Ministère de l'intégration Africaine: 1ère Journée internationale africaine sur l'économie et le développement du 3 au 7 août 2009 à Atlanta au USA

  
  

DISCOURS DE M. AMADOU KONE, MINISTRE DE L’INTEGRATION AFRICAINE



Mesdames et messieurs,



1. Je suis particulièrement enchanté de prendre la parole devant cette auguste assemblée, en ma qualité de Ministre ivoirien de l’Intégration Africaine pour faire état du développement des relations économiques et commerciales entre les Etats-Unis et l’Afrique.



2. Permettez moi, Mesdames et messieurs, de traduire toute la gratitude du Président de la République de Côte d’Ivoire, son Excellence Laurent Gbagbo, du Premier Ministre Guillaume SORO et du peuple ivoirien, aux organisateurs du « Global African International Business Summit » pour l’honneur fait à notre pays en lui octroyant une place de parrainage, appuyée qui plus est, par des journées ivoiriennes.



3. Je tiens à saluer tout particulièrement à mes côtés M. Inza CAMARA, Président de « Global African Business Consulting Group » et lui dire combien je me réjouis qu’il nous ait invité à participer à ces journées afin que nous puissions suivre ensemble le dialogue très fructueux entamé, ici à Atlanta, par les investisseurs économiques du monde entier.



4. Au cours de ces journées, les opérateurs auront l’opportunité de trouver des financements et surtout des partenariats auprès d’organismes américains prêts à aider les pays en développement. Et comme il s’agit également d’une plateforme d’information, je voudrais profiter de la tribune qui m’est offerte pour vous dire quelques mots sur l’importance du partenariat entre Américains et Africains et sur les efforts entrepris par les Africains pour s’intégrer entre eux et à l’économie mondiale.



5. Parce que je suis venu pour bâtir. Bâtir entre nos deux peuples un partenariat d‘exception. Parce que j‘attends de vous que vous soyez des acteurs essentiels de cette grande ambition en multipliant entre nos deux pays les projets, les emplois, les solidarités concrètes.



6. Je suis venu aux Etats-Unis pour contribuer à bâtir entre nos deux peuples un avenir de solidarité partagée. Parler d‘avenir, ce n‘est pas ignorer le passé. Je suis convaincu depuis toujours que pour bâtir un avenir meilleur on doit savoir regarder le passé en face. C‘est d‘ailleurs ce que les Américains font à chaque fois qu’ils pensent à l’esclavage. Oui, le système de la traite des noirs a été profondément injuste. Mais il est aussi juste de dire qu‘à l’intérieur de ce système profondément injuste, il y avait beaucoup d’hommes qui, de générations en générations, ont transmis à leurs enfants et petits enfants, l’amour qu’ils avaient de l’Afrique, avant de devoir la quitter.



7. Ce n’est pas un travail de mémoire que je suis venu vous proposer, mais simplement un rappel à tous ce passé que nous avons en commun et qui aujourd’hui nous rapproche, plus qu’il nous divise.



8. Je vois également dans les Etats-Unis, un modèle de démocratie et d’unité. Celles-là mêmes qui inspirent les chefs d’Etat Africains et les pousse à vouloir construire les « Etats-Unis d’Afrique ». La route vers cette unité africaine est longue et sera sans doute l’œuvre de plus jeunes que vous et moi.



9. Consignée par les Pères fondateurs de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) dans la Charte de 1963, la vision de l’intégration a pris en 1991, avec le traité instituant la Communauté Economique Africaine un tournant décisif. Une nouvelle impulsion lui a été donnée par la Déclaration de Syrte en septembre 1999 et la Déclaration d’Accra en juillet 2007 est venu renforcer l’importance de notre cheminement vers le Gouvernement de l’Union Africaine.



10. En mai 2008, la troisième Conférence des Ministres africains en charge de l’Intégration, qui s’est tenue à Abidjan et que j’ai eu l’honneur de présider, a permis de faire le bilan de cette intégration afin de repartir sur de meilleures bases. Au titre des réalisations, l’on pourrait citer entre autres, la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux, l’intégration monétaire et financière, le développement des infrastructures, la paix et la sécurité… Les avancées varient d’une région de l’Afrique à l’autre.



11. La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a par exemple, en ce qui concerne la libre circulation, élaboré des instruments douaniers et de statistiques uniformes, un protocole sur le transit routier inter Etats susceptibles de simplifier et d’accélérer les formalités douanières. Le tarif extérieur commun est en cours d’élaboration, contribuant ainsi à faire de l’Afrique de l’Ouest un marché commun de plus de 300 millions d’habitants.



12. Au sein de cet espace communautaire, la Côte d’ivoire joue un rôle important. D’un point de vue historique, elle a toujours milité en faveur de l’intégration et a ainsi été à l’initiative de plusieurs organisations sous régionales telles que le Conseil de l’entente avec quatre autres pays, l’Union Monétaire Ouest Africaine (aujourd’hui Union Economique et Monétaire) regroupant 8 pays ayant une monnaie commune et un cadre macroéconomique assaini...



