même le plus vieux qui était encore plus vieux que la vieillesse ne savait plus laquelle des deux branches portait les fruits empoisonnés. La connaissance s’était tue, la mémoire était muette, les récits ne disaient plus rien. Personne n’osait prendre le risque.
Un jour de grande famine, voyant mourir ses frères, le Chef n’y tint plus. Il prit le risque et mangea un fruit au péril de sa vie. C’est le rôle du Chef. Le fruit était sain. Le Chef vécut et tout le village put enfin manger. Mais les villageois voulant se protéger coupèrent la branche mauvaise. Alors l’arbre ne donna plus aucun fruit et mourut. Il était devenu vide en son milieu. Et les fruits, l’ombre, le rire des enfants et le chant des oiseaux s’en allèrent. Alors les villageois quittèrent le village.
Cette fable dit l’essentiel : que la vie et la mort sont intimement liés, que le bon et le mauvais vont ensemble, que sans risque la vie n’est que survie, que sans connaissance, elle n’est qu’exil.
Cette histoire est aussi la nôtre, celle de notre passé comme de notre avenir. Elle nous rappelle que l’avenir n’appartient qu’à ceux qui veulent apprendre, à ceux qui savent aller au-delà des apparences. Il suffit d’écouter, de voir, de s’émerveiller, de travailler, en un mot, de se donner lucidement à la vie et à ce temps. C’est cela l’étudiant nouveau et l’université nouvelle que nous voulons!
Un proverbe maintenant : «Homme, bois de l’eau pour te rendre beau. Gave-toi de soleil pour te rendre fort. Et regarde le ciel pour devenir grand».
Excellence Monsieur le Président de la République,
Je ne saurai terminer mon propos sans vous rendre un hommage appuyé :
pour votre vision éclairée d’un système d’Enseignement Supérieur et de Recherche au service de l’émergence de notre pays ;
pour la confiance que vous avez bien voulu placer en moi, en me confiant ce délicat département ministériel ;
pour les moyens financiers importants consentis en vue du démarrage effectif de notre système d’Enseignement Supérieur et de Recherche dans le délai qui nous était imparti ;
enfin, pour les facilités qu’il vous a plu de nous accorder aux fins d’accélérer les processus de marché et de décaissement.
Monsieur le Président de la République,
Que le Seigneur tout puissant, grand architecte de l’Univers et régulateur de notre destin ici-bas continue de vous bénir et vous éclairer si positivement afin de poursuivre dans la paix et la sérénité, votre mission de mener à bon port le bateau Ivoire que vous pilotez de main de maître, pour le bonheur du peuple ivoirien.
Mesdames et Messieurs
C’est donc sur cette note d’espoir que je voudrais vous réitérer mes sincères remerciements et vous souhaiter, à toutes et à tous, une excellente rentrée universitaire 2012-2013, dans une ambiance de retrouvailles de tous les acteurs de nos établissements d’enseignement supérieur, réconciliés avec eux-mêmes, avec leur environnement et avec leur avenir.
Je vous remercie de votre aimable attention.
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