CITOYEN À L’HONNEUR, FRANÇOIS TANGUY MIEZAN : AVEC LES YEUX DU CŒUR

« Je crois en la capacité de chaque Ivoirienne et de chaque Ivoirien à se réapproprier les valeurs de notre République que sont l’Union, la Discipline et le Travail. »
Message à la nation du Président de la République Alassane OUATTARA
31 décembre 2021

Ces mots tracés pour lui, il ne les lira pas. François Tanguy Miézan a perdu la vue. C’est en classe de première, alors qu’il a 17 ans, qu’il perd un œil. Un sort injuste qui le déstabilise. Il quitte l’école et multiplie les petits boulots. Le destin semble s’acharner sur lui. iI perd son deuxième œil à l’âge de 27 ans. « J’ai pensé au suicide », confie-t-il. Seuls l’amour qu’il a pour sa mère malade et l’espoir qu’il représente pour elle le retiennent. Des mots chocs qui tranchent avec la musicalité de la voix. Sa voix se fait le reflet d’une âme que l’adversité fait scintiller.

Tanguy décide d’intégrer l’Institut national ivoirien pour la promotion des aveugles (INIPA). Il y obtient le baccalauréat A en 2018 et entre à l’Université Félix Houphouët-Boigny (UFHB). L’étudiant constate avec tristesse que ses amis non-voyants orientés dans les grandes écoles ont été souvent contraints d’abandonner les études, faute de suivi pour personnes en situation de handicap sensoriel. Et parce que l’on n’est jamais trop malheureux pour tendre la main, François Tanguy se fait l’avocat des bacheliers non-voyants. Chaque année, au moment des orientations des nouveaux bacheliers, le jeune homme arpente les couloirs du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour plaider leur cause, afin que tous soient orientés à l’université FHB qui est la mieux adaptée pour accueillir des étudiants à déficiences sensorielles.

Grâce à son plaidoyer, une vingtaine de bacheliers non-voyants ont rejoint l’université FHB. Dans sa chambre du campus de Cocody, l’étudiant trouve toujours le temps de recevoir et d’écouter ses protégés pour les aider à dépasser les préjugés auxquels ils sont confrontés et poursuivre leurs études.

Inscrit en Master 1 au département des sciences du langage, spécialité sociolinguistique et didactique des langues, l’étudiant ne sait pas ce que le sort lui réserve sur le plan professionnel.

Mais une chose est sûre pour lui, il ne veut pas s’éloigner des étudiants aux besoins spécifiques. Il espère donc travailler à leurs côtés pour continuer à faire évoluer les mentalités. Avec les yeux du cœur, François sait qu’on n’a pas besoin de voir la couleur de ses rêves pour leur donner vie.