1er FORUM SUR LE LEADERSHIP FEMININ DANS L’ADMINISTRATION PUBLIQUE : MME KONAN-PAYNE INSTRUIT LES FEMMES SUR LE LEADERSHIP

Mme Anne-Marie Konan-Payne, Directeur du Centre d’Information et de Communication Gouvernementale (CICG), a été invitée par la Jeune Chambre Internationale Abidjan-Lagune et le Réseau Ivoirien des Femmes Administrateurs à intervenir sur le thème « Attitudes ou aptitudes de communication nécessaires pour devenir un meilleur leader », lors du 1er Forum sur le leadership féminin dans l’administration publique. Ce forum s’est tenu le 28 novembre 2008 au Conseil Economique et Social. Ci-dessous l’intégralité de son intervention.

En me demandant d’échanger avec vous sur le thème « Attitudes ou aptitudes de communication nécessaires pour devenir un meilleur leader ». Je vous propose de traiter le thème de la manière suivante. Dans une première partie introductive, nous allons essayer d’uniformiser notre compréhension de ce thème. C’est une étape indispensable de la communication. Se comprendre. D’abord, que nous comprenions le thème de la même manière. A partir de là, nous allons, ensemble voir les indicateurs du leadership. C’est-à-dire notre référent commun pour dire ou utiliser le terme leader.

A partir de ce référent commun que nous aurons partagé, je tenterai de vous dire quel est le rôle de la communication dans le processus de développement du leadership. Puisque dans le thème qu’on me demande de traiter, on parle de meilleur leader. Cela veut dire que lorsqu’on est leader, on peut devenir meilleur. C’est pour cela que je dis qu’on parlera dans cette troisième partie du rôle de la communication dans le processus de développement du leadership. A l’intérieur de cette partie, nous allons voir les mécanismes de la communication et tous les outils possibles. Nous allons voir aussi comment peut être utilisé la communication pour aller au-delà des attitudes et aptitudes de ceux qui sont leaders. Voilà comment je voudrais échanger avec vous aujourd’hui sur ce thème.

Dans ce thème, j’ai relevé quatre mots. Nous avons les mots Attitudes, Aptitudes, Communication, Leader. L’aptitude, je pense que de manière courant, c’est être apte à. On est apte physiquement, intellectuellement ou parce qu’il y a des normes qui ont été fixées et qu’on rempli ces normes. L’attitude est quelque chose de beaucoup plus inconscient. C’est une posture. L’attitude entraine des comportements. Dans ce thème on dit Aptitude et Attitude de communication. Est-ce que l’aptitude verte de communication ou l’aptitude à communiquer : Est-on apte à communiquer ou a-t-on une aptitude qui permet la communication. Voilà la compréhension que j’ai, que je propose et que je voudrais partager avec vous. Puisque après, nous allons échanger.

Je pense que nous sommes en face de leaders. Dans l’absolu, ce qui est important, c’est que nous menions une réflexion ensemble et qu’au bout, nous essayions de tirer les conclusions.

La communication est très simple : L’information communication. J’émets une information vers quelqu’un qui la reçoit et qui me répond. On est dans un système de communication, c’est pour cela qu’on parle de boucle. Je pense que la conférencière qui m’a précédée à utilisé un certain nombre d’éléments qui sont des attitudes de communication. L’Ecoute est une attitude. L’écoute n’est pas simplement le silence. Ce n’est pas quand l’autre parle. Il y a plusieurs manières de faire de l’écoute. Le mot Ecoute n’a de sens que pour celui qui vous parle. Vous pensez souvent être à l’écoute, mais c’est plutôt l’autre qui dit que vous êtes à son écoute. D’où toute la difficulté dans les relations humaines. L’attitude que vous aller adopter, avoir est une attitude qui va permettre que l’autre perçoive que vous êtes à son écoute.

Je voudrais, si vous le permettez, faire tout de suite la différence entre information et communication, surtout lorsqu’on veut utiliser les techniques. L’information est un message que je veux porter à l’autre. Je le porte avec plusieurs techniques de communications. La plus simple, on l’a tous. C’est parler dans une langue que l’autre comprend ou un signe qu’il connait parce qu’on a convenu préalablement. Il le reçoit et je lui laisse le libre arbitre. A la limite, je n’attends pas de réponses. Je suis dans un système d’information et en fonction du jeu de rôle, il me répond où il exécute ou il prend l’information et celle-ci lui permet d’adopter une attitude ou d’avoir un comportement. Or, en matière de comportement, vous attendez une réaction ou vous avez un objectif par rapport à vous-mêmes. C’est très important ce qu’on dit. L’attitude ou aptitude de communication pour être un meilleur leader et nous allons voir dans la suite de mon exposé la question du leadership, les leviers. On verra combien il est important la notion de communication dans la construction du leadership.

