CINQUANTENAIRE DE LA COTE D’IVOIRE : LE CHEF DE L’ETAT LANCE LES FESTIVITES

Le président Laurent Gbagbo a lancé, le dimanche 31 janvier 2010, à Abidjan les célébrations du cinquantenaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, appelant à profiter de ce "jubilé" pour réfléchir au devenir de cette ex-colonie française, en crise depuis 2002, et plus largement de l’Afrique. Ci-dessous de larges extraits de son intervention:

DISCOURS DU CHEF DE L’ETAT
CEREMONIE D’OUVERTURE DU CINQUANTENAIRE DE LA COTE D’IVOIRE
31 JANVIER 2010

Madame et Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
Mesdames et Messieurs les Ministres ;
Mesdames et Messieurs les Membres du Corps Diplomatique ;
Monsieur le Président de la Commission Nationale Préparatoire du Cinquantenaire de l’Indépendance de la Côte d’Ivoire ;
Messieurs les Préfets de Région ;
Mesdames et messieurs les Elus ;
Monsieur le Général de Division, Chef d’Etat- Major des Armées ;
Messieurs les Officiers Généraux et Officiers Supérieurs ;
Mesdames et Messieurs les Présidents des Conseils d’Administration, Directeurs Généraux, Directeurs Centraux et Chefs de Service ;
Mesdames et Messieurs les membres de la Commission Nationale Préparatoire du Cinquantenaire de l’Indépendance de la Côte d’Ivoire ;
Distingués Chefs Traditionnels ;
Honorables Chefs Religieux ;
Mesdames et Messieurs,

Nous sommes là, aujourd’hui, pour lancer l’ouverture de l’année du Cinquantenaire et, comme on le dit à l’Eglise, l’ouverture de l’année du Jubilé.

On aurait pu attendre le 7août, faire un grand défilé et on serait allé s’asseoir à la maison. Je n’ai pas voulu de cela. Parce que cela fait 50 ans que nous défilons et nos Militaires savent défiler. Il aurait suffi que je demande au Général Mangou ( Ndlr : Général de Division, Chef d’Etat- Major des Armées ) d’apprêter les troupes pour faire un défilé gigantesque. Ce n’est pas ce que nous avons voulu. Nous aurions pu aussi faire de nombreux bals populaires. Nous savons les faire. Les Africains savent danser. Nous aurions pu danser dans tous les quartiers d’Abidjan ; dans tous les villages ; dans toutes les villes. Mais, ce n’est pas cela que nous avons voulu. Le Cinquantenaire de la Côte d’Ivoire ; le Cinquantenaire de l’Indépendance des pays Africains francophones, doit être en même temps un regard sur les 50 ans passés de l’Afrique. />
Notre Indépendance a été proclamée le 7Août 1960 et ces deux bâtiments ont été inaugurés le 7Aout 1961 ; On les a construits vite, vite, vite … Là-bas, où se trouve la Résidence officielle du Chef de l’Etat, c’était la maison du Gouverneur. Ici, et le Ministre Bernard Dadié peut témoigner, c’était la CFAO (Ndlr : Compagnie Française de l’Afrique de l’Ouest) . Nous avons encore des bâtiments coloniaux qui sont encore là. Mais, pourquoi nous avons voulu cet anniversaire sous cette forme là ? Je pense qu’en Afrique, on n’a pas encore assez réfléchi sur l’ère des Indépendances. Et nous ne réfléchissons pas assez sur l’ère des Indépendances ! Qu’est-ce-que c’est que l’Indépendance ? Il faut réfléchir à cela !

Je voudrais rappeler tous ceux qui sont morts à Bouaflé, à Dimbokro, à Adzopé. Pourquoi ils sont morts ? Pourquoi ils se sont battus à Treichville? Tous ceux qui se sont battus en ce moment-là- nous avons encore deux survivants, Bernard Dadié et Ekra Mathieu- ils étaient arrêtés en 1949, mis dans un fourgon et emmenés en prison à Bassam. Peut- être, ils témoigneront un jour pour vous dire le sens du combat qu’ils menaient en ce moment-là.

Quelques historiens ont travaillé sur l’Indépendance de la Côte d’Ivoire ; sur les années qui ont précédé la proclamation des Indépendances. Nous avons Jean- Noel Loucou ; Laurent Gbagbo ; le Ministre Joachim Bony. On est quelques rares comme cela à avoir des thèses sur les périodes qui ont précédé l’Indépendance de la Côte d’Ivoire. La question qui se pose à nous aujourd’hui, est ceci : ‘’voici 50 ans que l’Indépendance a été proclamée ; que devient le pays ? Et nous- mêmes, que devenons-nous ? Comment avons-nous utilisé nos 50 ans d’Indépendance et qu’est-ce-que nous allons demander aux enfants et à nos petits- enfants de faire dans les 50 autres années à venir ? Tel est le problème que je pose et telle est la raison pour laquelle j’ai mis en place cette
Commission. /> Je pense qu’on a trop dansé en Afrique ; on a trop chanté ; on a trop rigolé. Maintenant, il faut réfléchir pour savoir d’où on vient et où on va ! Il faut qu’on sache d’où on vient et où on va. />
De la manière dont on pense ce problème, résulte la question du choix de celui qui doit diriger la Commission. Je vous ai dit que j’aurais pu demander au Général Mangou de diriger cette Commission. Cela m’ai venu un moment à l’esprit. Mais ce n’est pas cela. Il faut réfléchir ; et il nous faut réfléchir. Il nous faut réfléchir Mais, est-ce-que ce sont les Ivoiriens seulement qui doivent réfléchir ? L’Afrique, qu’est-ce-que la Côte d’Ivoire sans l’Afrique ? Un livre que je voulais écrire- c’était avant d’être Président, mais je l’écrirai- Pourquoi il ya eu le parti unique en Afrique ? Cela me préoccupe. En 1960 tous les pays ont les partis uniques. Moi, j’avais 15 ans. Je ne suis pas né comme M. en 1960. Et quand Amédé Pierre ( Ndlr : Artiste chanteur) venait chanter à Gagnoa, c’est nous qui faisons la publicité dans les camions et qui invitions le public à venir au concert. Cela nous donnait le droit d’entrer gratuitement au bal. J’avais donc 15ans. Mais quand quelques années après, jeunes à 18, 20 ans, nous décidons de faire la politique, nous sommes bloqués parce qu’il y a le parti
unique. />