RELATIONS COTE D’IVOIRE-FRANCE : LE PREMIER MINISTRE FILLON ET LE PRESIDENT OUATTARA DONNENT DES PRECISONS LORS D’UN ECHANGE AVEC LA PRESSE

Le Premier ministre François Fillon et le président Alassane Ouattara ont animé conjointement une conférence de presse, le vendredi 15 juillet 2011, au Palais présidentiel. Ci-dessous les détails des échanges avec la presse:

M. Fillon, vous avez choisi le jour de la fête nationale française pour cette visite à Abidjan, qui est destinée à marquer le nouveau départ des relations notamment économiques entre la France et la Côte d’Ivoire. Hors ce matin, certains journaux ivoiriens ont protesté contre ce qu’ils ont appelé le retour du colon. Que répondez-vous aux Ivoiriens qui considèrent les Français de cette façon. Et d’autre part, certaines informations font état d’un certain agacement de diplomates américains à l’égard des prétentions françaises, des revendications qu’a la France sur la reconstruction de ce pays. Est-il exact M. le Président que vous ayez ajourné certaines commandes d’équipement de sécurité à la France pour apaiser ces inquiétudes ?



M. FRANÇOIS FILLON, PREMIER MINISTRE DE LA REPUBLIQUE FRANÇAISE



Le choix du 14 juillet avait une seule explication. Il me permettait tout en répondant à l’invitation du Président Ouattara et du Gouvernement ivoirien et à la demande que m’avait faite le Président de la République française de venir ici pour consolider les relations économiques entre la France et la Côte d’Ivoire. La date du 14 juillet me permettait aussi de venir fêter la fête nationale avec la communauté française qui est en Côte d’Ivoire qui est très importante et qui a subi elle aussi les conséquences graves de la crise que la Côte d’Ivoire de traverser.



Pour le reste, ces accusations et ces critiques correspondent à des logiciels qui sont des logiciels qui sont dépassés. J’appelle tous ceux qui continuent à vouloir évoquer les relations entre la France et l’Afrique en parlant de Françafrique à changer de vocabulaire et à changer de logiciel. Tout cela n’a plus rien à avoir avec la réalité des relations qu’il y a entre nos deux pays. Ce que nous voulons nous c’est aider la Côte d’Ivoire à assumer la plénitude de sa souveraineté. Ce que nous nous voulons nous dans le cadre du droit international, c’est faire en sorte que la démocratie et les droits de l’Homme soient de mieux en mieux respectés sur le continent africain. Je rappelle que nous avons agi ici en Côte d’Ivoire que dans le cadre qui nous a été confié par les Nations-Unies comme nous n’agissons aujourd’hui en Lybie que dans le cadre du mandat qui nous a été confié par les nations-Unies. Pour le reste, je pense qu’il y a suffisamment de liens d’amitié entre la France et la Côte d’Ivoire pour que ces liens d’amitié permettent de développer des partenariats économiques au-delà de tous ces discours idéologiques, de tous ces discours convenus qui n’ont plus aucune réalité dans le monde d’aujourd’hui.



On a accusé dans le passé de ne pas avoir compris suffisamment tôt les changements du monde, de ne pas avoir suffisamment compris tôt que la Chute du Rideau de fer hier, les révolutions arabes aujourd’hui étaient entrain de dessiner un 21è siècle qui allait être complètement différent du 20è siècle. C’est vrai que nous avons parfois tardé à comprendre. Mais aujourd’hui nous assumons l’ensemble de nos responsabilités dans le cadre de ce nouveau monde qui est entrain de se construire. Par contre, les observateurs et les commentateurs qui continuent à parler de relations coloniales entre la France et l’Afrique, eux n’ont pas encore compris la nature des changements qui ont affecté le monde. Donc, je leur demande de faire cet effort de remise à jour de leurs logiciels et compréhensions du monde. Et je pense que tout le monde s’en portera mieux. />


