Déclarations & Discours
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Identification et Recensement électoral-Entretien du PM à la RTI
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M. Le Premier ministre, merci de nous accorder un peu de votre temps pour faire le point sur le processus d’identification en cours. L’opération a été officiellement lancée le 15 septembre dans 7 villes et devait très rapidement s’étendre dans tout le pays. Mais deux semaines après sa mise en exécution dans le district d’Abidjan, elle est mise en mal par un climat de suspicion généralisée. Il y a parfois des actes de violence, si on n’y prend garde, qui risquent d’entrainer des dérapages. Comment rassurer les ivoiriens et permettre l’opération d’aller à son terme, voilà un peu la trame de cette émission. Dans un premier temps nous allons aborder la question des fraudes et dans la deuxième partie de cette émission, nous parlerons de l’opération proprement dite sur le terrain.
Je voudrais qu’on commence par cette psychose de fraudes généralisées. Quel est votre sentiment après tout ce qui a été fait en amont pour rassurer les uns et les autres.
D’abord, vous me permettrez à l’occasion de cette interview de commencer par saluer les ivoiriens et les ivoiriennes mais aussi les acteurs qui pendant des jours, des semaines et des mois ont contribué à élaborer la charte qui permet aujourd’hui de lancer cette opération d’enrôlement, de recensement électoral et d’opération de l’identification. Je vais associer à ses salutations, le président de la Cei, les différents responsables des structures qui ont travaillé notamment l’Oni, la Sagem et le président de la CNSI. Je salue aussi le représentant spécial du facilitateur qui nous a assistés pendant toutes ces opérations. Pour en venir à la question posée, je dois dire simplement que les choses sont simples, l’accord politique de Ouagadougou que nous avons signé le 04 mars 2007, a pour objectif de permettre à notre pays dans ce processus de sortie de crise d’organiser des élections transparentes et libres, c’est cela le principe. Il faut qu’on aille à des élections libres, maintenant comment allons-nous à ces élections ? Il y a un certain nombre d’étapes notamment le recensement électoral, qui dans l’Apo est couplé avec l’opération d’identification. Nous avons travaillé pendant des mois pour atténuer un mode opératoire qui nous permette en toute transparence et retenez le (je vais insister sur ce thème, en toute transparence) d’aller à l’élection présidentielle. Ce qui passe forcément par l’enrôlement, la production de la liste électorale provisoire qui va être regardée, contrôlée, vérifiée par les ivoiriens. Ensuite la liste définitive et après la liste définitive, nous serons en mesure d’appeler les ivoiriens aux urnes. Donc, c’est vrai qu’il y aura une atmosphère de suspicion sur ces opérations mais je voudrais rassurer les ivoiriens que cette opération est une opération maitrisée par l’Etat de Côte d’Ivoire, nous nous sommes dotés d’un mécanisme, d’une technicité de pointe capable d’endiguer la fraude donc je voudrais rassurer les ivoiriens. Ils peuvent aller à ces opérations dans la sérénité, il n’y aura pas de fraude.
On parlera dans quelques instants des systèmes de contrôle mais il y a des accusations grave qui sont portés, vendredi dernier un bon nombre de manifestants ont emporté les appareils au motif qu’on enregistrait que les militants d’un parti. La Sagem, on l’entend dire roule pour un parti, les deux tiers de ses agents travaillent pour un parti sur des listes préétablies.
C’est une accusation totalement infondée. Moi-même, j’ai pris le temps de vérifier. Les agents aussi bien de la Sagem que de l’INS et de l’ONI, sans oublier la CNSI ont été recrutés sur la base des critères transparents que nous avons ensemble arrêtés conventuellement. Ils ne peuvent pas recruter en défaveur d’un parti ou d’un autre. Cette accusation est fausse. Bien au contraire, je peux vous assurer que cette opération va employer autour de 35.000 jeunes ivoiriens qui recevront des salaires. Je crois qu’il faut plutôt encourager la CEI pour la qualité du travail qui a été fait. Je sais bien que ces rumeurs ne sont pas spontanées. Puisqu’il ya des gens qui veulent discréditer le processus. Mais nous ne le permettrons pas. De toutes les façons, il ya plusieurs niveau de contrôle notamment au niveau des Nations Unies qui ont un rôle de certification et je peux vous assurer que le gouvernement ivoirien a été vigilant sur toutes les questions aussi bien au niveau du code électoral, dans l’ordonnance portant notification du code électoral, et dans les autres décrets qui découlent.
Monsieur le Premier ministre on va insister sur cette suspicion. Ce que nous constatons, c’est qu’aujourd’hui, pour ces deux structures notamment la Sagem et l’INS, il ya une catégorie d’Ivoiriens qui a tendance à défendre la Sagem et une autre qui a tendance à défendre l’INS. Alors que les deux structures devaient travailler ensemble, d’où cela tire son origine ?
Cela tire son origine de la crise que nous connaissons. Depuis l’indépendance, les élections ont une histoire dans notre pays, la liste électorale aussi. Depuis l’indépendance, l’INS était chargé avec le ministère de l’intérieur, dans un premier temps, ensuite la commission électorale d’organiser les élections. Et puis est survenue la crise qui, comme vous le savez bien, a posé un problème de confiance entre citoyens de Côte d’Ivoire. Naturellement, quand nous avons discuté à Marcoussis ensuite à Pretoria, il était question d’organiser les élections. La question de l’opérateur technique qui devait être chargé d’organiser les élections s’est posée. Naturellement comme il y avait une grande méfiance entre les ivoiriens et surtout au sein de la classe politique ivoirienne, c’est vrai qu’au moment où le camp présidentiel demandait qu’il fallait faire comme d’habitude, c’est à dire que l’INS organise les élections, l’opposition a exprimé ses réserves sur l’INS et a souhaité qu’on désigne un opérateur technique privé. Après appel à candidatures, sous le précédent gouvernement, cet appel a été lancé et la Sagem a été retenue. Quand nous avons été nommés et qu’il s’agissait d’aller aux élections, élections qui doivent ramener la sérénité, la réconciliation et consolider les acquis de notre processus, il fallait faire en sorte que tous les citoyens ivoiriens et toute la classe politique puissent aller à ces élections sans inquiétude. Quand nous discutions à Ouaga, nous avons décidé, du moment où le camp présidentiel voulait l’INS et l’opposition Sagem, de mettre ces deux opérateurs ensemble. C’est ainsi que de retour à Abidjan, nous avons pris un décret pour que les deux opérateurs travaillent conjointement sur toutes les opérations électorales. De sorte qu’il n’y ait plus lieu de s’inquiéter du moment où la Sagem et l’INS, chacun a ses yeux sur la façon de réaliser le processus. Nous, en tant que gouvernement, nous avons pensé que c’était la meilleure façon de rassurer la classe politique. Du moment où il est évident pour nous que tout au long du processus la Sagem n’acceptera pas de remettre en cause sa signature internationale et l’Ins non plus n’acceptera pas qu’il ait un quelconque tripatouillage. Ce sont deux éléments qui rassurent. Mais en plus pour rassurer les ivoiriens et pour leur montrer que nous voulons des élections transparentes, il ya d’autres structures qui sont chargées de veiller à ce que tout le mécanisme se déroule dans la sérénité et la transparence. D’abord il ya la Cei, je vous signale qu’elle est composée de représentants de tous les partis signataires de l’Accord Politique de Linas Marcoussis, ensuite il ya la Cnsi qui a aussi la même configuration dans sa composition. Mais au-dessus, vous avez la facilitation qui veille, vous avez les Nations Unies qui ont droit de certification sur le processus. Avec tous ces mécanismes, comment penser qu’on puisse aisément tricher dans le processus ?
On va parler M. le Premier ministre des pièces à fournir dans les centres d’enrôlement. Pour les omis de la liste de 2000, il faut un certificat d’acte de naissance ou un jugement supplétif ou l’expédition des audiences foraines. Pourquoi on n’exige pas à cette catégorie de la population le certificat de nationalité? Le premier volet de notre question et en 2ème partie est-ce que la présentation simple de ces documents sur le terrain suffit pour que le résultat final soit fiable ? Comment les agents de centres de collectes arrivent à déterminer l’authenticité de ces documents ? Quels sont donc les règles minimales pour que ces documents soient considérés comme authentiques ?
D’abord, en ce qui concerne les pièces à fournir à l’enrôlement, sachez que l’opération d’identification dans notre pays ne commence pas aujourd’hui, c’est depuis les années 90, on a eu les cartes d’identité jaunes, les cartes d’identité vertes, les récépissés, etc… C’est pourquoi l’APO a voulu définitivement régler la question de l’identité dans notre pays. C’est pourquoi nous avons décidé de coupler et l’identification et le recensement électoral. Alors pour tous ceux qui ont 18 ans et plus, quand ils viennent dans les centres de collectes pour se faire enrôler, ils viennent avec l’acte de naissance ou le jugement supplétif. Ils viennent se faire enrôler. S’ils remplissent les conditions c’est-à-dire s’ils sont ivoiriens, ils se font inscrire sur la liste électorale et la liste électorale pour une fois en Côte d’Ivoire donnera droit à une carte d’électeur et à une carte nationale d’identité. Pour ceux qui ont 16 ans et plus, ils ne peuvent pas être inscrits sur la liste électorale parce que l’âge de vote en Côte d’Ivoire est de 18 ans révolu au 31 mars de l’année électorale en cours. Donc ceux qui n’ont pas l’âge de voter viennent avec le certificat de nationalité, le jugement supplétif ou l’extrait de naissance. Après leur enrôlement, on les enregistre dans la base de données de l’identification et s’ils remplissent toutes les formalités, ils ont droit à une carte nationale d’identité. Le bénéfice de cette opération et de l’APO, c’est que pour aller vite, nous avons dit que nous allons prendre comme base de départ la liste électorale de 2000. Il est évident que la liste électorale de 2000 qui a servi à voter les institutions, tous ceux qui y figurent ont eu à voter les institutions actuelles. Nous avons donc conclu au cours de nos débats à Ouagadougou qu’il ne fallait pas faire augmenter le nombre de pièces à présenter et que si vous figurez sur la liste électorale 2000, vous êtes systématiquement ivoirien, donc qu’il faut vous reconduire sur la liste électorale. Ceux qui ont 18 ans et plus et qui n’étaient pas sur la liste électorale, est-ce que l’extrait de naissance est suffisante pour affirmer leur nationalité ivoirienne ? Après discussions à Ouaga avec le camp présidentiel, nous avons décidé que ce soit l’acte de naissance qui soit le seul document qui permette aux citoyens ivoiriens de 18 ans et plus de figurer sur la liste électorale. L’Etat de Côte d’Ivoire a les moyens de savoir qui est ivoirien et qui ne l’est pas. Quand vous présentez votre extrait de naissance pour ceux qui ne sont pas sur la liste électorale de 2000, ils feront l’objet de vérification par croisement. L’Etat de Côte d’Ivoire a une mémoire, nous avons des fichiers historiques qui permettront in fine de croiser avec les données de ceux qui ont été enrôlés pour détecter qui a tenté avec l’extrait de naissance de s’inscrire frauduleusement sur la liste électorale. A l’heure où nous parlons nos techniciens travaillent sur la question pour faire en sorte que la liste définitive ne comporte que des citoyens ivoiriens.
