RÉUNION MINISTERIELLE DE L'UNION DU FLEUVE MANO SUR LES INFRASTRUCTURES ET LE COMMERCE: LES RECOMMANDATIONS

1. Une réunion des experts en charge des infrastructures, des transports, de l’industrie et du commerce des pays membres de l’Union du Fleuve Mano (UFM) s’est tenue le 17 octobre 2011 à Abidjan (Côte d’Ivoire) en préparation de la rencontre des Ministres des Infrastructures et du Commerce de l’UFM.

Introduction



1. Une réunion des experts en charge des infrastructures, des transports, de l’industrie et du commerce des pays membres de l’Union du Fleuve Mano (UFM) s’est tenue le 17 octobre 2011 à Abidjan (Côte d’Ivoire) en préparation de la rencontre des Ministres des Infrastructures et du Commerce de l’UFM.



2. La réunion avait pour objectif de définir des stratégies en vue de renforcer les capacités des Etats membres en matière d’infrastructures et de développer les échanges commerciaux.



3. Ont participé à cette réunion, les experts des administrations techniques concernées de:

- La République de Côte d’Ivoire;

- La République de Guinée ;

- La République du Libéria;

- La République de Sierra Leone.



4. Le Secrétariat Général de l’UFM, le West African Power Pool (WAPP), le secteur privé, la Société civile et les organisations syndicales de Côte d’Ivoire ont également participé aux travaux. />


5. La liste des présences est jointe en
annexe. />


Cérémonie d’ouverture



6. La cérémonie d’ouverture, présidée par Monsieur Adama BICTOGO, Ministre de l’Intégration Africaine de la République de Côte d’Ivoire, s’est déroulée en présence de :

- Monsieur Dagobert BANZIO, Ministre du Commerce de la République de Côte d’Ivoire ;

- Monsieur El Hadj Ousmane BAH, Ministre d’Etat, Ministre des Travaux publics et des Transports de la République de Guinée;

- Madame Hadja Ramatoulaye BAH, Ministre de l’Industrie et des Petites et Moyennes Entreprises de la République de Guinée ;

- Monsieur Jean Marc TELIANO, Ministre de l’Agriculture de la République de Guinée;

- Monsieur Koutoub Moustapha SANO, Ministre de la Coopération Internationale de la République de Guinée ;

- Monsieur El Hadj Sekouna DIAKITE, Secrétaire Général au Ministère d’Etat en charge de l’Energie et de l’Environnement de la République de Guinée

- Maître Samuel Kofi Woods, II, Ministre des Travaux Publics de la République du Libéria ;

- Monsieur Roosevelt JAYJAY, Ministre du Foncier, des Mines et de l’Energie de la République du Libéria ;

- Madame Miata BEYSOLOW, Ministre du Commerce et de l’Industrie de la République du Libéria ;

- Honorable Alimamy P. KOROMA, Ministre des Travaux Publics, du Logement et des Infrastructures de la République de Sierra-Leone ;

- Madame Mabinty DARAMY, Vice-ministre du Commerce et de l’Industrie de la République de Sierra-Leone ;

- Madame Kaba Adja Saran Daraba, Secrétaire Générale de l’
UFM. />


7. Deux (02) allocutions ont été prononcées, la première par Madame la Secrétaire Générale de l’UFM et la seconde par le Ministre ivoirien de l’Intégration
Africaine. />


8. Dans son allocution, Madame la Secrétaire Générale de l’UFM, Madame Kaba Adja Saran Daraba, s’est félicitée de la participation massive des experts et a émis le vœu que les points inscrits à l’ordre du jour de la réunion soient traités en profondeur. Madame la Secrétaire Générale a indiqué enfin que la survie et la consolidation de l’UFM dépendent surtout de ces secteurs clés de développement que sont les infrastructures et le commerce.



