CONSULTATIONS SUR LA SITUATION POLITIQUE DU PAYS : LE RHDP, LES RELIGIEUX ET LES ROIS ET CHEFS TRADITIONNELS SE PRONONCENT

La Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), le Forum des confessions religieuses et l’Association des rois et chefs traditionnels de Côte d’Ivoire ont été reçus successivement par le Premier ministre Guillaume Soro, le lundi 15 février 2010, à la Primature. Il s’agit de la suite des consultations engagées, depuis le dimanche 14 février 2010, par le Premier ministre à l’issue de la dissolution du Gouvernement et de la Commission Electorale Indépendante (CEI).

- M. Alphonse Djédjé Mady, Président du Directoire du RHDP : « Comme vous le savez déjà, le Premier est rentré dans une phase de consultation des acteurs politiques ivoiriens sur l’évolution de la gestion de la crise qui a pris du plomb dans l’aile, après la déclaration du président Gbagbo du vendredi dernier Il a rencontré les leaders du RHDP, à savoir le président Bédié (Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA, ndlr), le président Alassane (Alassane Dramane Ouattara, président du RDR, ndlr), le président Mabri (Mabri Toikeusse, président UDPCI, ndlr) et le président Anaky (Anaky Kobénan, président MFA, ndlr) et il rencontre ce matin l’organe d’exécution du RHDP. Il nous a fait le point de cette situation pleine d’espoir et ce qu’il entend faire. L’attitude du RHDP qui se réclame de Félix Houphouet-Boigny ne peut aucunement fermer la porte au dialogue. Donc, le problème n’est pas là ».

« Notre position est celle que vous savez. Le président Gbagbo en prenant les décisions qu’il a eu à prendre, pour nous, sort de la Constitution et viole tous les accords qui maintiennent le fonctionnement de l’Etat de Côte d’Ivoire jusqu’à ce jour. Nous pensons que tant que nous nous trouvons en dehors des accords qui nous lient, nous ne pouvons pas, en ce qui concerne le RHDP, être intéressés à quelque autre décision que se soit. C’est pourquoi notre première décision est qu’il faut, le plus rapidement possible que la CEI soit rétablie dans ses droits et qu’elle se mette au travail pour que nous perdions le moins de temps possible ; parce que ce qui sauvera la Côte d’Ivoire, ce n’est pas la gestion malicieuse de la crise, mais c’est d’aller à des élections avec un discours électoral effectivement crédible. C’est le cas jusqu’à aujourd’hui. Pour que les Ivoiriens d’une manière souveraine, comme dans toute démocratie, choisissent les responsables qu’il leur faut ».

« Quand le problème de la liste électorale aura été réglé et que la CEI aura été remise dans ses droits, à partir de ce moment, le RHDP pourra discuter d’autres choses. Telle que la formation d’un Gouvernement qui lui-même doit se faire aussi dans le cadre des accords qui nous lient, donc conformément à l’Accord Politique de Ouagadougou comme par rapport aux accords qui l’ont précédé. Si ce n’est pas le cas, nous ne sommes pas partie prenante et nous ne sommes pas à la recherche de postes ministériels. Si le débat n’est pas recentré, si nous ne nous retrouvons pas dans les accords qui nous lient, le RHDP n’est pas intéressé par la formation d’un Gouvernement. Notre priorité, c’est d’aller aux élections avec une Commission Electorale Indépendante, véritablement indépendante et non sur mesure et cette commission indépendante qui a géré la situation jusqu’à présent, c’est celle issue de Pretoria 2 et qui a été entériné par l’Accord politique de Ouagadougou. Donc, pour nous d’abord, le rétablissement de la CEI qui doit se mettre au travail pour qu’on gagne du temps, aller aux élections le plus rapidement possible. Le problème du Gouvernement est secondaire. Cela pourrait venir après. Si cela n’est pas réglé, le RHDP ne sera dans aucun Gouvernement ».
- Imam Boikary Fofana (Forum des confessions religieuses) : « Tous les Ivoiriens savent aujourd’hui que la Côte d’Ivoire est dans une situation exceptionnelle. Dans ce cadre, le Premier ministre a voulu ouvrir une consultation. C’est dans ce cadre que nous nous retrouvons à la Primature pour écouter le Premier ministre. Mais sachez que nous religieux avons deux missions. La première, c’est de prier pour le pays et surtout dans la crise actuelle. La deuxième mission, c’est de donner des conseils. Ce que nous avons entendu aujourd’hui du Premier ministre a apaisé notre peur. Nous gardons toujours l’espoir en tant que religieux que nous allons sortir de cette crise. Ce que nous allons vous demander à vous journalistes, c’est que vos plumes aillent vers l’apaisement. Vous avez un grand rôle à jouer. N’attisez pas, n’allumez pas le feu. Contrôlez ce que vous écrivez et contrôlez ce que vous dites. Vous allez nous mettre à l’aise et faciliter notre travail. La présence du Premier ministre est un apaisement. L’appel que nous lançons avant la grande prière œcuménique, c’est le calme, c’est l’apaisement. Nous devons continuer à nous aimer, à nous faire confiance pour que le pays sorte de la crise. Notre mission c’est de prier et de donner des conseils. Nous n’avons de lecture à faire. Nous sommes des religieux, nous restons dans notre cadre religieux. Nous ne sortons pas de ce cadre ».

- Nanan Dodo N’Depo Didace (Association des rois et chefs traditionnel) : « Tous les Ivoiriens savent que la situation politique est aigüe et le Premier ministre nous a appelé pour rentrer dans la case avec nous pour avoir des conseils. Nous nous sommes compris. Nous allons l’aider à faire en sorte que la paix puisse revenir dans ce pays. Nous mettrons tout en œuvre pour être en mission pour que tous les Ivoiriens essaient de comprendre la situation. Quelles que soient les fautes et les erreurs des uns et des autres, il faut savoir se pardonner parce que nous sommes dans le pays du président Félix Houphouet-Boigny où le pardon est une religion. Nous disons aux Ivoiriens de prendre leur mal en patience, la paix viendra que soit ce qui va arriver, la paix viendra. Nous faisons confiance aux Ivoiriens parce qu’ils ont su attendre 10 longues années et le bout du tunnel n’est pas très loin. Nous sommes venus ensemble pour que nous trouvions les voies et moyens pour sortir de la crise ».