Collèges de proximité
« Autrefois, nous étions angoissés, lorsque nos enfants devaient partir au collège en ville, loin de nous. En plus des fournitures scolaires, il fallait assurer le loyer pour ceux qui n’avaient pas de tuteurs, de l’argent pour la nourriture et toutes les autres charges. Maintenant qu’il y a un collège, ici, dans notre village, nous avons moins de soucis », se réjouit Nanan Loukou, chef du village de Languibonou, une sous-préfecture située sur l’axe Bouaké-Béoumi, au centre de la Côte d’Ivoire. Les 534 élèves de ce collège de proximité, répartis dans les classes allant de la 6ème à la 4ème, vivent pour la plupart, dans un rayon de 5 km, conformément à l’un des critères d’érection des collèges de proximité.
Avant l’ouverture de cet établissement à la rentrée scolaire 2015-2016, les élèves admis en classe de 6ème étaient affectés à Béoumi, Botro ou Bouaké, à plus de 20 kilomètres.
La politique du gouvernement de rapprocher les collèges des zones rurales est salutaire, estime Sabine Amoin Amani, mère d’une élève en classe de 6ème. Cela donne aux parents la possibilité de suivre l’éducation de leurs enfants. « Nos enfants étaient exposés à beaucoup de risques en allant en ville, loin de nous : alcool, drogue, abandon de l’école et surtout grossesses prématurées pour les filles. Autant de vices qui les détournaient de leurs études », indique-t-elle. Et de se rappeler la triste histoire de cette jeune élève, vivant chez une tutrice à Béoumi. L'élève est revenue pour les congés de Pâques à Languibonou avec une grossesse de quatre mois. Selon le Directeur de cabinet-adjoint du ministère en charge de l’Education Nationale, Raoul Koné, « les élèves issus des zones rurales sont en général d’un bon niveau. Mais, le fait d'être orientés dans des collèges éloignés de leurs parents concourt souvent à leur échec, et même à leur éjection du système éducatif. Ce qui n’incite pas les parents à envoyer les autres enfants à l'école ». Dans l’ensemble, les collèges de proximité sont bien accueillis par les communautés et les élèves. L’adhésion des parents à cette initiative du gouvernement se traduit sur le terrain par une bonne collaboration avec les responsables éducatifs. On note une forte implication dans le suivi de leurs enfants, soutient la principale du Collège Moderne de Languibonou, Chiaba Yvonne Koné : « Ils viennent très nombreux aux réunions et passent souvent au collège pour échanger avec les encadreurs. C’est très encourageant ». Pour les élèves eux-mêmes, la proximité du collège est un facteur de réussite, témoigne Nafi Diomandé, en classe de 5ème au collège de Dualla, une sous-préfecture située à 25 km de Séguéla.
« Depuis que je suis au collège de Dualla, auprès de mes parents, j’ai de meilleurs résultats ». En effet, pour la première année académique 2015-2016 des collèges de proximité, sur une base de 100 % d’inscrits en classe de 6ème, le taux d’admission en classe de 5ème pour l’année scolaire 2016-2017, était de 95,4 %. Au total, 127 collèges de proximité ont été construits de 2015 à 2017, sur l’ensemble du territoire national, dans le cadre de la réforme du collège initiée par le gouvernement. Le développement de ces collèges réalisés par l’Etat et ses partenaires, les Conseils Régionaux ou les communautés locales, s’est avéré nécessaire pour réduire le déficit d’établissements au premier cycle du secondaire et pour améliorer les taux de réussite. Les établissements offrent aux élèves des zones rurales la chance d’accéder à l’enseignement secondaire et d’être dans de meilleures conditions d’étude, près de leurs parents.
Défis : Mise à disposition d’enseignants en nombre suffisant
Au nombre des défis à relever, il y a la mise à disposition d’enseignants en nombre suffisant pour assurer les cours dans toutes les matières. La mobilisation des collectivités locales pour la construction de plus de collèges renforcerait la politique du gouvernement. En outre, les communautés doivent s’impliquer davantage par la mise à disposition de logements pour les enseignants et la sensibilisation des parents à la scolarisation de leurs enfants, notamment des filles.
N°07/ Nov. 2018Partager :