Déclarations & Discours
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Déclaration du Premier Ministre - FAO
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Monsieur le Président de la Conférence,
Excellences Mesdames et Messieurs les Présidents et Chefs d’Etat et Chefs de Gouvernement,
Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
Monsieur le Directeur Général de la FAO,
Mesdames et Messieurs,
Le Gouvernement de la Côte d’Ivoire s’honore d’être associé à cette importante rencontre et voudrait remercier M. Le Directeur Général de la FAO pour l’invitation qu’il a adressée au Président de la République de Côte d’Ivoire, SEM Laurent Gbagbo que j’ai le plaisir de représenter à cette importante Conférence.
Mesdames et Messieurs,
Cette conférence dont le thème est de la plus grande actualité, arrive à point nommé dans un contexte où nos gouvernements et les populations de la planète entière sont confrontés à des réalités et des menaces qui défient toutes les lois économiques classiques.
Je voudrais dans ce contexte de tourbillon mondial qui nous interpelle, partager avec vous l’expérience et la vision de la Côte d’Ivoire, mon pays.
Ce pays, après une longue période de prospérité, a vécu une crise économique et sociale sans précédent qui a généré des conflits sociopolitiques.
Puis, après de vains et stériles débats politiques, la précarité et la misère, la souffrance quotidienne des populations ont fini par éveiller nos consciences sur la vacuité de nos antagonismes et l’intérêt de réaliser la Paix, ce précieux trésor.
Ainsi, la signature de l’Accord Politique de Ouagadougou le 04 mars 2007 nous a permis de renouer avec la tranquillité. De plus, la fixation de la date du 30 novembre 2008 pour l’élection présidentielle marque l’irréversibilité du processus de paix, et surtout dénote de la volonté politique de tous les acteurs à réaliser la paix et la stabilité.
C’est le lieu de lancer un appel à la communauté internationale à aider les Ivoiriens maintenant que tous les ingrédients sont réunis pour aller aux élections tant souhaitées.
Il serait grand dommage que le manque de nourriture et de ressources financières sonne le glas de tant d’efforts de tout un peuple.
Mesdames et Messieurs,
L’analyse de la situation alimentaire de la Côte d’Ivoire aboutit au constat d’un bilan déficitaire matérialisé par un niveau très élevé des importations de céréales, notamment le riz et une forte dépendance vis-à-vis des importations des produits d’origine animale.
La situation pourrait se dégrader avec l’urbanisation croissante (+ 5,3% par an), si des actions adéquates ne sont menées pour extérioriser un potentiel productif largement sous-exploité. En 1965, on comptait trois (03) ruraux pour un (01) urbain ; en 2010 il y aura un (01) rural pour 1,5 urbains. Or malgré l’évolution globale du pays, les systèmes de production des vivriers demeurent largement extensifs et à faible productivité.
Avec les changements climatiques, des retards de pluie sont observés depuis quelques années, créant une baisse des productions, dans une agriculture vivrière à 80% pluviale. Ceci dénote de notre vulnérabilité et nous invite à prendre des mesures afin de rendre notre agriculture moins tributaire de l’eau de précipitations.
La baisse de la production nationale combinée à d’autres facteurs exogènes a entraîné dans notre pays une flambée des prix des denrées de grande consommation suivie de mouvements sociaux, qui aurait pu compromettre tous les efforts consentis pour le retour à la Paix.
Aussi, face à la grogne des populations et dans le but de contenir l’inflation, le gouvernement ivoirien a procédé à des allégements fiscaux pour certains produits de grande consommation et entend :
1. Mettre en œuvre un Plan national de développement de l’irrigation. Ce plan repose sur une politique volontariste de réalisation d’infrastructures hydro-agricoles.
2. Développer un programme national de relance de la production rizicole en trois (03) phases (un programme d’urgence pour l’année 2008 - 2009, et des programmes à moyen et long termes) ; L’objectif de notre pays étant d’atteindre l’autosuffisance à l’horizon 2012, grâce à des actions pertinentes en matière d’approvisionnement en semences et en intrants et à une mécanisation de notre système de production.
La Côte d’Ivoire compte donc sur le soutien de la communauté financière internationale multilatérale et bilatérale pour la mise en œuvre de ce programme.
Mesdames et Messieurs,
Concernant les bioénergies et la sécurité alimentaire, en dépit de ses avantages, notamment la création des emplois en milieu rural, la réduction du coût de l’énergie et la diversification des marchés, il conviendrait de porter une attention particulière sur les risques de pénuries de denrées alimentaires, avec la reconversion par les agriculteurs de leur terre sous cultures vivrières à la production de bioénergie.