9. A la suite de Madame la Secrétaire Générale de l’UFM, Monsieur le Ministre de l’Intégration Africaine de Côte d’Ivoire a souhaité la bienvenue à l’ensemble des
participants. />


10. Monsieur le Ministre a ensuite adressé ses félicitations à la toute nouvelle Secrétaire Générale de l’Union, Madame Kaba Adja Saran Daraba et exprimé sa gratitude à la Secrétaire Générale par intérim sortante, Madame Linda I. Koroma qui a su insuffler en si peu de temps une vitalité à l’
Union. />


11. Le Ministre a noté avec satisfaction le dynamisme retrouvé de l’UFM après le Conseil des Ministres et le Sommet Extraordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement tenus à la mi-juillet 2011, à Monrovia, au Libé
ria. />


12. Eu égard à l’importance des infrastructures et du commerce, le Ministre de l’Intégration Africaine a exprimé de fortes attentes de ces assises. Elles doivent aboutir à l’identification de projets prioritaires dans le domaine routier et tracer un cadre sous-régional de production et de fourniture d’énergie électrique en relation avec le système West African Power Pool (WAPP). Ces objectifs doivent prendre en compte une stratégie efficace de mobilisation des
ressources. />


13. Le Ministre a attiré l’attention des experts sur le besoin diligent de définir une stratégie sous-régionale pour la promotion et le développement du commerce ainsi que pour l’attraction des investissements dans les Etats Membres de l’
UFM. />


14. Convaincu de ce que l’intégration régionale constitue un outil incontournable de développement économique et social, il a souhaité que les résultats des travaux aboutissent à la connectivité et à la complémentarité de nos pays sur la base de la solidarité.



Déroulement et résultats des travaux



15. La réunion des experts s’est déroulée en deux ateliers parallèles qui ont examiné les thématiques liées aux infrastructures et au commerce.



Atelier 1 : Infrastructures



16. Cet atelier a enregistré la participation de vingt deux (22) experts issus des ministères sectoriels des Etats membres de l’Union. L’objet de l’atelier 1 était de réfléchir sur les voies et moyens pour le développement des infrastructures d’interconnexion dans la région de l’
UFM. />


17. Il s’est tenu sous la Présidence de Docteur CISSOKO Cheick Nfall, Chef de service réglementation énergétique au Ministère d’Etat en charge de l’énergie et de l’environnement de la République de Guinée assisté de monsieur TOURE Abou, Directeur Général Adjoint de l’Agence de Gestion des Routes de Côte d’Ivoire et pour rapporteurs, messieurs :

- Emmanuel BAKER, Liberia,

- Alfred J. MOMODU, Sierra Léone,

- Abdoulaye ALLIAGUI, Côte d’Ivoire,

- DIOMANDE Moussa, Côte d’Ivoire,

- COULIBALY Nanourougo, Côte d’
Ivoire. />


18. Les Experts ont été invités à examiner les points suivants :

 Faire l’état des lieux des infrastructures existantes,

 Identifier les projets d’interconnexions,

 Proposer un plan de mise en œuvre et de suivi de projets à réaliser,

 Renforcer les capacités techniques des Etats membres de l’UFM,

 Etablir un cadre juridique et institutionnel de mise en œuvre des projets,

 Initier le rapprochement du NEPAD pour intégrer le développement
spatial. />


19. L’atelier a abordé les questions ci après:

i) les infrastructures énergétiques,

ii) le réseau ferroviaire,

iii) les infrastructures hydrauliques,

iv) les infrastructures routières,

v) les questions diverses



20.

i) Les infrastructures d’interconnexion énergétiques

La session a enregistré une présentation du WAPP (West Africa Power Pool) qui est une structure technique à laquelle appartiennent toutes les structures spécialisées du secteur de l’énergie des membres de l’Union du Fleuve Mano. Le WAPP est l’organisation en charge du développement du réseau électrique dans la zone CEDEAO. Il ressort que cette structure dispose de l’expertise nécessaire pour appuyer l’Union dans le cadre de l’interconnexion énergétique. Toutefois, l’atelier a noté l’absence d’une convention la liant aux Etats et a donc recommandé la conclusion d’un mémorandum afin que l’Union puisse bénéficier de son
appui. />


21. A la suite de l’exposé, l’atelier a enregistré les projets d’interconnexion des différents Etats membres :

- le projet d’interconnexion CLSG,

- le projet hydroélectrique du Mount Coffee (Liberia),

- le projet hydroélectrique de Kassa B (Guinée),

- le projet de moyenne tension entre la Côte d’Ivoire et le Liberia qui concerne 18 localités.



22. Concernant l’état des lieux de l’interconnexion énergétique, l’atelier a été informé de ce que la Guinée était au stade de la mise en œuvre en 2013 du projet d’interconnexion CLSG (Côte d’Ivoire, Liberia, Sierra Léone, Guinée), de l’harmonisation des textes et reste dans l’attente des contributions du WAPP. La Sierra Leone et le Libéria ont exprimé leurs craintes au sujet des projets d’aménagements hydroélectriques de la Guinée pour la raison que les cours d’eau desdits pays prennent leurs sources en Guinée.Les experts ont demandé une implication du WAPP dans la mise en œuvre partagée de ressources naturelles.