Vous n’avez pas à vous inquiéter, un Etat ne peut pas lancer un tel processus avec légèreté. Sachez que ce sont des mois et des mois de travail et nous avons des cadres et des techniciens bien formés qui ont travaillé à l’élaboration de ce mécanisme où chacun doit faire ce qu’il sait faire et bien faire ce qu’il sait faire. Les techniciens savent le faire, il faut les laisser le faire. Maintenant votre préoccupation, c’est de dire on vient présenter l’extrait de naissance à l’enrôlement et on le ramène, est-ce que c’est suffisant, est-ce qu’on aura un moyen de contrôle ? Vous savez, c’est la feuille, l’extrait qui repart mais toutes les mentions utiles nécessaires qui sont sur la feuille de l’extrait de naissance sont retranscrites dans un formulaire. Ce formulaire est inviolable. Il est mémorisé et donc nous avons tous les éléments pour faire toutes les vérifications avec le fichier de l’Etat civil pour contrer la fraude. Aujourd’hui, je peux vous dire que la technologie que nous avons est une technologie informatique de pointe. Et aujourd’hui le principe de base de l’enrôlement, ce n’est plus le nom, c’est l’identifiant, ce sont les empreintes digitales c’est-à-dire lorsque vous allez à l’enrôlement, on prend vos empreintes sur les dix doigts ensuite on prend votre photo numérique maintenant nous ne sommes plus à la question des documents, nous sommes à l’identification par des données biométriques, ce qui modifie le mécanisme de contrôle. Rassurez-vous, personne ne pourra passer à travers les mailles.
M. Le premier ministre, je voudrais revenir sur la collaboration entre l’INS et la Sagem, dans vos propos tout à l’heure, vous avez dit que ces deux structures doivent travailler conjointement, mais on se rend compte 3 semaines après le lancement de l’opération, qu’il se trouve que par endroit, des agents de l’INS ne se trouvent pas dans les centres de collecte, à quoi cela est-il dû ?
D’abord il faut faire une précision. Nous avons tenu à lancer cette opération. J’ai entendu fuser ça et là beaucoup de reproches, d’observations pour dire qu’elle n’était pas bien préparée. Je pense qu’il était important de commencer. Je pense que le danger viendrait de l’immobilisme. La pratique va permettre d’améliorer le fonctionnement de nos équipes sur le terrain. C’est vrai qu’après le lancement officiel fait par le chef de l’Etat à Yamoussoukro le 15 septembre dans 7 localités sur l’ensemble du territoire. Les équipes de l’INS et de la Sagem étaient toutes présentes dans les centres de collecte. Quand nous devons lancer l’opération à Abidjan sur plus de 700 centres de collectes, effectivement dans quelques centres, les équipes de l’INS n’y étaient pas. Mais les équipes de l’INS n’étaient pas présentes pour des raisons techniques qui ne sont pas de la responsabilité de la CEI ni du directeur général de l’INS, ni du gouvernement. Il y avait des problèmes techniques et financiers qui n’ont pas permis à l’INS de déployer toutes ses équipes sur l’ensemble des centres de collecte. Mais quand nous avons constaté cette difficulté, j’ai demandé au président de la CEI de faire en sorte que si dans un centre de collecte l’INS n’est pas présent, qu’on arrête l’enrôlement. Et pareille pour la Sagem. Parce que ce sont des conjoints et ils doivent travailler conjointement. Je pense que c’est clair. Je demande aux ivoiriens de nous laisser faire notre travail, il ne revient pas aux citoyens d’aller dans des centres de collecte et de faire la loi. L’Etat de Cote d’Ivoire est organisé, il faut laisser à l’Etat d’assurer sa responsabilité. Le président de la CEI le sait, les 2 opérateurs techniques doivent être ensemble dans les centres de collecte pour que l’enrôlement se fasse.
Il ya des endroits où l’enrôlement a été fait par l’ONI ?
Bien entendu je peux vous dire que c’est insignifiant mais il y a une semaine nous avions fait une réunion et nous avons décidé avec la Cie et les deux opérateurs techniques de régler techniquement cette question. La présence de deux opérateurs techniques est une condition importante, pourquoi ? Elle est importante parce que c’est le principe, la base c’est de donner confiance à la confection de la liste électorale. Ce sont les deux qui dirigent le processus, c’est pourquoi nous voudrons que l’INS soit où la Sagem est et vice-versa pour avoir un œil et pour constater par eux-mêmes qu’il n’y a pas de fraude sur la confection de la liste électorale.
Parlant de la fraude M. le Premier ministre qui fait quoi et à quel niveau pour endiguer justement la fraude au-delà des conjoints l’INS et la Sagem, il y a la CEI et l’ONI qui fait quoi pour endiguer la fraude ?
C’est vrai qu’il y a beaucoup de rumeurs de fraude, je ne dis pas que c’est légitime ou illégitime pour quelqu’un de tenter de frauder à une opération comme celle-là mais je voudrais dire que nous serons impitoyables avec les fraudeurs. L’Etat de Côte d’Ivoire sera impitoyable avec les fraudeurs d’ailleurs il y a tout un dispositif sécuritaire pour punir les fraudeurs. C’est l’occasion pour moi d’insister sur ce fait. Commençons d’abord par le travail des deux opérateurs techniques à savoir l’Ins et la Sagem. C’est eux qui ont mis le mécanisme technique opérationnel. C’est eux qui sont dans les centres de collecte et reçoivent les données et par la suite vont mener un certain nombre d’opérations informatiques pour s’assurer de la transparence de la liste provisoire et de la liste définitive qui sortira. La Cnsi est là pour superviser le travail de l’Oni parce que du moment où l’Oni se trouve dans les centres de collecte et reçoit la réclamation du citoyen qui considérerait qu’il soit injustement accusé. Vous avez la Cei qui est pour superviser et contrôler le travail de l’Ins et la Sagem. Sachez que l’Ins et la Sagem travaillent sous l’autorité et la responsabilité de la Cei. Voici ce qui en est pour la Cnsi et de la Cei. En ce qui concerne l’Oni qui est le démembrement de l’Etat qui s’occupe de la question de l’Identification dans notre pays, ils sont dans les centres de collecte pour recevoir tous les citoyens ivoiriens qui ont 16 ans et plus et pour recevoir les données de ces citoyens. Ils sont là aussi dans le centre de collecte puisque l’Identification est couplée par l’élaboration de la liste électorale pour avoir un droit de regard parce qu’ils doivent travailler tous dans la confiance. Vous avez l’Ins et la Sagem qui sont dans les centres de collecte, l’Ins a la liste électorale 2000 authentifiée dans leur machine, ils sont là aussi pour s’assurer, pour vérifier que tous les ivoiriens de 18 ans et plus sont dans la base de données de la liste électorale 2000 et vous avez la Sagem qui est aussi dans le centre de collecte et prend pour sa part les données biométriques à savoir les empreintes digitales , la photo numérique et qui reçoivent aussi les données alphanumériques qui sont contenues dans le formulaire. Une fois que, vous citoyens, vous voyez que vous avez passé toutes ces étapes et que vous êtes en face de l’appareil de la Sagem et que toutes ces données ont été recueillies, on vous remet deux récépissés, un récépissé pour l’identification et un autre pour la carte d’électeur. Une fois que ce parcours est achevé, vous pouvez rentrer à la maison et c’est maintenant commence la partie informatique. La Sagem et l’Ins vont s’assurer de recueillir les données dans les ordinateurs où du centre de collecte, ils les acheminent dans les centres de coordination qui est situé dans le département. Arrivées dans le centre de coordination, ces données sont transférées dans une machine et dans les sites de coordination. D’ailleurs, il ya un cas de fraude que nous n’avons pas vu, on peut être citoyen et comme on veut que son candidat gagne, on veut aller s’inscrire à plusieurs endroits, c’est ce qu’on appelle la multiple inscription. Moi j’ai mon extrait de naissance, je vais dans différents centres de collecte pour m’inscrire soit cinq ou dix fois pour ainsi apporter soit 10 voix à mon candidat. Sachez que dans les centres de coordination, l’une des activités principales est de rechercher ce type de citoyens qui se seraient inscrits à plusieurs endroits et à plusieurs reprises. Cette opération, on l’appelle l’opération de déboulonnage. Dans le site de coordination, il y aura l’Ins et la Sagem mais aussi l’ONI et toutes les structures. Nous, on n’a pas pris de risques, on veut que ce soit transparent jusqu’au bout, tout le monde doit être là. La première sécurité, c’est la transparence car tout le monde est là. Nous avons tous nos yeux pour regarder pour que personne ne fraude. Donc dans le site de coordination, je disais, nous allons procéder donc à la recherche des doublons, nous allons mettre en place un système appeler AFIS, qui est une technologie qui est la propriété de Sagem. C’est une technologie de pointe qui va faire la recherche des doublons. Pour faire la recherche des doublons, nous prenons les empreintes digitales. Chaque empreinte de chaque citoyen sera comparée aux empreintes digitales de tous les autres citoyens. C’est un mécanisme technologique informatique de pointe et c’est ce que nous avons choisi. Je peux même vous dire qu’au moment où, nous étions en discussions pour acheter la technologie de Sagem, certains internationaux sont venus me voir pour me dire ‘‘mais monsieur le Premier Ministre, pourquoi dix doigts alors que même dans nos pays développés, nous n’utilisons que deux ou trois doigts ?’’. Je leur ai répondu que ‘‘ vos pays ne sortent pas de guerre mais nous notre pays sort de guerre’’. Quand un pays sort de guerre, il n’y a pas de prix pour la paix. Et chez nous ici en Côte d'Ivoire, nous voulons dix doigts pour nous assurer qu’il n’y aura pas de fraude. Voilà ce que nous allons faire. Dans le site de coordination, nous allons enlever les doublons et après les doublons dans les sites de coordination, nous allons envoyer les donnés par satellites dans le site central. Dans le site central, nous allons utiliser le système AFIS pour procéder à la recherche de doublons tout simplement parce que dans le département, vous pouvez vous inscrire dans plusieurs centres de collecte dans le département. Mais si vous êtes malins, vous pouvez vous dire je m’inscris dans un département mais vous pouvez également vous inscrire dans un autre département. Là aussi, vous serez surpris parce que dans le site central, nous allons également mettre le système AFIS pour enlever les doublons. Mais, nous ne nous sommes pas contentez du seul système AFIS qui est la propriété de la Sagem. Pour être sûr que cette liste sera sans tâche, nous avons décidé de solliciter le système ABIS de l’Ins qui lui est basé sur la vérification de la photo numérique. L’INS va introduire le système ABIS. Si par extraordinaire et je n’y crois pas, vous réussissez à échapper au contrôle du système AFIS, inévitablement, vous serez épinglé par le système ABIS de l’INS. Mais en plus, après donc ces opérations, qui consistent déjà à limiter la fraude en sortant les doublons de la liste électorale, nous allons faire ce qu’on appelle le croisement avec les fichiers historiques. Et là aussi, tous ceux qui voudront tricher, seront pris. Dans les fichiers historiques, nous avons le fichier de tous les étrangers, nous avons le fichier de la carte d’identité verte, nous avons le fichier du recensement générale de la population, nous avons le fichier de l’état civil que nous sommes en train de reconstituer, nous avons le fichier par exemple de la CNPS. Nous avons bien d’autres fichiers. C’est pourquoi, je dis l’Etat de Côte d'Ivoire a de la mémoire. Et l’Etat de Côte d'Ivoire a les moyens de savoir qui est ivoirien et qui ne l’est pas. Ces tous ces fichiers qui vont nous assurer de ce que tous ceux qui sont inscris sur la liste électorale sont des ivoiriens.