13. Sur le plan économique, la Côte d’Ivoire représente un pôle de développement régional, aussi bien pour les pays de l’inter land qu’elle dessert à partir des ses deux grands ports internationaux (Abidjan et San Pedro) que les pays côtiers limitrophes avec lesquels les échanges se développent grâce à un réseau routier relativement dense.



14. Nul besoin de s’étendre ici sur la question car je pense que les journées ivoiriennes seront l’occasion de découvrir, pour ceux qui ne le connaitrait pas déjà, le potentiel de notre pays et son poids dans la sous région.




15. Au-delà de la Côte d’Ivoire et de la CEDEAO, c’est l’ensemble du continent africain qui regorge d’opportunités. Un tiers des réserves de matières premières (hydrocarbures, minerais et métaux) de la planète se trouverait en Afrique. Pourtant, les exportations africaines – qui reposent principalement sur les hydrocarbures – ne représentaient en 2005 que 11% du total mondial, d'après l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Même si la production africaine de pétrole a augmenté au cours de ces vingt dernières années – multipliée par 3,5 contre 1,6 au niveau mondial –, elle est loin d'avoir atteint son maximum : les gisements sont encore sous-exploités et des réserves restent à découvrir. Plus de la moitié des diamants commercialisés dans le monde proviennent du continent africain. L'Afrique dispose donc d'un potentiel de ressources naturelles encore largement inexploité (diamants, or, uranium, cuivre, cobalt, coltan, pétrole, gaz…) dont la transformation locale en produits finis reste à ce jour un défi majeur.



16. Le paradoxe, c’est que l’Afrique subsaharienne, qui reste l’endroit le plus pauvre de la planète, est aussi la destination la plus profitable pour les investisseurs. Elle offre, selon le rapport financier sur le développement global de la Banque mondiale en 2003, « les retours les plus élevés sur l’investissement étranger direct de toutes les régions du monde ».



17. Néanmoins, à l'heure du retour de la compétition pour l'accès aux matières premières, suite notamment à la forte croissance chinoise et à la demande plus pressante des Américains, l'Afrique subsaharienne redevient stratégique. De nouveaux conflits en perspective ou un levier pour le développement ? Allons-nous nous contenter de dire que l’Afrique est pauvre parce que ses investisseurs et ses créanciers sont immensément riches ? Une chose est certaine, l’Afrique a là l’opportunité de se repositionner sur le plan international.



18. Avec l’Europe, et face aux faibles résultats des précédentes conventions de Yaoundé et Lomé, les Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique ont été amenés à signer le 23 juin 2000, à Cotonou (Bénin), un nouvel accord dit «accord de Cotonou ». Cet accord, qui marque un tournant décisif dans la coopération entre l'UE et les ACP, avait pour objectif principal de promouvoir l’intégration progressive et harmonieuse des Etats ACP dans l’économie mondiale. Il visait en outre à renforcer les capacités de production des pays ACP ainsi que leur aptitude à attirer les investissements. Eu égard aux objectifs ci-dessus et devant la nécessité de s’adapter aux nouvelles règles de la mondialisation, les parties ont convenu de conclure de nouveaux accords commerciaux compatibles avec les règles de l’OMC. Ces accords, actuellement en cours de négociation, représentent le nouveau cadre à travers lequel l’Afrique noue un Partenariat Economique avec l’Union Européenne.



19. La Chine et l’Afrique entretiennent depuis les années 50, une relation politique et économique de longue date. Dans les années 50 et 60s, la Chine a activement soutenu différents Mouvements de libération dans un processus qui a aboutit à l’indépendance de plusieurs pays Africains. Le succès du Sommet Chine-Afrique (tenu du 3 au 5 Novembre 2006) qui a vu la participation de 48 Chefs d’Etat et qui a aboutit à un Plan d’Action triennal afin de créer un « nouveau Partenariat Stratégique CHINE-AFRIQUE » est d’une importance capitale.



20. Que dire donc du partenariat Afrique / Etats-Unis ? La présente conférence permettra à coup sûr de nous éclairer sur cette question. Mais nous pouvons, pour lancer les débats, emprunter les mots que Barak OBAMA a prononcés lors de sa récente visite au Ghana. Son discours prononcé le 11 juillet et qui s’articulait autour de quatre points essentiels que sont la responsabilité des Africains, l’insertion de l’Afrique dans le monde, la bonne gouvernance et la problématique de l’aide au développement. Une citation résume à mon sens la nouvelle politique américaine en faveur de l’Afrique : « Vous pouvez vaincre la maladie, mettre fin aux conflits, changer fondamentalement les choses. Vous pouvez faire ça. Oui, vous le pouvez" ("yes, you can"), a-t-il dit, et d’ajouter : "Mais cela n'est possible que si, vous tous, vous assumez la responsabilité de votre avenir. Cela ne sera pas facile (...) Mais je peux vous promettre ceci: l'Amérique sera à vos côtés, à chaque étape, en tant que partenaire, en tant qu'amie » (fin de citation).