Pour ce qui concerne le leader, je pense qu’on n’a pas besoin de le définir, puisque cela a déjà été fait. Par contre, il y a toujours un débat. Aujourd’hui, il y a plusieurs écoles. On est naturellement leader ou est-ce qu’on peut apprendre à être leader. Ici, vous avez introduit une notion de meilleur. Donc, meilleur veut dire qu’il y a une notion de développement, d’apprentissage qui peut faire qu’on peut être un leader et être meilleur. Mais peut-on utiliser seulement la communication pour être un leader sans avoir certains talents. Nous le verrons dans le déroulement de la suite. />
En conclusion de cette reformulation du thème pour que nous nous comprenions, il s’agit pour moi de vous dire s’il existe des attitudes de communication ou des aptitudes particulières qui peuvent permettre à quelqu’un d’exercice un leadership dans un environnement donné.

Quels sont les indicateurs du leadership ?

Je crois que de manière générale, il y a deux groupes que j’ai classifiés : Il y a d’abord les mythes concernant le leadership et le deuxième point, c’est la loi de l’influence. Au niveau des mythes, on en a relevé 5 : On a le mythe du management, le mythe de l’entrepreneur, le mythe de la connaissance, le mythe du pionnier et le mythe du poste.

Au niveau du mythe du management, être un bon manager n’est pas synonyme d’être un bon leader. C’est vrai aussi qu’il existe un leadership qu’on appelle positionnel. Je crois que l’étymologie du mot LEAD conducteur, c’est celui qui trace le chemin, c’est un positionnement dominant. Il trouve peut-être cette confusion qui est quelque fois faite, qui voudrait que comme on est un bon manager, on pense pouvoir être un leader. Eh bien, non. Parce qu’il y a une différence fondamentale entre le management et le leadership. Le leadership consiste à influencer les gens pour qu’ils suivent vos idées, votre vision, pour qu’ils adhèrent à ce que vous faites. Alors que le management, généralement, se concentre sur le maintien des systèmes et les processus. Si vous managez, vous avez des process et ces process vous permettent d’atteindre vos objectifs. Quant au mythe de l’entrepreneur, le fait d’être un entrepreneur, d’entreprendre et de réussir ne fait pas forcément de vous un leader non plus.

Pour ce qui concerne le mythe de la connaissance, le niveau du Quotient Intellectuel (QI) n’est pas forcément assimilable au leadership. C’est-à-dire que ce n’est pas forcément parce qu’on a un QI très élevé qu’on est un leader. Pour le mythe du pionnier, ce n’est pas parce qu’on a innové dans un domaine que forcément on est leader. Il est important de comprendre qu’on peut trouver des leaders par rapport à ces aspects, mais ça seulement ne suffit pas.

Pour ce qui concerne le mythe du poste, il faut savoir que quand on est nommé à un poste, on n’est pas forcément un leader. Pour en arriver à la loi de l’influence, je dirais que le véritable leader ne peut être ni décerné, ni désigné, ni attribué. Il n’émane que de l’influence, c’est pour cela qu’on parle de la loi de l’influence de celui se prétend leader. C’est la capacité à influencer. Vous pouvez être un très bon manager sans être un leader. Comme vous pouvez être un bon manager et être un leader parce que vous avez une capacité d’influence. Le leadership ne peut pas donc être décrété. C’est quelque chose qui s’
acquiert. />
Quel est rôle de la communication dans le développement du leadership ?

Je vais le traiter en trois points. Nous avons à ce niveau les leviers du développement de l’influence. Comment développe-t-on l’influence avec la communication ? Quels sont les mécanismes de la communication du leadership et les objectifs de communication qu’on peut assigner à cela.