Donc avec toute cette démonstration que vous venez de nous faire, vous êtes sûr M. le Premier Ministre qu’il n’y aura aucune fraude ?
Moi je ne crois pas qu’il soit possible de frauder. Mais, à supposer que après tout ce travail d’étranglement et de vérification parsemé sur le chemin de la production de la liste provisoire, si quelqu’un, par extraordinaire, défiait toute cette technologie de pointe pour se retrouver sur la liste électorale, sa tâche n’est pas encore terminée parce que, la liste électorale pour une fois sera affichée avec la photo en couleur. Ce qui n’a jamais été le cas en Côte d’Ivoire. C’est pourquoi beaucoup n’ont pas compris pourquoi ça a coûté trop cher. L’opération a coûté cher parce que je veux que cette liste soit sans tâche et que les élections soient sans tâche. Je ne veux pas me mettre dans un processus qui au lieu d’apporter la paix en Côte d’Ivoire va être à l’origine de contestation et peut-être d’affrontements très violents. Donc, nous allons afficher la liste électorale dans les lieux de vote. C’est pourquoi nous avons insisté sur le fait que c’est là où vous allez vous faire enrôler, c’est là que vous allez voter. C’est un principe que nous avons arrêté. Donc, nous allons publier la liste électorale dans les lieux de vote. Mais en plus nous sommes en train de réfléchir et la décision sera prise, dans les jours prochains, très rapidement, d’afficher la liste électorale dans le lieu de naissance. Parce que vous partez chercher l’acte de naissance là où vous êtes née. Là aussi nous allons afficher la liste électorale pour que les citoyens du village puissent regarder la liste et dire si effectivement, celui-là est de notre village, celui-là on ne sait pas etc. Donc en tout état de cause, à supposer, comme je le dis, par extraordinaire, un citoyen, je dirai génial, réussissait à traverser le mécanisme rigoureux que nous avons mis en place, il sera dénoncé par sa photo qui sera publiée avec son nom.
Malgré tous ces garde-fous dont vous précisez l’imperméabilité, il y a aujourd’hui une crise de confiance. On a lu les déclarations des hommes politiques, alors qu’est-ce que vous allez faire ? Vous allez marquer une pose, rouvrir un dialogue avant de repartir de plus bel ? Alors qu’est ce que vous allez faire ?
Ecoutez, s’il y a quelque chose que je dois reconnaître, c’est que peut-être dans cette opération, à partir du moment où on l’a lancée, peut-être que la concertation n’a pas été la plus large possible, pour sensibiliser d’abord et avant tout, les acteurs politiques. Mais ce n’est pas bien grave, je vous ai dit que si on voulait attendre la perfection avant de lancer notre opération, nous serions encore entrain de regarder les détails. Or pour moi, ce qui est dangereux dans une situation quand vous êtes gouvernant, c’est de demeurer dans la stagnation. C’est de rester immobile. C’est pourquoi nous l’avons lancé pour continuer de la corriger. Le dialogue avec les formations politiques doit être un dialogue permanent. Le président de la commission indépendante a déjà reçu les partis politiques et leur a tout expliqué. Moi-même, je suis allé dans quelques chapelles politiques, pour me livrer au même exercice. Et dans les jours prochains, je vais encore recevoir les partis politiques pour que nous nous mettions d’accord sur une circulaire que je vais signer. La circulaire que je vais signer aura pour objectif d’harmoniser l’enrôlement dans l’ensemble des centres de collecte sur l’ensemble du territoire. Donc il y a quelques questions à la pratique que nous avons vues et qu’il faut régler. Donc ces quelques questions là, nous allons rapidement, les jours prochains j’ai déjà un projet de circulaire que je vais partager avec les partis politiques-nous allons nous mettre d’accord dans l’optique de relancer le processus d’enrôlement.
M. le Premier Ministre, les éventuels contentieux qui pourraient survenir à vous entendre, tout va être tranché par la CNSI qui est chargée de la supervisons dans les centres de collecte …
Alors il y a plusieurs cas de figure. Sur l’identité, la CNSI a compétence comme je l’ai dit. Si un citoyen se sentait lésé, il peut approcher la CNSI qui regardera s’il faut saisir les tribunaux ou si la solution est au niveau de la CNSI. Ça, c’est en ce qui concerne l’identification. En ce qui concerne l’élection c’est plutôt la CEI. Toutes les réclamations doivent être portées à la commission électorale indépendante qui va arbitrer. Et les autres questions qui relèvent par exemple de la nationalité, vont être dirigées les juridictions compétentes, quand la CEI va recevoir un tableau des réclamations. Si un citoyen n’est pas satisfait de l’arbitrage de la Cei, il est libre de saisir le Greffe du tribunal pour donner suite à sa réclamation.
A quel moment la certification du Représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour intervenir dans le processus d’identification jusqu’aux élections ?
Nous savons que deux résolutions, à deux reprises, ont fixé la certification et ont défini le principe de la certification. Les résolutions émanent des Nations unies. La question serait appropriée si elle était posée à M. Choï. Les ivoiriens attendent maintenant le représentant spécial du secrétaire général des nations unies, pour nous dire quel est le contenu de la certification et comment cette certification doit être mise en œuvre. Je dois modestement dire que c’est de leur essor exclusif et j’attends aussi qu’on nous dise quelques mots là-dessus.
M. le Premier Ministre si on part du principe que toute œuvre humaine n’est pas parfaite, est-ce que vous pouvez nous donner en terme de pourcentage la marge d’erreur que vous avez prévue dans un tel système ?
Toute œuvre humaine est forcement imparfaite, je suis d’accord avec vous. Je vous l’ai dit, nous serons rigoureux dans la lutte contre la fraude. Maintenant, la marge d’erreur, je ne peux pas vous dire, ce sera aux techniciens de vous révéler la marge d’erreur de leurs différents logiciels. Mais ce que moi en tant que Premier ministre je souhaite, c’est que cette liste soit sans tache. Du moment où la vérification ne se limite pas seulement qu’à l’informatique, et qu’interviendra plus tard le contrôle de l’homme sur les listes, je pense qu’il n’y a pas de crainte à avoir. Avant, on publiait la liste avec des noms, mais la liste sera affichée avec la photo en couleur des citoyens. On pourra s’assurer que M Brou Aka Pascal est bien M Brou Aka Pascal. Donc il y a tous les moyens de vérification. Je l’ai déjà dit dans une de mes déclarations, aussi bien qu’au camp présidentiel qu’à l’opposition, je suis désolé, personne ne pourra tricher à cette élection (…)
En principe l’opération devrait être bouclée le 30 octobre. Sur les 11 000 centres prévus sur tout le territoire, il y a moins de 1000 aujourd’hui. A l’évidence, il n’est possible de tenir cette date ?
Dans ce tableau fort pessimiste que vous venez de dresser, j’ai quand même une satisfaction, c’est l’engouement qu’a suscité ces opérations. Malgré la faiblesse de la communication (parce que on nous a dit qu’il n’y a pas eu une grande communication), c’est l’engouement que suscitent ces opérations. Je pense que c’est une bonne chose. Mais en même temps, je veux en profiter pour rassurer les ivoiriens, tout le monde sera enrôlé. Aucun ivoirien désireux de se faire enrôler ne sera laissé pour compte. Le chef de l’Etat et moi-même, avions convenu de faire en sorte que tous les ivoiriens soient enrôlés. Je l’ai dit au président de la Commission électorale indépendante, nous prendrons le temps qu’il faut pour enrôler tout le monde. Mon principe est que à chaque jour suffit sa peine. Au moment où nous sommes en train de faire l’enrôlement finissons l’enrôlement total. Maintenant, nous avons dit le 30 octobre pour respecter les 45 jours, encore que nous ne sommes pas forclos dans le principe des 45 jours pour finir son travail. Les audiences foraines se sont déroulées ici, chaque équipe des audiences foraines avait 90 jours pour finir son travail, aujourd’hui nous avons adopté le même principe, chaque équipe ou chaque centre de collecte aura ses 45 jours. Mais au délai du principe des 45 jours, ce qu’il faut savoir c’est qu’à partir du moment où c’est une opération exceptionnelle et gratuite, nous voulons donner la chance à chaque citoyen de se faire enrôler et nous prendrons le temps qu’il faut.
