FINANCES: ABIDJAN ABRITE LA 17è CONFERENCE DES BOURSES AFRICAINES

Le Premier ministre, ministre de l’Economie, des Finances et du Budget a présidé ce mardi 2 novembre la cérémonie d’ouverture de la 17è conférence de l’association des bourses africaines (African securities exchanges association(ASEA). Représentant le Chef de l’Etat à cette occasion, le Chef du Gouvernement s’est félicité de la tenue de cette conférence en terre ivoirienne autour du thème: « Afrique: des promesses aux réalisations : le rôle clé des marchés de capitaux ». Pour lui, le choix de ce thème devrait certainement permettre à cette assemblée de jeter un pont entre les projets de développement de nos Etats et leur mise en œuvre par le biais des marchés de capitaux, pour confirmer les bonnes tendances affichées par les économies africaines. Aux dires du Chef du Gouvernement, les performances économiques du continent doivent être soutenues par la mobilisation des finances à travers les marchés boursiers."Ces résultats fort encourageants ont besoin d’être maintenus dans le moyen et long terme, pour réellement modifier de manière plus radicale l’avenir de notre continent", a-t-il souligné: Lire l’intégralité de son discours:

« C’est un grand honneur pour moi de représenter à cette importante cérémonie Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire.

Il aurait souhaité être personnellement présent à cette grande réunion s’il n’avait pas été empêché en raison d’par les contraintes de son calendrier un déplacement ce jour à l’extérieur de la Côte d’Ivoire.

En son nom et en celui du Gouvernement Ivoirien, je voudrais vous souhaiter le traditionnel AKWABA, C’est-à-dire la cordiale bienvenue, en terre ivoirienne, ainsi que mes salutations fraternelles à tous les participants.

Qu’il me soit également permis d’adresser au Président et aux membres de l’African Securities Exchange Association (ASEA), les sincères remerciements du Président de la République et du Gouvernement, pour le choix de la Côte d’Ivoire comme pays hôte de la 17eme Conférence Annuelle de cette prestigieuse Association.

J’associe à ces remerciements les distingués participants venus de tous les horizons, à savoir, les décideurs politiques, les gouverneurs de banques centrales, les représentants des bourses et des autorités de régulation, les représentants de banques d’affaires, les grands courtiers, les représentants de fonds d’investissements, les opérateurs de marchés, les représentants de médias internationaux. Cette présence remarquable fait d’Abidjan la place financière africaine, à la faveur de cet événement dont la portée va au-delà de notre continent.

A travers l’honneur qui est fait à notre pays, et partant à toute la sous-région subsaharienne, nous lisons la manifestation d’un soutien de votre organisation, aux efforts de relance économique que la Côte d’Ivoire engagés, après la décennie de crise traversée, notamment la crise post-électorale de 2011.

• Excellences, Mesdames et Messieurs,

La présente conférence annuelle de l’ASEA se tient autour du thème : « Afrique: des promesses aux réalisations : le rôle clé des marchés de capitaux ».
Je me félicite du choix de ce thème qui devrait certainement permettre à votre assemblée de jeter un pont entre les projets de développement de nos Etats et leur mise en œuvre par le biais des marchés de capitaux, pour confirmer les bonnes tendances affichées par les économies africaines.

En effet, il faut rappeler qu’à l’heure où l’économie mondiale demeure encore fragile, les analystes et experts internationaux s’accordent à reconnaître que l’Afrique connait une robuste croissance économique. Le continent africain enregistre depuis ces trois (3) dernières années, d’importants progrès économiques.

Cela s’est traduit par un taux de croissance de l’ordre de 4,7% en 2010, 5,3% en 2011 et 5,2% en 2012, soit une moyenne de 5%, supérieure à la moyenne mondiale qui se situe autour de 3%. En outre, les efforts d’assainissement des finances publiques se sont traduits par une réduction drastique du déficit budgétaire qui est passé de moins 5% du PIB en 2009 et à moins de 1% en 2012.

Ces résultats fort encourageants ont besoin d’être maintenus dans le moyen et long terme, pour réellement modifier de manière plus radicale l’avenir de notre continent.

Enfin, il n’est un secret pour personne que les Etats africains ont entrepris ces dernières années des efforts en matière de formation de son capital humain, notamment en termes d’éducation et de santé. En effet, comme le dit l’adage « il n’est de richesses que d’hommes ».

Cette nouvelle dynamique qui se consolide au plan structurel, fonde notre conviction que l’Afrique se dote de tous les atouts nécessaires pour être « la nouvelle frontière du développement ».

Excellences, Mesdames et Messieurs

Ces bonnes performances de nos économies cachent cependant de grandes difficultés et de grandes disparités, notamment en matière de levée de fonds en vue du financement des projets tant publics que privés. Ainsi, bien de programmes de développement, notamment en Afrique subsaharienne sont restés au stade de rêves.
La raison en est que nos Etats ne se sont pas encore suffisamment appropriés, les instruments et leviers financiers nécessaires, notamment le recours aux marchés de capitaux, pour soutenir les projets susceptibles d’impulser significativement leur développement économique et social.

