UNICITE DE CAISSES DE L’ETAT : LE PREMIER MINISTRE INAUGURE LE GUICHET UNIQUE A BOUAKE

Le premier ministre Guillaume Soro a procédé, le mercredi 4 mars 2009 à Bouaké, à la coupure du ruban symbolique marquant l’ouverture officielle du guichet unique dans le cadre de l’unicité de caisses de l’Etat.

Avant de procéder à cette opération, le chef du Gouvernement s’est adressé aux personnalités invitées à cette cérémonie au RanHôtel. Ci-dessous sa déclaration liminaire: 

 « (…) Je me souviens aisément que c’est avec beaucoup d’insistance que j’ai demandé aux préfets, aux secrétaires généraux et aux sous-préfets de venir dans ces zones et en grands pédagogues, de travailler eux aussi à leur niveau pour la réconciliation nationale. En dépit, certainement des désagréments et des difficultés, ils ont tenu leurs postes jusqu’à ce jour. Je voudrais les saluer et les féliciter pour la bonne entente qu’ils ont eu, la bonne collaboration qu’ils ont nouée avec les responsables militaires des Forces Nouvelles, avec les Com-zones qui sont aussi des citoyens de ce pays et qui n’ont d’autres objectifs, dans la mesure de leur capacité, à travailler pour le bien-être des populations, pour le bien être de la Côte d’Ivoire. />
Monsieur le Maire je vous salue, je sais les difficultés qui ont été les vôtres. Ce ne sont pas tous les maires qui ont accepté dans les moments difficiles de tenir leur poste. Vous êtes à Bouaké, il y a certainement quelques problèmes, mais nous sommes en train de travailler pour que dans les meilleurs des mondes vous puissiez exercer les prérogatives qui sont les vô
tres. />
Quant aux commandants de zones et chefs militaires, vous qui, souvent, êtes la risée de bien des gens, je voudrais vous saluer et vous féliciter pour votre courage et votre abnégation ; parce que contrairement à ce qu’on peut penser, ces commandants qui sont ici présents, ont consacré leur énergie. Quand j’ai fait l’option du choix du dialogue direct, quand j’ai fait l’option du choix de la paix ces commandants ici présents comme un seul homme, m’ont soutenu. Sans eux, le dialogue direct n’aurait pas été une réalité, car le simple individu que je suis, n’aurait pas été en mesure, sans les commandants de zone, de descendre au deuxième, troisième, quatrième niveau des soldats pour leur expliquer la nécessité d’aller à la paix, la nécessité de réaliser le dialogue direct.

C’est pourquoi, je voudrais les remercier et les féliciter. Car ils ont été mes premiers soldats pour expliquer le dialogue direct, l’Accord politique de Ouagadougou quand le scepticisme, le doute, les hésitations ont habité la population. Et que quelques voix, dans cette population, n’hésitaient pas à déclarer et à crier à la grande trahison. J’ai été quelquefois seul dans cette prise de décision, seul, avec mes commandants de zones. C’est pourquoi, je voudrais les féliciter et leur demander de continuer à soutenir l’Accord politique de Ouagadougou, de continuer à servir fidèlement cette cause.

C’est pourquoi, je voudrais encore leur dire, que tout n’est pas terminé. Tout n’est pas achevé. Nous avons encore du chemin à réaliser pour l’achèvement du processus de sortie de crise. Aussi, je les invite instamment à continuer sereinement, au-delà des moqueries, au-delà des insinuations mesquines, à appliquer l’Accord politique de Ouagadougou, seule porte de sortie pour notre pays. Je n’oublierai pas les chefs traditionnels, les chefs de communauté, les populations qui n’ont jamais rompu, avec leurs habitudes, leur traditionnel soutien et toutes bénédictions dont nous avons été l’objet.