Vous allez repousser la date butoir de combien de mois ?
Ecoutez, je ne suis pas L’INS, la Sagem ou la CEI. Il ne revient pas au chef de gouvernement que je suis de donner des délais. Mais ce que je peux dire c’est que nous prendrons le temps qu’il faut pour enrôler tout le monde. Si ça se fait en 45 jours, ça sera le programme. Mais s’il faut plus de 45 jours, on verra bien.
Il y a des agents qui posent le problème d’argent. On constate comme vous l’avez dit vous-même qu’il y a un problème de financement. Vous parliez en son temps de bouclage du budget du processus électoral. A entendre tout cela, nous sommes un peu inquiet, l’on se demande alors s’il y a nuance entre le bouclage du budget, le décaissement ou la disponibilité des moyens pour effectivement pour conduire ces opérations …
Le budget est bouclé. Le budget est bouclé, il n’y a pas de problème pour le budget. Là, vous parlez de rémunération des agents de l’Ins, de la Sagem, de l’Oni ; enfin des agents qui sont dans les centres de collectes.
Non des équipements …
Mais tous les équipements sont là (…) On a même actuellement des valises en réserve à Abidjan. Nous sommes en train de voir avec la CEI comment nous allons augmenter le nombre de valises par centre de collecte pour démontrer la capacité d’absorption de tous les pétitionnaires qui viennent. Au niveau de l’équipement, il n’y a absolument aucun problème. Vous avez parlé du salaire des agents, effectivement le Président de la CEI a apporté à ma connaissance cette question mais il n’y a absolument aucun problème. La part de l’Etat en terme financier qui devait être fait a été fait. Ces agents recevront leur salaire, il n’y a pas de problème. C’est vrai que certains, peut-être, ont parlé du taux de leur salaire, mais il y aura des contrats qui vont être signés avec les opérateurs techniques et les choses se passeront pour le mieux.
On a donc suffisamment de ressources pour mener à bien l’opération ?
En tout cas, en ce qui concerne l’élection présidentielle, le budget est bouclé. Maintenant il y a d’autres programmes dans le processus de sortie de crise, notamment les questions militaires, la réinsertion. Là encore, on a des soucis. Mais je dis bien en ce qui concerne l’élection à la présidence de la république, les 36 milliards qu’il faut à la CEI sont bouclés ; 16 milliards de l’Union Européenne, 10 milliards de la part du PNUD et la part de l’Etat qui est autour des autres montants. Ça, c’est bouclé.
Monsieur le premier Ministre, quand on se base sur l’élément filmé de tout à l’heure, on se rend compte qu’il y a des problèmes sur le terrain, notamment la cohabitation entre les pétitionnaires et les élèves. Est-ce que vous avez envisagé des solutions pratiques pour ces cas de problème ?
Je veux qu’on soit d’accord. Je n’ai jamais dit qu’il n’y avait pas de problèmes. Je reconnais les problèmes mais je dis que les problèmes sont faits pour être solutionnés. Donc à chaque problème, nous trouverons une solution. La cohabitation entre les élèves et les pétitionnaires, ce sont des difficultés, nous ferons face au jour le jour pour voir comment cette cohabitation peut être bonne. Ils ont souhaité qu’il y ait la sécurité sur les lieux d’enrôlement, je peux vous rassurer que la semaine dernière, le chef d’Etat a lui-même reçu les officiers généraux. Moi-même j’ai eu le général Mangou et le général Bakayoko. la semaine prochaine, nous allons mettre le dispositif sécuritaire en place. Il s’agira de faire en sorte que les FDS et les FAFN puissent ensemble sécuriser l’enrôlement dans tous les centres de collecte au nord comme au sud. Ils ont déjà élaboré un plan de sécurité. Maintenant nous sommes en train de voir comment tout ceci peut être mis en œuvre dès la semaine prochaine.
Il y a un Directeur d’école qui a parlé des dépenses que génèrent ces opérations pour ces écoles privées. Avez-vous y pensé ?
Je lance un appel aux ivoiriens, le processus que nous avons lancé est un processus exceptionnel. L’Etat a consenti d’énormes sacrifices pour rendre cette opération gratuite. Vous irez dans d’autres pays où tout est payant dans ce type d’opération. C’est autour d’une centaine de milliards que nous injectons dans ces opérations pour permettre à chacun d’avoir une carte nationale d’identité, et pour certains, une carte d’électeur. Donc j’en appelle au patriotisme de tout le monde, il faut que chacun contribue pour que nous puissions aller au bout de ce processus parce qu’il est évident que des surcoûts additionnels à tout ce processus pourraient nous compliquer la tache. Je demande à tous de s’impliquer, j’appelle à leur sens de patriotisme pour qu’ils aident la Commission électorale à mener à bien sa mission.
Pour la sécurisation, vous avez cité les deux généraux, mais vous n’avez pas parlé du CCI qui était l’organe choisi par l’accord de Ouagadougou pour sécuriser l’ensemble du processus électoral et aussi qu’est ce qu’on pourrait attendre des Forces impartiales pour appuyer les ivoiriens à sécuriser les centres d’enrôlement ?
Quand j’ai cité le général Mangou et le général Bakayoko, en réalité c’est ça le Cci, les deux vrais patrons du Cci, c’est bien les deux généraux. Mais comme le terme est intéressant à entendre, je vais le reprendre. Le Cci sera mis en œuvre pour assurer la sécurité aussi bien au nord qu’au sud. En ce qui concerne les forces impartiales, elles sont parties prenantes dans le plan de sécurisation.
En ce qui concerne la capacité des valises de la Sagem, on a parlé de 50 pétitionnaires par jour.
Non, la capacité de la valise Sagem est de 100 enrôlés par jour. Maintenant il y a peut être des lenteurs en ce qui concerne la vérification des éléments présentés, le remplissage des formulaires qui prend du temps.
Vous savez la perfection n’est pas de ce monde. Vous n’allez pas me demander des supers hommes pour travailler sur les machines. Ceci dit, la formation a été donnée. Mieux, après ces premières semaines, le président de la CEI m’a tenu informé qu’il est envisagé de prendre une journée pour compléter la formation des agents à la lumière des difficultés qu’ils ont eues sur le terrain. Donc la formation sera permanente et perspective.
Monsieur le Premier Ministre, l’accord de Ouaga devait être exécuté en 10 mois et 20 mois plus tard, on se rend compte que le plus gros reste sur le terrain. Est-ce que vous n’avez pas sous-estimé les difficultés dans l’euphorie de la conclusion de l’accord ?
C’est vrai que lorsque nous avons signé cet accord le 04 mars 2006, nous avons espéré le réaliser en 10 mois. Ce sont les politiques qui ont signé cet accord et les 10 mois que nous avons fixés (…)
Aujourd’hui si on veut tenir la date, on peut la tenir, sauf que on sera obligé de comprimer les délais, de faire en sorte que l’enrôlement qui devrait durer 45 jours, on va le faire en deux semaines. Ceux qui auront eu la chance d’être enrôlés le seront. Ainsi de suite. Je pense que les ivoiriens doivent apprendre à privilégier ce qui est essentiel, ce qui est incontournable dans ce processus. Il y a seulement deux ans, personne n’avait imaginé que les audiences foraines auraient pu se tenir dans ce pays, tant elles suscitaient de la passion, tant elles suscitaient des émeutes dans les villes. Mais les audiences foraines se sont déroulées. Personne n’avait imaginé autant où on a pris de cours les partis politiques en lançant l’enrôlement le 15 septembre. Ces opérations sont lancées, elles sont en cours, il y a des difficultés que nous sommes en train de redresser, de corriger pour atteindre une vitesse de croisière. Je pense que c’est ça qui est important. Et vous avez vu cette maman à la télévision, son problème n’était pas la date, elle était heureuse d’avoir été identifiée. C’est ça qui est important, il faut que les ivoiriens aillent se faire identifier. Maintenant ensemble entre ivoiriens, quand nous aurons terminé le processus d’enrôlement, nous allons ensemble décider d’une date. Les élections en Côte d’Ivoire seront ce que les ivoiriens voudront qu’elles soient. Donc à mon avis, c’est vrai que nous n’avons pas tenu la date du 30 octobre mais aujourd’hui la satisfaction des ivoiriens est que les opérations ont été bel et bien lancées et mon souhait est d’arriver au 30 octobre ou au 30 novembre en ayant exécuté 98 % du volume des matières qu’on devrait mettre en œuvre.
M. le Premier Ministre, votre message de fin à l’endroit des Ivoiriens.
Je voudrais lancer un message aux ivoiriens, surtout dans le sens de leur demander de se mobiliser pour aller se faire enrôler. Le processus d’identification et le processus électoral sont des opérations importantes et l’Etat de Côte d’Ivoire a beaucoup investi pour qu’elles puissent donner les pièces d’identité et les cartes d’électeur aux citoyens. Je crois qu’aucun ivoirien n’a le droit de rater cette occasion, c’est la première chose. La deuxième chose que je veux dire, c’est que le gouvernement a pris toutes les dispositions pour que ces opérations se déroulent dans la sérénité. Le chef de l’Etat lui-même et tout le gouvernement, ensemble nous nous sommes assurés que ce mécanisme est transparent et fiable. C’est pourquoi, je veux rassurer les ivoiriens de garder leur calme et leur sérénité. Je comprends que l’engouement ait emmené certains à s’impatienter. Je leur demande de garder le calme parce que personne ne sera oublié. Nous prendrons le temps d’enrôler tout le monde. Sur la question de la fraude, je voudrais vraiment rassurer nos citoyens. La technologie que nous avons basée sur les empreintes digitales et la photo numérique, donc le système ABIS et AFIS, est fiable. Et il sera difficile de frauder. Tous ceux qui se sont organisés en groupe pour essayer de surveiller ou d’aller autour des centres de collecte, je leur demande de garder leur calme. Ils n’ont même pas à s’en faire. Parce que le gouvernement veille au grain et ne permettra pas la fraude. Et je répète encore : tout fraudeur s’expose à des sanctions, et l’Etat sera impitoyable. Voici le message que je voudrais lancer aux citoyens ivoiriens. Je voudrais appeler les acteurs qui mettent le processus en œuvre à redoubler d’effort pour essayer de régler les difficultés que nous avons constatées sur le terrain de sorte que dans une semaine nous puissions atteindre la vitesse de croisière dans l’enrôlement.