SEM. ALASSANE OUATTARA, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE



Je remercie M. le Premier Ministre. J’ai eu à discuter avec le journaliste qui vient de vous poser cette question. Et j’ai eu la même réponse, c’était à le 28 mai, en vous disant monsieur que c’étaient des notions dépassées et que vous devriez changer de logiciels. Je considère que l’Afrique évolue vers la modernité. Nous, nous avons l’ambition de faire de la Côte d’Ivoire un Etat encore plus moderne. Et ces notions du passé, qui sont dans une certaine presse, je crois, ne nous intéressent point du tout. Nous sommes soucieux de votre souveraineté et nous ferons en sorte que la Côte d’Ivoire soit un pays ouvert sur tous les pays du monde. Alors, à cet égard par rapport à vote deuxième question, vous avez pu lire dans une certaine presse, honnêtement, malgré toute la courtoisie qui me caractérise, je vous dirai non seulement que c’est faux, mais que les chiens aboient la caravane passe. Je vous
remercie. />


M. le Président de la république, M. le Premier Ministre, vous avez évoqué au cours de vos échanges la prochaine redéfinition des accords de défense entre la Côte d’Ivoire et la France. Peut-on avoir une idée des grandes lignes de ce changement à
venir. />


SEM. ALASSANE OUATTARA, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE



Vous savez le ministre de la défense français nous a remis ce document. Nous avons considéré qu’il nous fallait du temps pour travailler. Nous avons-nous-mêmes engagé la réflexion sur un document envoyé à la partie française. C’est à l’issue de ce processus que nous pourrons parler de ce qu’il y a lieu de faire pour le futur. Mais je voudrais que l’on retienne que l Côte d’Ivoire veut des relations décomplexées et que la Côte d’Ivoire est un pays important de la zone ouest africaine et sur le continent africain. Et qu’il y a des risques de tous genres à partir d’Abidjan, à partir de la Côte d’Ivoire, des risques de trafic de drogues, des risques terroristes avec tout ce que nous voyons, des risques de déstabilisation dans plusieurs pays de la sous-région.



Et nous, nous souhaitons maintenir une base française en Côte d’Ivoire. Je l’ai dit au Président Sarkozy et que ceci peut se faire dans le cadre d’un accord de défense revu qui n’a pas vocation de porter secours à un gouvernement quelconque. D’ailleurs, je dois vous dire qu’en réalité si les élections sont démocratiques et que la volonté est respectée, il n’y aura pas de déstabilisation. C’est ce qui manque à beaucoup de pays africains. La Côte d’Ivoire est entrée dans une ère de démocratie, de respect des droits, des droits donc de la République, mais également des droits humains.



M. FRANÇOIS FILLON, PREMIER MINISTRE DE LA REPUBLIQUE FRANÇAISE



Je voudrais tout simplement ajouter, et ce sera une nouvelle réponse à la question précédente, que nous n’avons pas vocation à assurer nous-mêmes la sécurité de la Côte d’Ivoire comme de n’importe quel autre pays dans le monde. Nous n’en avons ni la vocation ni les moyens. En revanche, nous voulons assumer toutes nos responsabilités internationales. Nous voulons aider nos amis. Nous voulons les aider à assumer face aux menaces terroristes, face à toutes sortes de trafics qui nous le savons prennent de l’importance dans le monde et menacent l’Etat de droit. Nous maintiendrons si le Gouvernement ivoirien le souhaite une présence militaire en Côte d’Ivoire.



Le Président de la République française a d’ailleurs évoqué le volume de cette puissance militaire. Nous souhaitons dans le cadre de cet accord de défense apporter aux forces ivoiriennes tout notre concours en termes de formation, en termes de soutien. Mais la place des forces françaises, la doctrine d’emploi des forces françaises nous conduira à réduire notre présence militaire en Côte d’Ivoire comme d’ailleurs dans le reste du monde en privilégiant le soutien, la formation et puis les capacités de déploiement dont nous sommes dotés lorsque dans le cadre dans le droit international elles sont sollicitées.