23. En outre, l’atelier a souhaité une harmonisation des stratégies et des politiques de gestion des ressources naturelles à travers la création d’un cadre de concertation énergétique et l’adoption d’une politique
commune. />


24. Au titre du cadre juridique et institutionnel l’atelier a proposé que l’UFM s’inspire des exemples existants notamment le protocole de l’énergie de la CEDEAO et l’exemple des organisations des bassins fluviaux tel que l’Autorité du Bassin du Niger (ABN). En outre, l’atelier suggère que l’UFM se rapproche du WAPP pour conduire une étude sur la
question. />


25.

ii) Les réseaux ferroviaires

L’atelier a noté l’existence du chemin de fer en Côte d’ivoire, en Guinée, au Liberia et en Sierra Léone. Cependant le problème d’interconnexion demeure car aucun projet d’interconnexion des chemins de fer n’existe dans la zone du fleuve Mano. De plus, la quasi-totalité des réseaux est en état de dégradation avancée. Les experts proposent en conséquence que les Etats fassent rapidement le point de la situation et qu’un programme de développement du réseau soit élaboré sous la coordination de l’
UFM. />


26.

iii) Les infrastructures hydrauliques

Le diagnostic présente un taux d’accès faible à l’eau potable notamment dans les zones frontalières des pays. La plupart des équipements a subi une dégradation du fait des crises successives dans les Etats membres. Il est urgent d’élaborer un programme de remise à niveau des équipements de production et de distribution d’eau et de réaliser des projets frontaliers communs d’infrastructures
hydrauliques. />
Les Experts ont également recommandé une gestion intégrée des ressources en eau au niveau de l’
Union. />


27.

iv) Les infrastructures routières

L’atelier a noté l’importance des infrastructures routières comme moyens de déplacements privilégiés actuellement au sein de l’Union. L’atelier a noté d’énormes difficultés de circulation du fait de l’état défectueux des routes dans les pays membres de l’Union du Fleuve Mano. Il a alors recommandé la mise en place d’une carte routière géo-référencée de l’Union afin d’avoir un état des lieux exhaustif. L’atelier a également recommandé qu’un fonds spécial d’entretien soit mis en place au niveau de la zone du fleuve Mano.



28. Les experts ont proposé que les ressources du fonds d’entretien soient prélevées sur la commercialisation des produits miniers, pétroliers et forestiers, sans toutefois augmenter les coûts des transports. Il a en outre proposé l’harmonisation et l’application effective de la réglementation routière ainsi que la coordination des politiques de dé
veloppement. />


29. L’atelier a marqué sa priorité pour les routes corridors sans toutefois occulter à moyen terme les pistes rurales frontaliè
res. />


30.

v) Questions diverses

L’atelier a recommandé que l’union inscrive dans son agenda l’examen des questions relatives aux infrastructures maritimes, aéronautiques et des Technologies de l’Information et de la
Communication. />


31. L’atelier a aussi recommandé l’examen de la création d’une compagnie aérienne au sein de l’
Union. />


32. Les experts ont souhaité que les acteurs principaux du secteur des infrastructures notamment les opérateurs privés et les usagers soient associés aux décisions de l’Union.



33. Les experts ont recommandé d’institutionnaliser la tenue de réunions périodiques des Experts, des Ministres, des Chefs d’Etat et de Gouvernement afin de galvaniser davantage les Etats Membres autour de l’Union ; de renforcer les capacités techniques et financières du Secrétariat Général et de faire la promotion de l’Union par des communications et sensibilisations à travers les
medias. />


34. Les listes des projets et des participants sont jointes en
annexe. />




Atelier 2 : Commerce



35. L’atelier sur le commerce a été présidé par Madame Mabinty DARAMY, Vice Ministre du Commerce de la République de Sierra Leone avec pour rapporteurs, Messieurs :

- Ousmane BAH, République de Guinée ;

- Monsieur DJE KOUAME, République de Côte d’Ivoire ;

- KONE Sidi, République de Côte d’Ivoire ;

- Alpha Ahmadou BALDE, Secrétariat Mano River Union



36. L’atelier 2 a examiné la problématique de la croissance des échanges des biens et services entre les Etats membres de l’
UFM. />


37. Introduisant l’atelier, la présidente de séance a indiqué que les échanges sont faibles entre les Etats membres de l’UFM. Ils sont orientés essentiellement vers l’Union Européenne et les Etats Unis. Toutefois, le commerce avec ces deux blocs devient difficile en raison de plusieurs contraintes, notamment, la qualité et les mesures sanitaires. Elle a clos son propos en encourageant les experts à dégager de fortes recommandations qui vont contribuer à améliorer les échanges au sein de l’
Union. />




38. Avant d’examiner les différentes questions liées à la problématique, le Secrétariat Général de l’UFM a fait une brève présentation sur le commerce dans l’espace Mano.