Je vous remercie.
Je voudrais qu’on commence par cette psychose de fraudes généralisées. Quel est votre sentiment après tout ce qui a été fait en amont pour rassurer les uns et les autres.
D’abord, vous me permettrez à l’occasion de cette interview de commencer par saluer les ivoiriens et les ivoiriennes mais aussi les acteurs qui pendant des jours, des semaines et des mois ont contribué à élaborer la charte qui permet aujourd’hui de lancer cette opération d’enrôlement, de recensement électoral et d’opération de l’identification. Je vais associer à ses salutations, le président de la Cei, les différents responsables des structures qui ont travaillé notamment l’Oni, la Sagem et le président de la CNSI. Je salue aussi le représentant spécial du facilitateur qui nous a assistés pendant toutes ces opérations. Pour en venir à la question posée, je dois dire simplement que les choses sont simples, l’accord politique de Ouagadougou que nous avons signé le 04 mars 2007, a pour objectif de permettre à notre pays dans ce processus de sortie de crise d’organiser des élections transparentes et libres, c’est cela le principe. Il faut qu’on aille à des élections libres, maintenant comment allons-nous à ces élections ? Il y a un certain nombre d’étapes notamment le recensement électoral, qui dans l’Apo est couplé avec l’opération d’identification. Nous avons travaillé pendant des mois pour atténuer un mode opératoire qui nous permette en toute transparence et retenez le (je vais insister sur ce thème, en toute transparence) d’aller à l’élection présidentielle. Ce qui passe forcément par l’enrôlement, la production de la liste électorale provisoire qui va être regardée, contrôlée, vérifiée par les ivoiriens. Ensuite la liste définitive et après la liste définitive, nous serons en mesure d’appeler les ivoiriens aux urnes. Donc, c’est vrai qu’il y aura une atmosphère de suspicion sur ces opérations mais je voudrais rassurer les ivoiriens que cette opération est une opération maitrisée par l’Etat de Côte d’Ivoire, nous nous sommes dotés d’un mécanisme, d’une technicité de pointe capable d’endiguer la fraude donc je voudrais rassurer les ivoiriens. Ils peuvent aller à ces opérations dans la sérénité, il n’y aura pas de fraude.
On parlera dans quelques instants des systèmes de contrôle mais il y a des accusations grave qui sont portés, vendredi dernier un bon nombre de manifestants ont emporté les appareils au motif qu’on enregistrait que les militants d’un parti. La Sagem, on l’entend dire roule pour un parti, les deux tiers de ses agents travaillent pour un parti sur des listes préétablies.
C’est une accusation totalement infondée. Moi-même, j’ai pris le temps de vérifier. Les agents aussi bien de la Sagem que de l’INS et de l’ONI, sans oublier la CNSI ont été recrutés sur la base des critères transparents que nous avons ensemble arrêtés conventuellement. Ils ne peuvent pas recruter en défaveur d’un parti ou d’un autre. Cette accusation est fausse. Bien au contraire, je peux vous assurer que cette opération va employer autour de 35.000 jeunes ivoiriens qui recevront des salaires. Je crois qu’il faut plutôt encourager la CEI pour la qualité du travail qui a été fait. Je sais bien que ces rumeurs ne sont pas spontanées. Puisqu’il ya des gens qui veulent discréditer le processus. Mais nous ne le permettrons pas. De toutes les façons, il ya plusieurs niveau de contrôle notamment au niveau des Nations Unies qui ont un rôle de certification et je peux vous assurer que le gouvernement ivoirien a été vigilant sur toutes les questions aussi bien au niveau du code électoral, dans l’ordonnance portant notification du code électoral, et dans les autres décrets qui découlent.
Monsieur le Premier ministre on va insister sur cette suspicion. Ce que nous constatons, c’est qu’aujourd’hui, pour ces deux structures notamment la Sagem et l’INS, il ya une catégorie d’Ivoiriens qui a tendance à défendre la Sagem et une autre qui a tendance à défendre l’INS. Alors que les deux structures devaient travailler ensemble, d’où cela tire son origine ?
Cela tire son origine de la crise que nous connaissons. Depuis l’indépendance, les élections ont une histoire dans notre pays, la liste électorale aussi. Depuis l’indépendance, l’INS était chargé avec le ministère de l’intérieur, dans un premier temps, ensuite la commission électorale d’organiser les élections. Et puis est survenue la crise qui, comme vous le savez bien, a posé un problème de confiance entre citoyens de Côte d’Ivoire. Naturellement, quand nous avons discuté à Marcoussis ensuite à Pretoria, il était question d’organiser les élections. La question de l’opérateur technique qui devait être chargé d’organiser les élections s’est posée. Naturellement comme il y avait une grande méfiance entre les ivoiriens et surtout au sein de la classe politique ivoirienne, c’est vrai qu’au moment où le camp présidentiel demandait qu’il fallait faire comme d’habitude, c’est à dire que l’INS organise les élections, l’opposition a exprimé ses réserves sur l’INS et a souhaité qu’on désigne un opérateur technique privé. Après appel à candidatures, sous le précédent gouvernement, cet appel a été lancé et la Sagem a été retenue. Quand nous avons été nommés et qu’il s’agissait d’aller aux élections, élections qui doivent ramener la sérénité, la réconciliation et consolider les acquis de notre processus, il fallait faire en sorte que tous les citoyens ivoiriens et toute la classe politique puissent aller à ces élections sans inquiétude. Quand nous discutions à Ouaga, nous avons décidé, du moment où le camp présidentiel voulait l’INS et l’opposition Sagem, de mettre ces deux opérateurs ensemble. C’est ainsi que de retour à Abidjan, nous avons pris un décret pour que les deux opérateurs travaillent conjointement sur toutes les opérations électorales. De sorte qu’il n’y ait plus lieu de s’inquiéter du moment où la Sagem et l’INS, chacun a ses yeux sur la façon de réaliser le processus. Nous, en tant que gouvernement, nous avons pensé que c’était la meilleure façon de rassurer la classe politique. Du moment où il est évident pour nous que tout au long du processus la Sagem n’acceptera pas de remettre en cause sa signature internationale et l’Ins non plus n’acceptera pas qu’il ait un quelconque tripatouillage. Ce sont deux éléments qui rassurent. Mais en plus pour rassurer les ivoiriens et pour leur montrer que nous voulons des élections transparentes, il ya d’autres structures qui sont chargées de veiller à ce que tout le mécanisme se déroule dans la sérénité et la transparence. D’abord il ya la Cei, je vous signale qu’elle est composée de représentants de tous les partis signataires de l’Accord Politique de Linas Marcoussis, ensuite il ya la Cnsi qui a aussi la même configuration dans sa composition. Mais au-dessus, vous avez la facilitation qui veille, vous avez les Nations Unies qui ont droit de certification sur le processus. Avec tous ces mécanismes, comment penser qu’on puisse aisément tricher dans le processus ?
On va parler M. le Premier ministre des pièces à fournir dans les centres d’enrôlement. Pour les omis de la liste de 2000, il faut un certificat d’acte de naissance ou un jugement supplétif ou l’expédition des audiences foraines. Pourquoi on n’exige pas à cette catégorie de la population le certificat de nationalité? Le premier volet de notre question et en 2ème partie est-ce que la présentation simple de ces documents sur le terrain suffit pour que le résultat final soit fiable ? Comment les agents de centres de collectes arrivent à déterminer l’authenticité de ces documents ? Quels sont donc les règles minimales pour que ces documents soient considérés comme authentiques ?
D’abord, en ce qui concerne les pièces à fournir à l’enrôlement, sachez que l’opération d’identification dans notre pays ne commence pas aujourd’hui, c’est depuis les années 90, on a eu les cartes d’identité jaunes, les cartes d’identité vertes, les récépissés, etc… C’est pourquoi l’APO a voulu définitivement régler la question de l’identité dans notre pays. C’est pourquoi nous avons décidé de coupler et l’identification et le recensement électoral. Alors pour tous ceux qui ont 18 ans et plus, quand ils viennent dans les centres de collectes pour se faire enrôler, ils viennent avec l’acte de naissance ou le jugement supplétif. Ils viennent se faire enrôler. S’ils remplissent les conditions c’est-à-dire s’ils sont ivoiriens, ils se font inscrire sur la liste électorale et la liste électorale pour une fois en Côte d’Ivoire donnera droit à une carte d’électeur et à une carte nationale d’identité. Pour ceux qui ont 16 ans et plus, ils ne peuvent pas être inscrits sur la liste électorale parce que l’âge de vote en Côte d’Ivoire est de 18 ans révolu au 31 mars de l’année électorale en cours. Donc ceux qui n’ont pas l’âge de voter viennent avec le certificat de nationalité, le jugement supplétif ou l’extrait de naissance. Après leur enrôlement, on les enregistre dans la base de données de l’identification et s’ils remplissent toutes les formalités, ils ont droit à une carte nationale d’identité. Le bénéfice de cette opération et de l’APO, c’est que pour aller vite, nous avons dit que nous allons prendre comme base de départ la liste électorale de 2000. Il est évident que la liste électorale de 2000 qui a servi à voter les institutions, tous ceux qui y figurent ont eu à voter les institutions actuelles. Nous avons donc conclu au cours de nos débats à Ouagadougou qu’il ne fallait pas faire augmenter le nombre de pièces à présenter et que si vous figurez sur la liste électorale 2000, vous êtes systématiquement ivoirien, donc qu’il faut vous reconduire sur la liste électorale. Ceux qui ont 18 ans et plus et qui n’étaient pas sur la liste électorale, est-ce que l’extrait de naissance est suffisante pour affirmer leur nationalité ivoirienne ? Après discussions à Ouaga avec le camp présidentiel, nous avons décidé que ce soit l’acte de naissance qui soit le seul document qui permette aux citoyens ivoiriens de 18 ans et plus de figurer sur la liste électorale. L’Etat de Côte d’Ivoire a les moyens de savoir qui est ivoirien et qui ne l’est pas. Quand vous présentez votre extrait de naissance pour ceux qui ne sont pas sur la liste électorale de 2000, ils feront l’objet de vérification par croisement. L’Etat de Côte d’Ivoire a une mémoire, nous avons des fichiers historiques qui permettront in fine de croiser avec les données de ceux qui ont été enrôlés pour détecter qui a tenté avec l’extrait de naissance de s’inscrire frauduleusement sur la liste électorale. A l’heure où nous parlons nos techniciens travaillent sur la question pour faire en sorte que la liste définitive ne comporte que des citoyens ivoiriens.