Et je me souviens des moments les plus difficiles de notre vie. Je peux rappeler l’attentat du 29 juin 2007, je peux rappeler d’autres difficultés où nous avons senti la solidarité, les prières et les bénédictions de nos parents, des chefs traditionnels, des chefs religieux, de toutes les populations et je vous en remercie .Je salue le ministre de l’Economie et des finances, mon collaborateur. Je voudrais le féliciter en cette circonstance mais en d’autres circonstances. Celles qui, quand lui et moi collègues dans le gouvernement du Premier ministre Banny, il a eu le courage, pris l’initiative du redéploiement des structures étatiques financières dans nos zones. Je voudrais le féliciter et l’encourager. Aujourd’hui M. le ministre, nous sommes dans une autre phase qui est la phase de l’unicité des caisses de l’Etat. D’ailleurs je voudrais très modestement rappeler à tous ceux qui utilisent ce terme, peut-être d’envisager de me payer des droits d’auteur parce que j’en suis l’auteur (rires).

L’unicité des caisses de l’Etat, Monsieur le ministre, nous sommes dans cette phase de l’unicité des caisses de l’Etat. Une phase importante, je dirais cruciale, qui a des implications jusque dans les accords que nous avons avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Certains pessimistes avaient trop tôt déclaré que cette question serait la paume de discorde entre les commandants de zone et le secrétaire général des Forces Nouvelles que je suis. Mais M. le ministre, rassurez-vous, rassurez-vous. Nous aimons tout aussi notre pays et tout ce qui peut contribuer à relancer le développement de la Côte d’Ivoire, nous en serons des alliés, nous en serons les défenseurs. C’est pourquoi, l’unicité des caisses de l’Etat qui est tout un programme, sera réalisé et arrivera à terme. La première phase a consisté à sensibiliser les populations, à sensibiliser les militaires. Elle s’est achevée et si le rapport fait par le colonel Kouadio Marcellin fait foi, cette phase s’est achevée avec des difficultés, des préoccupations qui ont été évoquées. M le ministre, je vous demande, dans le cadre du comité de suivi, rapidement en listant ces préoccupations de nous suggérer, les solutions nécessaires et utiles pour permettre de rectifier le tir, de corriger le tir et de relancer le processus. Après cette phase, nous passerons à la seconde phase, qui consistera par le biais du guichet unique, au dédouanement des engins. Ce que nous ferons tout à l’heure.

J’insiste pour dire que chaque phase doit faire l’objet d’évaluation. Les évaluations nous permettent simplement de prendre en charge les difficultés, de prendre en charge les préoccupations, sans forcement s’auto célébrer en ce qui concerne les résultats positifs. C’est pourquoi, après la seconde phase, nous reviendrons ici à Bouaké pour faire l’évaluation. Et la dernière et troisième phase consistera au dédouanement des biens et marchandises, par la mise en place dans les différents postes frontaliers, des agents des douanes pour faire leur travail. Je voudrais saluer aussi le ministre Dosso qui a chapeauté au nom des Forces nouvelles tout ce processus .Je voudrais le remercier pour tant de journées et de nuits consacrées à travailler à la réussite de cette
manifestation. />Mesdames et messieurs, ceci dit, je voudrais tout simplement encore réitérer la volonté du gouvernement ivoirien à aller à la paix. A aller à une paix durable, à aller à une paix qui développe. Ceci a des contraintes : la recherche effrénée du consensus. La concertation comme mode de fonctionnement et de travail. Je peux vous assurer que ce n’est pas aisé. Alors ceux qui ne sont pas dans l’action, ceux qui ne sont pas à la tâche peuvent aisément critiquer, peuvent aisément voir les défaillances, peuvent aisément faire la polémique. Mais c’est bien un chef d’Etat qui disait : « que quand on est à la tâche on a Dieu, sa conscience et le peuple ».