39. Relativement aux opportunités, l’atelier a relevé que l’union est un espace qui abrite plus de quarante (40) millions de consommateurs potentiels et qui dispose d’importantes ressources naturelles (minières, agricoles, halieutiques). Elle dispose également de plusieurs ports implantés sur un littoral long de plus 2000 km environ, favorisant le développement des é
changes. />


40. Abordant le problème des contraintes, l’atelier a d’abord relevé la persistance des entraves au commerce (contrôles intempestifs et racket, application insuffisante des protocoles,…). Les experts ont ensuite souligné la faiblesse du secteur privé (bas niveau technique et professionnel, faiblesse du soutien des Etats). Ils ont enfin mis en exergue la faiblesse de la production agricole et industrielle, avec comme conséquence, des importations alimentaires considé
rables. />


41. S’agissant des axes stratégiques pour un accroissement des échanges, les experts ont suggéré l’élimination des tracasseries policières et douanières, le développement des infrastructures de stockage et de commercialisation, la promotion du partenariat public –privé dans la mise en valeur des
ressources. />


42. La question de la fluidité a été soulevée et débattue. Il résulte des échanges que la problématique de la fluidité se pose avec la même acuité. En effet, les experts notent l’existence de difficultés au niveau routier et aérien. En outre, des mesures politiques continuent d’être des entraves à la fluidité. Ainsi, certains Gouvernements recourent souvent à des restrictions à l’importation. Ce qui constitue une violation des engagements communautaires en matière de libre circulation.



43. Par ailleurs, les questions relatives à la pluralité des documents de transports routiers inter-Etats ainsi que les barrières linguistiques et les tracasseries ont été évoquées.





44. Les experts ont constaté l’inexistence de stratégie d’appui aux opérateurs de l’espace UFM. Pour palier cette insuffisance, des campagnes de sensibilisation de proximité sont entreprises par des associations privées qui les financent sur fonds
propres. />


45. Les projets de textes d’appui à l’investissement existent certes, mais les Etats montrent peu d’empressement à les valider puis à les appliquer.



46. A l’issue des délibérations, les experts ont formulé les recommandations ci-dessous :

a) impliquer le Secrétariat Général dans la mise en œuvre coordonnée des actions identifiées ;

b) envisager une vision, un objectif, une stratégie et des actions opérationnelles dans le cadre de l’appui aux opérateurs économiques ;

c) mettre l’accent sur la vulgarisation des textes et la formation des différents acteurs ;

d) renforcer le partenariat secteur privé-secteur public ;

e) définir et élaborer une stratégie communautaire pour la promotion du secteur privé et en particulier des PME-PMI ;

f) organiser un atelier de finalisation du cadre institutionnel et juridique sur l’investissement sans frontière dans l’espace UFM ;

g) mettre en place un marché commun culturel de l’UFM réunissant les départements en charge des industries culturelles ;

h) accroitre la productivité et promouvoir la transformation et la conservation des produits de l’agriculture;

i) réactiver le marché de Koindu et en faire un projet pilote de marché transfrontalier de Mano River Union ;

j) faciliter le transfert de fonds et harmoniser le système de contrôle bancaire dans la sous région ;

k) mettre en place, en collaboration avec le Secrétariat de l’UFM, un mécanisme sous- régional de veille comprenant les points focaux des différents Ministères et des organisations professionnelles dans chaque Etat membre (Ministère en charge du commerce, Ministère en charge de l’intégration africaine, Ministère en charge de l’économie, secteur privé) ;

l) harmoniser les documents de transport ;

m) conserver les protocoles de la CEDEAO sur les échanges et permettre à la MANO d’être plus efficace dans l’application desdits protocoles à travers des directives approprié
es. />


47. Le présent rapport a été adopté par les participants après
amendements. />






Fait à Abidjan, le 18 octobre 2011