Vous n’avez pas à vous inquiéter, un Etat ne peut pas lancer un tel processus avec légèreté. Sachez que ce sont des mois et des mois de travail et nous avons des cadres et des techniciens bien formés qui ont travaillé à l’élaboration de ce mécanisme où chacun doit faire ce qu’il sait faire et bien faire ce qu’il sait faire. Les techniciens savent le faire, il faut les laisser le faire. Maintenant votre préoccupation, c’est de dire on vient présenter l’extrait de naissance à l’enrôlement et on le ramène, est-ce que c’est suffisant, est-ce qu’on aura un moyen de contrôle ? Vous savez, c’est la feuille, l’extrait qui repart mais toutes les mentions utiles nécessaires qui sont sur la feuille de l’extrait de naissance sont retranscrites dans un formulaire. Ce formulaire est inviolable. Il est mémorisé et donc nous avons tous les éléments pour faire toutes les vérifications avec le fichier de l’Etat civil pour contrer la fraude. Aujourd’hui, je peux vous dire que la technologie que nous avons est une technologie informatique de pointe. Et aujourd’hui le principe de base de l’enrôlement, ce n’est plus le nom, c’est l’identifiant, ce sont les empreintes digitales c’est-à-dire lorsque vous allez à l’enrôlement, on prend vos empreintes sur les dix doigts ensuite on prend votre photo numérique maintenant nous ne sommes plus à la question des documents, nous sommes à l’identification par des données biométriques, ce qui modifie le mécanisme de contrôle. Rassurez-vous, personne ne pourra passer à travers les mailles.
M. Le premier ministre, je voudrais revenir sur la collaboration entre l’INS et la Sagem, dans vos propos tout à l’heure, vous avez dit que ces deux structures doivent travailler conjointement, mais on se rend compte 3 semaines après le lancement de l’opération, qu’il se trouve que par endroit, des agents de l’INS ne se trouvent pas dans les centres de collecte, à quoi cela est-il dû ?
D’abord il faut faire une précision. Nous avons tenu à lancer cette opération. J’ai entendu fuser ça et là beaucoup de reproches, d’observations pour dire qu’elle n’était pas bien préparée. Je pense qu’il était important de commencer. Je pense que le danger viendrait de l’immobilisme. La pratique va permettre d’améliorer le fonctionnement de nos équipes sur le terrain. C’est vrai qu’après le lancement officiel fait par le chef de l’Etat à Yamoussoukro le 15 septembre dans 7 localités sur l’ensemble du territoire. Les équipes de l’INS et de la Sagem étaient toutes présentes dans les centres de collecte. Quand nous devons lancer l’opération à Abidjan sur plus de 700 centres de collectes, effectivement dans quelques centres, les équipes de l’INS n’y étaient pas. Mais les équipes de l’INS n’étaient pas présentes pour des raisons techniques qui ne sont pas de la responsabilité de la CEI ni du directeur général de l’INS, ni du gouvernement. Il y avait des problèmes techniques et financiers qui n’ont pas permis à l’INS de déployer toutes ses équipes sur l’ensemble des centres de collecte. Mais quand nous avons constaté cette difficulté, j’ai demandé au président de la CEI de faire en sorte que si dans un centre de collecte l’INS n’est pas présent, qu’on arrête l’enrôlement. Et pareille pour la Sagem. Parce que ce sont des conjoints et ils doivent travailler conjointement. Je pense que c’est clair. Je demande aux ivoiriens de nous laisser faire notre travail, il ne revient pas aux citoyens d’aller dans des centres de collecte et de faire la loi. L’Etat de Cote d’Ivoire est organisé, il faut laisser à l’Etat d’assurer sa responsabilité. Le président de la CEI le sait, les 2 opérateurs techniques doivent être ensemble dans les centres de collecte pour que l’enrôlement se fasse.
Il ya des endroits où l’enrôlement a été fait par l’ONI ?
Bien entendu je peux vous dire que c’est insignifiant mais il y a une semaine nous avions fait une réunion et nous avons décidé avec la Cie et les deux opérateurs techniques de régler techniquement cette question. La présence de deux opérateurs techniques est une condition importante, pourquoi ? Elle est importante parce que c’est le principe, la base c’est de donner confiance à la confection de la liste électorale. Ce sont les deux qui dirigent le processus, c’est pourquoi nous voudrons que l’INS soit où la Sagem est et vice-versa pour avoir un œil et pour constater par eux-mêmes qu’il n’y a pas de fraude sur la confection de la liste électorale.
Parlant de la fraude M. le Premier ministre qui fait quoi et à quel niveau pour endiguer justement la fraude au-delà des conjoints l’INS et la Sagem, il y a la CEI et l’ONI qui fait quoi pour endiguer la fraude ?
C’est vrai qu’il y a beaucoup de rumeurs de fraude, je ne dis pas que c’est légitime ou illégitime pour quelqu’un de tenter de frauder à une opération comme celle-là mais je voudrais dire que nous serons impitoyables avec les fraudeurs. L’Etat de Côte d’Ivoire sera impitoyable avec les fraudeurs d’ailleurs il y a tout un dispositif sécuritaire pour punir les fraudeurs. C’est l’occasion pour moi d’insister sur ce fait. Commençons d’abord par le travail des deux opérateurs techniques à savoir l’Ins et la Sagem. C’est eux qui ont mis le mécanisme technique opérationnel. C’est eux qui sont dans les centres de collecte et reçoivent les données et par la suite vont mener un certain nombre d’opérations informatiques pour s’assurer de la transparence de la liste provisoire et de la liste définitive qui sortira. La Cnsi est là pour superviser le travail de l’Oni parce que du moment où l’Oni se trouve dans les centres de collecte et reçoit la réclamation du citoyen qui considérerait qu’il soit injustement accusé. Vous avez la Cei qui est pour superviser et contrôler le travail de l’Ins et la Sagem. Sachez que l’Ins et la Sagem travaillent sous l’autorité et la responsabilité de la Cei. Voici ce qui en est pour la Cnsi et de la Cei. En ce qui concerne l’Oni qui est le démembrement de l’Etat qui s’occupe de la question de l’Identification dans notre pays, ils sont dans les centres de collecte pour recevoir tous les citoyens ivoiriens qui ont 16 ans et plus et pour recevoir les données de ces citoyens. Ils sont là aussi dans le centre de collecte puisque l’Identification est couplée par l’élaboration de la liste électorale pour avoir un droit de regard parce qu’ils doivent travailler tous dans la confiance. Vous avez l’Ins et la Sagem qui sont dans les centres de collecte, l’Ins a la liste électorale 2000 authentifiée dans leur machine, ils sont là aussi pour s’assurer, pour vérifier que tous les ivoiriens de 18 ans et plus sont dans la base de données de la liste électorale 2000 et vous avez la Sagem qui est aussi dans le centre de collecte et prend pour sa part les données biométriques à savoir les empreintes digitales , la photo numérique et qui reçoivent aussi les données alphanumériques qui sont contenues dans le formulaire. Une fois que, vous citoyens, vous voyez que vous avez passé toutes ces étapes et que vous êtes en face de l’appareil de la Sagem et que toutes ces données ont été recueillies, on vous remet deux récépissés, un récépissé pour l’identification et un autre pour la carte d’électeur. Une fois que ce parcours est achevé, vous pouvez rentrer à la maison et c’est maintenant commence la partie informatique. La Sagem et l’Ins vont s’assurer de recueillir les données dans les ordinateurs où du centre de collecte, ils les acheminent dans les centres de coordination qui est situé dans le département. Arrivées dans le centre de coordination, ces données sont transférées dans une machine et dans les sites de coordination. D’ailleurs, il ya un cas de fraude que nous n’avons pas vu, on peut être citoyen et comme on veut que son candidat gagne, on veut aller s’inscrire à plusieurs endroits, c’est ce qu’on appelle la multiple inscription. Moi j’ai mon extrait de naissance, je vais dans différents centres de collecte pour m’inscrire soit cinq ou dix fois pour ainsi apporter soit 10 voix à mon candidat. Sachez que dans les centres de coordination, l’une des activités principales est de rechercher ce type de citoyens qui se seraient inscrits à plusieurs endroits et à plusieurs reprises. Cette opération, on l’appelle l’opération de déboulonnage. Dans le site de coordination, il y aura l’Ins et la Sagem mais aussi l’ONI et toutes les structures. Nous, on n’a pas pris de risques, on veut que ce soit transparent jusqu’au bout, tout le monde doit être là. La première sécurité, c’est la transparence car tout le monde est là. Nous avons tous nos yeux pour regarder pour que personne ne fraude. Donc dans le site de coordination, je disais, nous allons procéder donc à la recherche des doublons, nous allons mettre en place un système appeler AFIS, qui est une technologie qui est la propriété de Sagem. C’est une technologie de pointe qui va faire la recherche des doublons. Pour faire la recherche des doublons, nous prenons les empreintes digitales. Chaque empreinte de chaque citoyen sera comparée aux empreintes digitales de tous les autres citoyens. C’est un mécanisme technologique informatique de pointe et c’est ce que nous avons choisi. Je peux même vous dire qu’au moment où, nous étions en discussions pour acheter la technologie de Sagem, certains internationaux sont venus me voir pour me dire ‘‘mais monsieur le Premier Ministre, pourquoi dix doigts alors que même dans nos pays développés, nous n’utilisons que deux ou trois doigts ?’’. Je leur ai répondu que ‘‘ vos pays ne sortent pas de guerre mais nous notre pays sort de guerre’’. Quand un pays sort de guerre, il n’y a pas de prix pour la paix. Et chez nous ici en Côte d'Ivoire, nous voulons dix doigts pour nous assurer qu’il n’y aura pas de fraude. Voilà ce que nous allons faire. Dans le site de coordination, nous allons enlever les doublons et après les doublons dans les sites de coordination, nous allons envoyer les donnés par satellites dans le site central. Dans le site central, nous allons utiliser le système AFIS pour procéder à la recherche de doublons tout simplement parce que dans le département, vous pouvez vous inscrire dans plusieurs centres de collecte dans le département. Mais si vous êtes malins, vous pouvez vous dire je m’inscris dans un département mais vous pouvez également vous inscrire dans un autre département. Là aussi, vous serez surpris parce que dans le site central, nous allons également mettre le système AFIS pour enlever les doublons. Mais, nous ne nous sommes pas contentez du seul système AFIS qui est la propriété de la Sagem. Pour être sûr que cette liste sera sans tâche, nous avons décidé de solliciter le système ABIS de l’Ins qui lui est basé sur la vérification de la photo numérique. L’INS va introduire le système ABIS. Si par extraordinaire et je n’y crois pas, vous réussissez à échapper au contrôle du système AFIS, inévitablement, vous serez épinglé par le système ABIS de l’INS. Mais en plus, après donc ces opérations, qui consistent déjà à limiter la fraude en sortant les doublons de la liste électorale, nous allons faire ce qu’on appelle le croisement avec les fichiers historiques. Et là aussi, tous ceux qui voudront tricher, seront pris. Dans les fichiers historiques, nous avons le fichier de tous les étrangers, nous avons le fichier de la carte d’identité verte, nous avons le fichier du recensement générale de la population, nous avons le fichier de l’état civil que nous sommes en train de reconstituer, nous avons le fichier par exemple de la CNPS. Nous avons bien d’autres fichiers. C’est pourquoi, je dis l’Etat de Côte d'Ivoire a de la mémoire. Et l’Etat de Côte d'Ivoire a les moyens de savoir qui est ivoirien et qui ne l’est pas. Ces tous ces fichiers qui vont nous assurer de ce que tous ceux qui sont inscris sur la liste électorale sont des ivoiriens.