A cet égard, les mesures appropriées devront être prises tant au niveau communautaire qu’à celui des Etats, en vue de lever les contraintes que constituent :

1. Le faible taux de bancarisation qui s’établit pour l’année 2012 à 7% pour l’ensemble de l’UEMOA. Il est de 14% pour la Côte d’Ivoire, avec un taux d’accès aux services financiers de 21% ;

2. Une offre de crédit relativement faible, représentant en 2012, 19,7% du PIB pour la Côte d’Ivoire pour un montant global de 2482 milliards. Cette offre est inadaptée au regard de la demande de plus en plus orientée vers des emplois à moyen et long terme. Le crédit à court terme représente 61%, contre 29% pour le moyen terme et seulement 4% pour le long terme en 2012.
3. Le faible accès au crédit des PME limitant la valorisation du potentiel de croissance et d’emploi dont elles regorgent.

Cette situation est aggravée par la réduction drastique de l’Aide Publique au Développement (APD), du fait de la crise financière persistante dans les pays développés. En outre, malgré un intérêt de plus en plus croissant, le concours des marchés financiers internationaux au profit du continent demeurent limités, en raison notamment d’une appréciation surestimée du risque.

A titre d’exemple, pour ce qui concerne la Côte d’Ivoire, les Investissements Directs Etrangers (IDE) demeurent faibles avec un niveau de 242 milliards de F CFA en 2012, soit 1,9% du PIB.

Aussi, importe-t-il de s’engager à œuvrer ensemble afin de libérer le potentiel de notre continent en tant que pôle de croissance économique mondiale, par un développement accru de son secteur financier, en particulier celui des bourses.

Ces actions devraient être mises en œuvre à l’échelle régionale dans le cadre d’une convergence des politiques économiques et financières, comme c’est le cas aujourd’hui avec l’ASEA.

Il s’agira aussi d’accélérer l’intégration régionale en Afrique. Dans cette optique, la Côte d’Ivoire entend renforcer son ancrage régional, dans la recherche d’une plus grande compétitivité, dans un monde devenu plus global au cours des dernières décennies.

Au plan financier, il s’agira de mieux valoriser les acquis substantiels du processus d’intégration au sein de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), notamment un marché de 100 millions d’habitants, une monnaie commune et une bourse régionale regroupant les huit (8) Etats.

Par ailleurs, les progrès récents accomplis dans le processus de création du marché commun de la CEDEAO, avec quinze (15) pays membres avec 300 millions d’habitants devraient permettre d’ériger un espace de paix, de stabilité, de croissance et de développement.
• Excellences, Mesdames et Messieurs,

Pour sa part, et pour réaliser la grande ambition du Chef de l’Etat de « faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent en 2020 », le Gouvernement a, dans une première phase, bâti une stratégie de développement cohérente à travers le Plan National de Développement (PND) 2012-2015. Il prépare actuellement et activement le PND 2016 – 2020 et les prospectives 2040 pour déterminer une trajectoire de développement viable à long terme.

Pour atteindre ces objectifs économiques, le Gouvernement ivoirien met en œuvre d’importantes actions, selon trois axes qui sont les suivants :

- Paix et sécurité ;
- Réconciliation nationale et cohésion sociale ;
- Reconstruction et relance économique.

En matière de paix et sécurité, les actions menées ont permis d’améliorer la sécurité des personnes et des biens. Ainsi l’indice d’insécurité est tombé de 3,8 en janvier 2012 à 1,4 en septembre 2013 avec un objectif de 1 en décembre 2013.
Au titre de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale, les actions menées par la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR) sont complétées par le dialogue direct entre le Gouvernement et les partis politiques. Ces actions conjuguées contribuent à une normalisation progressive et rapide du climat politique nécessaire au retour définitif à la paix et à la stabilité.

• Excellences, Mesdames et Messieurs,

Dans le domaine économique, les avancées sont plus significatives, car les réformes structurelles et sectorielles menées ont permis de réaliser de très bonnes performances. Le taux de croissance économique s’établit à 9,8 % en 2012, est estimé à 8,7% en 2013, et est projetés entre 8 à 10 % en 2014. Les principaux moteurs de la croissance économique ivoirienne sont les exportations, la consommation finale et surtout les investissements.

Ainsi, l’un des grands objectifs recherchés par le Gouvernement, est notamment d’accroître fortement les investissements globaux de 13,7% du PIB en 2012, 18,1% en 2013 à 25% en 2015, tirés principalement par le secteur privé.
Le Gouvernement, conscient de ce que le secteur financier est le nerf du développement, prépare dans ce sens, les conditions d’un retour sur le marché des capitaux afin de capter des ressources permettant d’accélérer les investissements.

A cet effet, il poursuit la mise en œuvre des réformes visant, entre autres, à réduire les délais et les coûts de tous les actes économiques, à sécuriser et simplifier les démarches administratives relatives aux investissements privés.

S’agissant spécifiquement du secteur financier, les réformes visent à assurer plus d’efficacité ainsi qu’une meilleure synergie entre les acteurs, pour une mobilisation plus accrue de l’épargne, en vue du financement du développement.