21. Me voici donc à Atlanta, la ville du Dr Martin Luther King, pour assister, je l’espère à la naissance d’un vrai courant d’affaire afro-américain. Par le hasard de l’histoire, dont seul DIEU a le secret, il y a plus de 50 ans, le prédicateur Martin Luther King, cet apôtre de la justice et de la paix, avait fait le voyage à Accra, pour voir l’Union Jack descendre, et le drapeau ghanéen s’élancer dans le ciel, c'est-à-dire voir la naissance d’une nation.
Mesdames et Messieurs,



22. A ce stade, permettez-moi de m’adresser au milieu d’affaires. Je me réjouis de la présence d’hommes d’affaires américains qui, aujourd’hui occupent de hautes fonctions au niveau de leur entreprise ou auprès d’organisations internationales. Leur expertise devrait contribuer à assurer une meilleure articulation entre le cadre aujourd’hui mondial des affaires, les décisions prises au niveau américain par les instances dirigeantes et le cadre africain ultime bénéficiaire de nos activités et réflexions.



23. Je suis heureux de constater que je ne suis pas le seul à avoir confiance aux Américains et à faire le pari de l’avenir. Plusieurs entreprises africaines ont voulu, faire le voyage pour participer à cet événement organisé par le Département du commerce Américain et Global African Business consulting Group. J‘y vois la preuve qu‘au delà des relations d’État à État, il se développe une véritable communauté d’intérêts pour les entrepreneurs de nos deux continents, et une capacité à nouer des liens directs, basés sur la même intelligence des opportunités à venir. Ce sont ces relations directes et de confiance que je souhaite encourager aujourd’hui.



24. Il est vrai que la Côte d’Ivoire et les Etats Unis sont depuis longtemps deux partenaires stratégiques. Sur le plan économique, les Etats-Unis sont notre second partenaire commercial derrière l’Union Européenne. Le solde commercial de la CI reste très excédentaire avec les Etats-Unis (+1,8 milliards USD en 2007). Nous espérons que très vite, la Côte d’Ivoire bénéficiera à nouveau d’un accès privilégié au marché américain grâce à son retour parmi les pays africains bénéficiant de l’AGOA.



25. Je crois savoir que plusieurs projets émanant du secteur privé seront discutés. Les domaines couverts sont le transport (compagnies aériennes régionales ou locales), l’immobilier, la construction, l’éducation, l’assurance, l’énergie, la télévision, le café, le cacao…



26. Quant au gouvernement ivoirien, il est de son devoir de mettre en place les conditions appropriées en vue de créer un environnement politique et économique favorable. Certes, on me dit que les réformes prennent du temps et que des obstacles divers subsistent pour les investisseurs. Mais nous ne sommes pas là pour nous cacher derrière les problèmes. Nous sommes là pour en parler, pour avoir des échanges francs et constructifs avec les autorités et opérateurs américains.



27. L’Etat ivoirien accorde une importance particulière à l’amélioration de la compétitivité du secteur privé, à la transformation des matières premières, au financement des infrastructures et des petites et moyennes entreprises, à l’investissement dans les domaines des technologies de l’information et de la communication. Nous accordons également une importance considérable à la valorisation des ports en tant que centre de transit, aux normes et à la qualité des produits exportés.



28. Toutefois, tandis que le cadre institutionnel bilatéral se voit de plus en plus renforcé, la coopération financière avec les institutions multilatérales (initiative PPTE) et la coopération économique sous-régionale reflète les capacités réelles de développement de notre pays. Dans ce cadre, nous attendons avec intérêt la contribution active des autorités compétentes des Etats-Unis, pays ami, pour aider la Côte d’Ivoire et d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest à entrer dans le club des pays émergents. Je suis persuadé que nous parviendrons, au cours de nos échanges, à dégager de nouvelles actions concrètes permettant de dynamiser les affaires entre l’Afrique et les Etats-Unis.



Honorables participants,



29. Je voudrais, avant de clore mon propos, vous remercier par avance pour la disponibilité dont vous ferez preuve durant ces trois prochains jours. Je formule le vœu que le dialogue sincère et honnête entre les Etats-Unis et les pays en développement se prolonge dans l’intérêt bien compris des deux parties. Et j’espère que ces quelques mots que j’ai tenu à partager avec vous y ont contribué. A cet effet, nous sommes volontiers prêts à vous accueillir en Côte d’Ivoire.



30. Je ne saurais terminer sans remercier à nouveau le Président CAMARA de Global African Business consulting group pour le rôle central qu’il a joué dans cette initiative et qui a placé au plus haut niveau de son agenda les problématiques de l’intégration africaine comme vecteurs essentiels au développement durable.



31. THANK YOU FOR YOUR ATTENTION AND MAY GOD BLESS AFRICA AND AMERICA



Amadou KONE