Donc avec toute cette démonstration que vous venez de nous faire, vous êtes sûr M. le Premier Ministre qu’il n’y aura aucune fraude ?
Moi je ne crois pas qu’il soit possible de frauder. Mais, à supposer que après tout ce travail d’étranglement et de vérification parsemé sur le chemin de la production de la liste provisoire, si quelqu’un, par extraordinaire, défiait toute cette technologie de pointe pour se retrouver sur la liste électorale, sa tâche n’est pas encore terminée parce que, la liste électorale pour une fois sera affichée avec la photo en couleur. Ce qui n’a jamais été le cas en Côte d’Ivoire. C’est pourquoi beaucoup n’ont pas compris pourquoi ça a coûté trop cher. L’opération a coûté cher parce que je veux que cette liste soit sans tâche et que les élections soient sans tâche. Je ne veux pas me mettre dans un processus qui au lieu d’apporter la paix en Côte d’Ivoire va être à l’origine de contestation et peut-être d’affrontements très violents. Donc, nous allons afficher la liste électorale dans les lieux de vote. C’est pourquoi nous avons insisté sur le fait que c’est là où vous allez vous faire enrôler, c’est là que vous allez voter. C’est un principe que nous avons arrêté. Donc, nous allons publier la liste électorale dans les lieux de vote. Mais en plus nous sommes en train de réfléchir et la décision sera prise, dans les jours prochains, très rapidement, d’afficher la liste électorale dans le lieu de naissance. Parce que vous partez chercher l’acte de naissance là où vous êtes née. Là aussi nous allons afficher la liste électorale pour que les citoyens du village puissent regarder la liste et dire si effectivement, celui-là est de notre village, celui-là on ne sait pas etc. Donc en tout état de cause, à supposer, comme je le dis, par extraordinaire, un citoyen, je dirai génial, réussissait à traverser le mécanisme rigoureux que nous avons mis en place, il sera dénoncé par sa photo qui sera publiée avec son nom.
Malgré tous ces garde-fous dont vous précisez l’imperméabilité, il y a aujourd’hui une crise de confiance. On a lu les déclarations des hommes politiques, alors qu’est-ce que vous allez faire ? Vous allez marquer une pose, rouvrir un dialogue avant de repartir de plus bel ? Alors qu’est ce que vous allez faire ?
Ecoutez, s’il y a quelque chose que je dois reconnaître, c’est que peut-être dans cette opération, à partir du moment où on l’a lancée, peut-être que la concertation n’a pas été la plus large possible, pour sensibiliser d’abord et avant tout, les acteurs politiques. Mais ce n’est pas bien grave, je vous ai dit que si on voulait attendre la perfection avant de lancer notre opération, nous serions encore entrain de regarder les détails. Or pour moi, ce qui est dangereux dans une situation quand vous êtes gouvernant, c’est de demeurer dans la stagnation. C’est de rester immobile. C’est pourquoi nous l’avons lancé pour continuer de la corriger. Le dialogue avec les formations politiques doit être un dialogue permanent. Le président de la commission indépendante a déjà reçu les partis politiques et leur a tout expliqué. Moi-même, je suis allé dans quelques chapelles politiques, pour me livrer au même exercice. Et dans les jours prochains, je vais encore recevoir les partis politiques pour que nous nous mettions d’accord sur une circulaire que je vais signer. La circulaire que je vais signer aura pour objectif d’harmoniser l’enrôlement dans l’ensemble des centres de collecte sur l’ensemble du territoire. Donc il y a quelques questions à la pratique que nous avons vues et qu’il faut régler. Donc ces quelques questions là, nous allons rapidement, les jours prochains j’ai déjà un projet de circulaire que je vais partager avec les partis politiques-nous allons nous mettre d’accord dans l’optique de relancer le processus d’enrôlement.
M. le Premier Ministre, les éventuels contentieux qui pourraient survenir à vous entendre, tout va être tranché par la CNSI qui est chargée de la supervisons dans les centres de collecte …
Alors il y a plusieurs cas de figure. Sur l’identité, la CNSI a compétence comme je l’ai dit. Si un citoyen se sentait lésé, il peut approcher la CNSI qui regardera s’il faut saisir les tribunaux ou si la solution est au niveau de la CNSI. Ça, c’est en ce qui concerne l’identification. En ce qui concerne l’élection c’est plutôt la CEI. Toutes les réclamations doivent être portées à la commission électorale indépendante qui va arbitrer. Et les autres questions qui relèvent par exemple de la nationalité, vont être dirigées les juridictions compétentes, quand la CEI va recevoir un tableau des réclamations. Si un citoyen n’est pas satisfait de l’arbitrage de la Cei, il est libre de saisir le Greffe du tribunal pour donner suite à sa réclamation.
A quel moment la certification du Représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour intervenir dans le processus d’identification jusqu’aux élections ?
Nous savons que deux résolutions, à deux reprises, ont fixé la certification et ont défini le principe de la certification. Les résolutions émanent des Nations unies. La question serait appropriée si elle était posée à M. Choï. Les ivoiriens attendent maintenant le représentant spécial du secrétaire général des nations unies, pour nous dire quel est le contenu de la certification et comment cette certification doit être mise en œuvre. Je dois modestement dire que c’est de leur essor exclusif et j’attends aussi qu’on nous dise quelques mots là-dessus.
M. le Premier Ministre si on part du principe que toute œuvre humaine n’est pas parfaite, est-ce que vous pouvez nous donner en terme de pourcentage la marge d’erreur que vous avez prévue dans un tel système ?
Toute œuvre humaine est forcement imparfaite, je suis d’accord avec vous. Je vous l’ai dit, nous serons rigoureux dans la lutte contre la fraude. Maintenant, la marge d’erreur, je ne peux pas vous dire, ce sera aux techniciens de vous révéler la marge d’erreur de leurs différents logiciels. Mais ce que moi en tant que Premier ministre je souhaite, c’est que cette liste soit sans tache. Du moment où la vérification ne se limite pas seulement qu’à l’informatique, et qu’interviendra plus tard le contrôle de l’homme sur les listes, je pense qu’il n’y a pas de crainte à avoir. Avant, on publiait la liste avec des noms, mais la liste sera affichée avec la photo en couleur des citoyens. On pourra s’assurer que M Brou Aka Pascal est bien M Brou Aka Pascal. Donc il y a tous les moyens de vérification. Je l’ai déjà dit dans une de mes déclarations, aussi bien qu’au camp présidentiel qu’à l’opposition, je suis désolé, personne ne pourra tricher à cette élection (…)
En principe l’opération devrait être bouclée le 30 octobre. Sur les 11 000 centres prévus sur tout le territoire, il y a moins de 1000 aujourd’hui. A l’évidence, il n’est possible de tenir cette date ?
Dans ce tableau fort pessimiste que vous venez de dresser, j’ai quand même une satisfaction, c’est l’engouement qu’a suscité ces opérations. Malgré la faiblesse de la communication (parce que on nous a dit qu’il n’y a pas eu une grande communication), c’est l’engouement que suscitent ces opérations. Je pense que c’est une bonne chose. Mais en même temps, je veux en profiter pour rassurer les ivoiriens, tout le monde sera enrôlé. Aucun ivoirien désireux de se faire enrôler ne sera laissé pour compte. Le chef de l’Etat et moi-même, avions convenu de faire en sorte que tous les ivoiriens soient enrôlés. Je l’ai dit au président de la Commission électorale indépendante, nous prendrons le temps qu’il faut pour enrôler tout le monde. Mon principe est que à chaque jour suffit sa peine. Au moment où nous sommes en train de faire l’enrôlement finissons l’enrôlement total. Maintenant, nous avons dit le 30 octobre pour respecter les 45 jours, encore que nous ne sommes pas forclos dans le principe des 45 jours pour finir son travail. Les audiences foraines se sont déroulées ici, chaque équipe des audiences foraines avait 90 jours pour finir son travail, aujourd’hui nous avons adopté le même principe, chaque équipe ou chaque centre de collecte aura ses 45 jours. Mais au délai du principe des 45 jours, ce qu’il faut savoir c’est qu’à partir du moment où c’est une opération exceptionnelle et gratuite, nous voulons donner la chance à chaque citoyen de se faire enrôler et nous prendrons le temps qu’il faut.
Vous allez repousser la date butoir de combien de mois ?