C’est pourquoi je voudrais solennellement, simplement dire qu’en ce qui nous concerne, notre détermination est sans faille, de faire en sorte que la Côte d’Ivoire retrouve la paix. Et notre méthode, même si elle peut susciter des commentaires, est celle en laquelle nous croyons. Il n’y a qu’à regarder dans les pays de la sous région, les différents soubresauts qui y ont cours. Que Dieu nous en préserve. Mais nous croyons que seule la concertation, le dialogue, la recherche du consensus, qui nous oblige à aller dans le détail pour nous mettre d’accord sans incompréhension sans malentendu, c’est la seule voie qui pourrait garantir à notre pays une paix durable. Je sais aussi, avant bientôt que les journaux n’en fassent leurs choux gras, qu’aujourd’hui, nous devrions aussi assister à la passation de charge entre les commandants de zone et les préfets. Tout à l’heure à l’aéroport en chahutant le préfet de région, je lui demandais s’ils avaient bien fait leurs passations de charge avec les commandants de zones, puisque je le voyais aux côtés du général Bakayoko. Mais la passation de charge aura lieu. Le ministère de l’Intérieur qui chapeautait la cérémonie a bien voulu solliciter un report que nous avons accordé pour que nous puissions prendre les meilleures
dispositions. />
Ceci dit, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Mesdames et Messieurs, je suis heureux ce matin que le rapport succinct fait par le colonel ait bien clairement situé les responsabilités, mais ait aussi la pleine et totale collaboration, non seulement de la population mais de tous les responsables militaires pour le succès de l’opération de l’unicité des caisses. Mais en tant que chef du gouvernement, je n’ai pas que l’unicité des caisses à réaliser. J’ai bien d’autres programmes. C’est pourquoi, nous irons visiter l’Université de Bouaké qui est aussi une préoccupation pour la population, nous irons visiter le CHU de Bouaké qui est aussi une préoccupation pour les populations .Quand, à l’époque début janvier, en faisant le rapport sur le document de stratégie de réduction de la pauvreté, le gouvernement a eu le courage de dire aux Ivoiriens que la pauvreté s’était accrue et que nous étions à 48% de pauvres dans notre pays, naturellement. Jeudi prochain nous ferons un conseil des ministres qui sera consacré aux quotidiens des populations. Et le gouvernement prendra des mesures à la suite du conseil pour travailler non seulement à la réduction de la pauvreté mais à s’impliquer, s’ingérer dans le quotidien de la population.

S’ingérer dans le quotidien de la population c’est apporter des solutions à l’Université, c’est apporter des solutions au CHU, c’est permettre aux citoyens de se former, c’est permettre aux citoyens de se soigner, c’est agir sur le niveau de vie de ces populations. Et c’est ce que nous allons bientôt entreprendre. Je sais quand je regarde, je lis dans les yeux de nos ambassadeurs, qu’une question permanente demeure. A quand ces élections qui vont délivrer la Côte d’Ivoire? Mesdames et messieurs les Ambassadeurs, c’est aussi une préoccupation du gouvernement. Une préoccupation importante du gouvernement.

C’est pourquoi le 5 (jeudi 5 mars 2009, NDLR) je réunirai toutes les structures concernées par l’organisation des élections. Nous allons travailler et nous allons élaborer un chronogramme réaliste. Je dis bien un chronogramme réaliste. C’est l’une de nos préoccupations. Et cette fois, étant entendu que la prochaine date doit être frappée par le sceau sacré du consensus de tous les Ivoiriens, vous comprendrez aisément que toute une démarche utile était nécessaire à développer. Nous mènerons de larges consultations pour que les uns et les autres nous donnent leur vision sur la date des élections. La date des élections ne sera pas celle que le gouvernement aura fixée, la date des élections sera celle que tous les Ivoiriens auront adoubée.

Ainsi, il sera plus facile pour la Commission électorale indépendante, maître d’œuvre des élections, de nous élaborer un chronogramme technique précis permettant au gouvernement, dans le cadre du conseil des ministres, d’adopter un décret indiquant le jour de l’organisation du premier tour de l’élection présidentielle. C’est pourquoi, je voudrais terminer en invitant les uns et les autres à soutenir le gouvernement dans sa politique de mise en œuvre de l’Accord politique de Ouagadougou. Je voudrais inviter les populations à faire les efforts nécessaires pour permettre au gouvernement d’amener à terme le programme de sortie de crise qui, par matrice réalisée lors d’un séminaire devrait bien entendu, aboutir à l’organisation d’élections démocratiques et transparentes ».