C’est dans cette optique que le Gouvernement oriente la mise en œuvre de la nouvelle génération de privatisations qui démarre après celles de la décennie 1990. Quinze (15) sociétés sont concernées dans cette première phase de privatisation. Ainsi le rôle de la bourse régionale sera primordial, pour une meilleure participation des acteurs nationaux en capacité de financement.
Quant aux Partenariats Public-Privé, ils devront drainer les investissements aussi bien nationaux qu’étrangers dont le financement reposera un secteur financier dynamique.

Nous devons capitaliser sur les acquis et développer des mécanismes novateurs, pour permettre une véritable impulsion de l’activité, basée sur des institutions d’émissions plus efficaces et un système financier jouant pleinement son rôle dans le financement des économies et des projets.

• Excellences, Mesdames et Messieurs,

En ce qui concerne l’intégration économique, à travers les projets d’investissements, la vision du Président de la République SEM Alassane Ouattara, partagée par la plupart des Chefs d’Etat de la sous-région, est de mettre en œuvre de « grands projets structurants de l’émergence» financés conjointement par plusieurs pays. Ce sont entre autres :

• Le projet de construction de l’Autoroute Abidjan-Lagos,
• Le projet de construction de l’Autoroute Abidjan-Ouaga-Niamey,
• Les projets d’interconnexion ferroviaire reliant six (06) pays de la sous-région que sont le Benin, le Burkina, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria et le Togo,
• Le projet d’Autoroute du gaz Lagos-Abidjan,
• Le projet d’interconnexion électrique sous régionale West African Power Pool (WAPP),
• L’extension et la modernisation des ports et aéroports en renforçant leur vocation régionale, en particulier au profit des pays de l’hinterland.

Je voudrais lancer un appel à l’ensemble des institutions financières ici présentes, à saisir les opportunités que représentent ces projets. Cet appel s’adresse particulièrement aux institutions financières africaines et aux bourses qui devraient se doter des instruments permettant d’accroître significativement leurs concours à ces grands projets de développement de notre sous- région.
• Excellences, Mesdames et Messieurs,

Les grands enjeux du développement commandent la mise en synergie des initiatives et la mobilisation de toutes forces du changement et de la transformation structurelle de notre continent et de nos pays. Le secteur financier, et singulièrement nos places boursières, doivent pouvoir tenir leur rang sur l’échiquier régional, continent voire mondial.

En ce qui concerne la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières que la Côte d’Ivoire s’honore d’abriter, elle est appelée à accélérer son approfondissement et sa modernisation pour relever les défis de financement d’un espace économique en pleine croissance. En effet, le niveau des transactions demeure relativement faible et reste dominé par les Etats, et principalement la Côte d’Ivoire. Le nombre d’entreprises cotées a très peu évolué, (37 sociétés) même si la valeur des transactions connait une hausse significative de 38 % passant en effet de 145 milliards de FCFA en 2012 à 200 milliards de FCFA à fin 2013.

Dans ce contexte, je voudrais saluer l’ambition de la Bourse Régionale (BRVM) de « faire du marché financier régional de l’UMOA, une place africaine attractive et sécurisée pour un meilleur financement des économies de l’Union ». Il s’agira, notamment :

- D’accroître très fortement le nombre de sociétés cotées, en favorisant l’émergence des PME à fort potentiel ;
- De porter la capitalisation boursière à 30% du PIB de l’UEMOA ;
- D’accroître les actifs en conservation sur le marché financier régional en passant du niveau actuel de 9% des dépôts bancaires à 50% à l’horizon 2021.

Cette vision mérite d’être encouragée et soutenue par les instances communautaires et les Etats à travers un accompagnement judicieux aux plans législatif et règlementaire, institutionnel et fiscal.


D’ores et déjà, je puis vous donner l’assurance que l’Etat de Côte d’Ivoire jouera à fond sa partition afin de vous apporter le soutien institutionnel nécessaire à l’atteinte de vos objectifs. En outre, le déploiement par l’Etat sur l’ensemble du territoire d’un réseau de fibre optique à haut débit devrait offrir une plateforme de vulgarisation de l’activité boursière.

• Excellences, Mesdames et Messieurs,

Comme on peut le noter, les bourses africaines sont une des grandes clés de la transformation structurelle de l’Afrique en général et de nos Etats en particulier, qui passe inexorablement par le défi du financement. C’est pourquoi, elles devraient être ambitieuses pour apporter des solutions novatrices et efficaces à cette problématique.

Je me félicite de cette forte volonté d’action qui s’amorce à travers le thème de cette importante conférence.

C’est assuré de la qualité des échanges au cours des deux journées et de la pertinence des recommandations qui s’ensuivront que je voudrais clore mon propos, en vous souhaitant à toutes et à tous, un excellent séjour en Côte d’Ivoire et plein succès à vos travaux.

Sur ce, je déclare ouverte la dix-septième Conférence Annuelle de l’ASEA.

Je vous remercie pour votre aimable attention ».