Pour ce qui concerne les leviers de développement de l’influence, on distingue d’abord une série de caractéristiques ou de leviers qui sont rattachés à la personne. C’est la personnalité, la compétence, les relations, l’intuition, l’expérience et les succès passés. C’est important d’énumérer cela parce que si on doit voir comment la communication est utilisée, il faut voir tous les leviers et voir à chacun des niveaux si on peut utiliser la communication ou pas. Au niveau de la personnalité, évidemment tout le monde sait que c’est quelque chose que nous recevons, c’est l’éducation, c’est le contexte socioculturel et c’est aussi le statut. D’où la question du genre qui a été développé ici pour permettre que les pesanteurs de notre contexte culturel, qui ne favorise pas l’émergence de la femme, s’améliore. On peut donc avoir des femmes qui ont un allant, qui peuvent être leaders, mais cet environnement peut être un facteur qui empêche leur émergence. Pour ce qui concerne la compétence, on un facteur d’acquisition, d’apprentissage. Est-ce que la communication peut entrer en ligne de compte. Quant aux relations, la manière de les construire peut être un hasard de la vie, les rencontres, les affinités, les amitiés. Mais on a aussi des manières professionnelles de construire les réseaux. Je pense que la Jeune Chambre Internationale fait partie de ces systèmes de réseaux, y compris bien d’autre réseau.

L’intuition, vous conviendrez avec moi que c’est là où c’est un atout pour les femmes ; Mais en réalité l’intuition peut rejoindre la personnalité. L’expérience, c’est la manière de capitaliser. La communication joue un rôle important. Quand on parle d’expérience, si vous avez de l’expérience, c’est savoir comment cette expérience est perçue, comment elle est vue. La communication peut jouer également un rôle à ce niveau, pour ce qui concerne les succès passés. C’est comme l’expérience. C’est tout cela qui concourt à construire la notoriété. C’est comment a-t-on construit la notoriété qu’on a à partir de l’expérience et des succès. Personnellement, je trouve qu’on aurait dû mettre aussi les échecs. Parce que dans la vie, il y a des échecs. Il y a des leaders qui sont nés à partir d’échecs. C’est une question de savoir comment on gère les échecs. Tout ce que je viens de citer constitue en réalité ce qu’on appelle le socle du pouvoir d’influencer. Or, nous avons dit que le leadership, c’est le pouvoir d’influencer.

Est-ce que la communication est un outil qui permet d’influencer ?

Je réponds sans hésiter, Oui. C’est même la finalité de la communication que d’influencer. J’ai fais un tableau qui montre un peu dans quel processus ce situe la construction du leadership positionnel. J’insiste sur ce mot parce que je m’adresse à des personnes qui exercent dans une administration publique et donc, se trouvent dans un positionnement et assurent des postes qui peuvent être des leviers pour l’émergence de leadership. Puisque nous sommes d’accord que ce n’est pas le simple fait d’être à un poste qui vous confèrent un leadership. Le poste peut être un révélateur du leadership. Donc, construire la communication, vous avez trois dimensions où le leader se trouve au centre à la fois d’une tutelle, de collègues et de collaborateurs. La responsabilité en matière de communication et des outils qui doivent être utilisés là c’est que c’est le leader qui est responsable, c’est lui qui a la responsabilité d’établir le contact avec les différentes cibles. Aussi bien au niveau de la tutelle, cela peut être des systèmes de construction de réseau. La conférencière qui m’a précédent a dit quelque chose d’important : On a toujours besoin de quelqu’un qui vous impulse. Qui reconnait en vous des talents et qui fait qu’on vous permet d’arriver à un poste de direction. La communication que vous établissez avec la tutelle, la cible principale, c’est-à-dire ceux qui peuvent décider de vous impulser à des postes qui sont de plus en plus des plateaux qui favorisent l’émergence de leadership est important. A ce niveau, ce sont des outils de communication de réseaux, de relations publiques, de lobbying.

Je viens donc de vous citer des outils de communication, on aura certainement pas le temps d’aller dans le détail. Mais j’essaie de vous faire distinguer à chaque étape les outils qu’on utilise quand on parle de communication par rapport aux collaborateurs, vous avez besoin d’avoir leur adhésion. La bonne compréhension est une adhésion est à la vision. Puisque si vous êtes le chef, comme a dit Madame, vous ne pouvez pas aller seul. Vous avez besoin que ceux qui sont très proches de vous et qui ont légitimement l’ambition d’occuper la place que vous avez, vous avez besoin de les amener à aller vers un résultat qui vous amène vous à aller plus haut, afin qu’ils occupent la place qui est là. Ce sont aussi des outils de management, de motivation, de coaching qu’il faut avoir pour permettre que vous puissiez avoir cette influence sur eux et ne pas être dans un rôle de compétition et de combat. La dernière cible, ce sont les collaborateurs. Ceux que vous devez motiver et faire travailler tous les jours. A ce niveau, votre rôle là est un rôle de celui qui établit le contact et la communication.