Ecoutez, je ne suis pas L’INS, la Sagem ou la CEI. Il ne revient pas au chef de gouvernement que je suis de donner des délais. Mais ce que je peux dire c’est que nous prendrons le temps qu’il faut pour enrôler tout le monde. Si ça se fait en 45 jours, ça sera le programme. Mais s’il faut plus de 45 jours, on verra bien.
Il y a des agents qui posent le problème d’argent. On constate comme vous l’avez dit vous-même qu’il y a un problème de financement. Vous parliez en son temps de bouclage du budget du processus électoral. A entendre tout cela, nous sommes un peu inquiet, l’on se demande alors s’il y a nuance entre le bouclage du budget, le décaissement ou la disponibilité des moyens pour effectivement pour conduire ces opérations …
Le budget est bouclé. Le budget est bouclé, il n’y a pas de problème pour le budget. Là, vous parlez de rémunération des agents de l’Ins, de la Sagem, de l’Oni ; enfin des agents qui sont dans les centres de collectes.
Non des équipements …
Mais tous les équipements sont là (…) On a même actuellement des valises en réserve à Abidjan. Nous sommes en train de voir avec la CEI comment nous allons augmenter le nombre de valises par centre de collecte pour démontrer la capacité d’absorption de tous les pétitionnaires qui viennent. Au niveau de l’équipement, il n’y a absolument aucun problème. Vous avez parlé du salaire des agents, effectivement le Président de la CEI a apporté à ma connaissance cette question mais il n’y a absolument aucun problème. La part de l’Etat en terme financier qui devait être fait a été fait. Ces agents recevront leur salaire, il n’y a pas de problème. C’est vrai que certains, peut-être, ont parlé du taux de leur salaire, mais il y aura des contrats qui vont être signés avec les opérateurs techniques et les choses se passeront pour le mieux.
On a donc suffisamment de ressources pour mener à bien l’opération ?
En tout cas, en ce qui concerne l’élection présidentielle, le budget est bouclé. Maintenant il y a d’autres programmes dans le processus de sortie de crise, notamment les questions militaires, la réinsertion. Là encore, on a des soucis. Mais je dis bien en ce qui concerne l’élection à la présidence de la république, les 36 milliards qu’il faut à la CEI sont bouclés ; 16 milliards de l’Union Européenne, 10 milliards de la part du PNUD et la part de l’Etat qui est autour des autres montants. Ça, c’est bouclé.
Monsieur le premier Ministre, quand on se base sur l’élément filmé de tout à l’heure, on se rend compte qu’il y a des problèmes sur le terrain, notamment la cohabitation entre les pétitionnaires et les élèves. Est-ce que vous avez envisagé des solutions pratiques pour ces cas de problème ?
Je veux qu’on soit d’accord. Je n’ai jamais dit qu’il n’y avait pas de problèmes. Je reconnais les problèmes mais je dis que les problèmes sont faits pour être solutionnés. Donc à chaque problème, nous trouverons une solution. La cohabitation entre les élèves et les pétitionnaires, ce sont des difficultés, nous ferons face au jour le jour pour voir comment cette cohabitation peut être bonne. Ils ont souhaité qu’il y ait la sécurité sur les lieux d’enrôlement, je peux vous rassurer que la semaine dernière, le chef d’Etat a lui-même reçu les officiers généraux. Moi-même j’ai eu le général Mangou et le général Bakayoko. la semaine prochaine, nous allons mettre le dispositif sécuritaire en place. Il s’agira de faire en sorte que les FDS et les FAFN puissent ensemble sécuriser l’enrôlement dans tous les centres de collecte au nord comme au sud. Ils ont déjà élaboré un plan de sécurité. Maintenant nous sommes en train de voir comment tout ceci peut être mis en œuvre dès la semaine prochaine.
Il y a un Directeur d’école qui a parlé des dépenses que génèrent ces opérations pour ces écoles privées. Avez-vous y pensé ?
Je lance un appel aux ivoiriens, le processus que nous avons lancé est un processus exceptionnel. L’Etat a consenti d’énormes sacrifices pour rendre cette opération gratuite. Vous irez dans d’autres pays où tout est payant dans ce type d’opération. C’est autour d’une centaine de milliards que nous injectons dans ces opérations pour permettre à chacun d’avoir une carte nationale d’identité, et pour certains, une carte d’électeur. Donc j’en appelle au patriotisme de tout le monde, il faut que chacun contribue pour que nous puissions aller au bout de ce processus parce qu’il est évident que des surcoûts additionnels à tout ce processus pourraient nous compliquer la tache. Je demande à tous de s’impliquer, j’appelle à leur sens de patriotisme pour qu’ils aident la Commission électorale à mener à bien sa mission.
Pour la sécurisation, vous avez cité les deux généraux, mais vous n’avez pas parlé du CCI qui était l’organe choisi par l’accord de Ouagadougou pour sécuriser l’ensemble du processus électoral et aussi qu’est ce qu’on pourrait attendre des Forces impartiales pour appuyer les ivoiriens à sécuriser les centres d’enrôlement ?
Quand j’ai cité le général Mangou et le général Bakayoko, en réalité c’est ça le Cci, les deux vrais patrons du Cci, c’est bien les deux généraux. Mais comme le terme est intéressant à entendre, je vais le reprendre. Le Cci sera mis en œuvre pour assurer la sécurité aussi bien au nord qu’au sud. En ce qui concerne les forces impartiales, elles sont parties prenantes dans le plan de sécurisation.
En ce qui concerne la capacité des valises de la Sagem, on a parlé de 50 pétitionnaires par jour.
Non, la capacité de la valise Sagem est de 100 enrôlés par jour. Maintenant il y a peut être des lenteurs en ce qui concerne la vérification des éléments présentés, le remplissage des formulaires qui prend du temps.
Vous savez la perfection n’est pas de ce monde. Vous n’allez pas me demander des supers hommes pour travailler sur les machines. Ceci dit, la formation a été donnée. Mieux, après ces premières semaines, le président de la CEI m’a tenu informé qu’il est envisagé de prendre une journée pour compléter la formation des agents à la lumière des difficultés qu’ils ont eues sur le terrain. Donc la formation sera permanente et perspective.
Monsieur le Premier Ministre, l’accord de Ouaga devait être exécuté en 10 mois et 20 mois plus tard, on se rend compte que le plus gros reste sur le terrain. Est-ce que vous n’avez pas sous-estimé les difficultés dans l’euphorie de la conclusion de l’accord ?
C’est vrai que lorsque nous avons signé cet accord le 04 mars 2006, nous avons espéré le réaliser en 10 mois. Ce sont les politiques qui ont signé cet accord et les 10 mois que nous avons fixés (…)
Aujourd’hui si on veut tenir la date, on peut la tenir, sauf que on sera obligé de comprimer les délais, de faire en sorte que l’enrôlement qui devrait durer 45 jours, on va le faire en deux semaines. Ceux qui auront eu la chance d’être enrôlés le seront. Ainsi de suite. Je pense que les ivoiriens doivent apprendre à privilégier ce qui est essentiel, ce qui est incontournable dans ce processus. Il y a seulement deux ans, personne n’avait imaginé que les audiences foraines auraient pu se tenir dans ce pays, tant elles suscitaient de la passion, tant elles suscitaient des émeutes dans les villes. Mais les audiences foraines se sont déroulées. Personne n’avait imaginé autant où on a pris de cours les partis politiques en lançant l’enrôlement le 15 septembre. Ces opérations sont lancées, elles sont en cours, il y a des difficultés que nous sommes en train de redresser, de corriger pour atteindre une vitesse de croisière. Je pense que c’est ça qui est important. Et vous avez vu cette maman à la télévision, son problème n’était pas la date, elle était heureuse d’avoir été identifiée. C’est ça qui est important, il faut que les ivoiriens aillent se faire identifier. Maintenant ensemble entre ivoiriens, quand nous aurons terminé le processus d’enrôlement, nous allons ensemble décider d’une date. Les élections en Côte d’Ivoire seront ce que les ivoiriens voudront qu’elles soient. Donc à mon avis, c’est vrai que nous n’avons pas tenu la date du 30 octobre mais aujourd’hui la satisfaction des ivoiriens est que les opérations ont été bel et bien lancées et mon souhait est d’arriver au 30 octobre ou au 30 novembre en ayant exécuté 98 % du volume des matières qu’on devrait mettre en œuvre.
M. le Premier Ministre, votre message de fin à l’endroit des Ivoiriens.
Je voudrais lancer un message aux ivoiriens, surtout dans le sens de leur demander de se mobiliser pour aller se faire enrôler. Le processus d’identification et le processus électoral sont des opérations importantes et l’Etat de Côte d’Ivoire a beaucoup investi pour qu’elles puissent donner les pièces d’identité et les cartes d’électeur aux citoyens. Je crois qu’aucun ivoirien n’a le droit de rater cette occasion, c’est la première chose. La deuxième chose que je veux dire, c’est que le gouvernement a pris toutes les dispositions pour que ces opérations se déroulent dans la sérénité. Le chef de l’Etat lui-même et tout le gouvernement, ensemble nous nous sommes assurés que ce mécanisme est transparent et fiable. C’est pourquoi, je veux rassurer les ivoiriens de garder leur calme et leur sérénité. Je comprends que l’engouement ait emmené certains à s’impatienter. Je leur demande de garder le calme parce que personne ne sera oublié. Nous prendrons le temps d’enrôler tout le monde. Sur la question de la fraude, je voudrais vraiment rassurer nos citoyens. La technologie que nous avons basée sur les empreintes digitales et la photo numérique, donc le système ABIS et AFIS, est fiable. Et il sera difficile de frauder. Tous ceux qui se sont organisés en groupe pour essayer de surveiller ou d’aller autour des centres de collecte, je leur demande de garder leur calme. Ils n’ont même pas à s’en faire. Parce que le gouvernement veille au grain et ne permettra pas la fraude. Et je répète encore : tout fraudeur s’expose à des sanctions, et l’Etat sera impitoyable. Voici le message que je voudrais lancer aux citoyens ivoiriens. Je voudrais appeler les acteurs qui mettent le processus en œuvre à redoubler d’effort pour essayer de régler les difficultés que nous avons constatées sur le terrain de sorte que dans une semaine nous puissions atteindre la vitesse de croisière dans l’enrôlement.
Je vous remercie.