Je viens au dernier point, à savoir quels sont les objectifs de communication ?

Parce que quand on a définit les cibles, les caractéristique et ce que vous en attendez, c’est-à-dire le rôle que vous voulez leur faire jouer. C’est-à-dire l’influence que vous voulez faire, il faut vous donner un objectif. L’objectif de votre communication, c’est d’influencer. Donc dans tout ce que vous faites, vous devez influencer. Dans des objectifs spécifiques, pour influencer quelqu’un c(est le respect. Vous respectez l’homme en face de vous. Et le premier respect dans le cadre professionnel, c’est la foi en son intelligence. C’est ce qui fait que vous procédez par l’information. Informer, faire comprendre ce que vous voulez faire. Faire connaitre votre vision des techniques que vous voulez utiliser, les objectifs. Motiver, faire faire, inciter l’adhésion. Voilà l’objectif que vous avez. Car l’essence même de tout pouvoir d’influencer réside dans l’obtention de la participation de l’autre. C’est cela l’
objectif. />
Je terminerai en disant que de manière générale j’espère avoir fait ressortir le fait que leadership c’est davantage un art qu’une science. Parce que vous avez vu dans l’énumération, il y a des mouvements d’aptitude et d’héritage de ce qu’on est, de ce qu’on a reçu de personnalité. Vous pouvez faire un plan de combat, un plan de vie, mais lorsque c’est le vrai moment de passer à l’action, il reste l’intuition. Donc, la personnalité est très importante. Etre un leader ne veut pas dire être un professionnel de la communication. C’est quelque chose sur lequel je voudrais vraiment insister. J’ai essayé de mettre derrière le rôle, chaque fois les outils. Et le leadership se construit, se développe, se maintient avec un cercle restreint composé des meilleurs dans chaque domaine. Si vous voulez être un leader dans un secteur, vous devez apprendre à identifier les professionnels dans chaque domaine dont vous avez besoin pour vous accompagner dans la construction de ce leadership ;

En conclusion, je pense que le leader n’est pas forcément quelqu’un qui doit être un professionnel de la communication. Il a une vision, il a des allants et la communication doit être gérée de façon professionnelle et doit être confiée à des professionnels. Le fait de dire qu’on est leader, c’est aussi la capacité à reconnaitre les meilleurs dans les secteurs dont vous avez besoin. J’insiste parce qu’on a l’habitude de voir partout ailleurs, je prends le cas Obama qui a passionné tout le monde. Mais derrière Obama, vous avez un conseiller en communication et stratégie qui a monté tout le plan. A un moment donné, il devient un acteur. Donc cela est important parce que comme c’est un métier que généralement tout le monde tente, on oublie que ce sont des métiers. Je le dis parce que la fonction que j’occupe aujourd’hui justement, puisque je viens du secteur privé. Le Centre d’Information et de Communication Gouvernementale créé en 2004, vise à renforcer la capacité du Gouvernement de Côte d’Ivoire en matière de gestion de l’information. C’est donc une reforme que nous sommes en train de faire et nous nous sommes rendus compte qu’aujourd’hui la fonction de chargé de communication n’existe pas dans l’administration publique de Côte d’Ivoire. Comment voulez-vous qu’il sache communiquer. Cela n’existe pas. il y a beaucoup de personnes qui l’exercent, mais ce métier lui-même n’existe pas. Nous avons réussi à convaincre le ministre de la fonction publique d’introduire dans la reforme administrative en cours, la reforme dans ce secteur pour que le métier puisse être pris en
compte. />
Merci pour le temps que vous m’avez accordé. Le leadership est le leadership. Où que vous alliez et quoi que vous fassiez, les temps changent. La technologie continue sa marche en avant. Les cultures varient d’un endroit à un autre, mais les vrais principes du leadership sont constants. Les principes du leadership résistent à l’épreuve du temps et sont irréfutables. Ils sont le talent d’une personne qui a les compétences et la personnalité pour faire changer, pour faire en sorte que le maximum de personne croient, suivent et participent au changement pour un meilleur développement de la société.

Je vous remercie.