Mesdames et Messieurs,
Cette grave crise révèle simplement la fragilité de nos Etats, et nous amène à compléter la définition de la Pauvreté : Etre pauvre, ce n’est plus seulement manquer d’argent devant l’abondance de nourriture, mais c’est également manquer de nourriture malgré la surabondance d’argent.
Mesdames et Messieurs,
Un survol rapide des potentialités de nos pays, montre, en effet, que la nature en nous dotant différemment nous oblige à la complémentarité. Alors que certains pays disposent de millions d’hectares de terres arables avec de l’eau en abondance et sans ressources, d’autres pays ont des ressources financières en abondance mais avec des terres arides, voire désertiques.
Si nous savons définir une solidarité réelle, un pacte de solidarité d’intérêt mutuel qui verrait les ressources financières des uns diriger vers la capacité de production des autres pour garantir à tous la survie alimentaire tout en réduisant par la même occasion la pauvreté, alors nous aurons gagner notre pari.
Excellences, Mesdames et Messieurs, nous avons un défi collectif à relever.
Il ne s’agit pas de réclamer ici la solidarité du riche envers le pauvre, ni la solidarité du puissant envers le faible.
Il ne s’agit pas de la solidarité qui humilie, mais de celle qui grandit et anoblie et assure le statut humain de la vie.
Un proverbe de chez nous dit : « un seul doigt ne peut tenir à lui tout seul une pierre ».
Puisse ce proverbe nous inspirer à plus de solidarité et de fraternité face à ce nouveau défi mondial.
Je vous remercie pour votre aimable attention.
Rome, le 3 juin 2008
SEM SORO KIGBAFORI GUILLAUME
Premier Ministre de la Côte d’Ivoire
Excellences Mesdames et Messieurs les Présidents et Chefs d’Etat et Chefs de Gouvernement,
Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
Monsieur le Directeur Général de la FAO,
Mesdames et Messieurs,
Le Gouvernement de la Côte d’Ivoire s’honore d’être associé à cette importante rencontre et voudrait remercier M. Le Directeur Général de la FAO pour l’invitation qu’il a adressée au Président de la République de Côte d’Ivoire, SEM Laurent Gbagbo que j’ai le plaisir de représenter à cette importante Conférence.
Mesdames et Messieurs,
Cette conférence dont le thème est de la plus grande actualité, arrive à point nommé dans un contexte où nos gouvernements et les populations de la planète entière sont confrontés à des réalités et des menaces qui défient toutes les lois économiques classiques.
Je voudrais dans ce contexte de tourbillon mondial qui nous interpelle, partager avec vous l’expérience et la vision de la Côte d’Ivoire, mon pays.
Ce pays, après une longue période de prospérité, a vécu une crise économique et sociale sans précédent qui a généré des conflits sociopolitiques.
Puis, après de vains et stériles débats politiques, la précarité et la misère, la souffrance quotidienne des populations ont fini par éveiller nos consciences sur la vacuité de nos antagonismes et l’intérêt de réaliser la Paix, ce précieux trésor.
Ainsi, la signature de l’Accord Politique de Ouagadougou le 04 mars 2007 nous a permis de renouer avec la tranquillité. De plus, la fixation de la date du 30 novembre 2008 pour l’élection présidentielle marque l’irréversibilité du processus de paix, et surtout dénote de la volonté politique de tous les acteurs à réaliser la paix et la stabilité.
C’est le lieu de lancer un appel à la communauté internationale à aider les Ivoiriens maintenant que tous les ingrédients sont réunis pour aller aux élections tant souhaitées.
Il serait grand dommage que le manque de nourriture et de ressources financières sonne le glas de tant d’efforts de tout un peuple.
Mesdames et Messieurs,
L’analyse de la situation alimentaire de la Côte d’Ivoire aboutit au constat d’un bilan déficitaire matérialisé par un niveau très élevé des importations de céréales, notamment le riz et une forte dépendance vis-à-vis des importations des produits d’origine animale.
La situation pourrait se dégrader avec l’urbanisation croissante (+ 5,3% par an), si des actions adéquates ne sont menées pour extérioriser un potentiel productif largement sous-exploité. En 1965, on comptait trois (03) ruraux pour un (01) urbain ; en 2010 il y aura un (01) rural pour 1,5 urbains. Or malgré l’évolution globale du pays, les systèmes de production des vivriers demeurent largement extensifs et à faible productivité.
Avec les changements climatiques, des retards de pluie sont observés depuis quelques années, créant une baisse des productions, dans une agriculture vivrière à 80% pluviale. Ceci dénote de notre vulnérabilité et nous invite à prendre des mesures afin de rendre notre agriculture moins tributaire de l’eau de précipitations.
La baisse de la production nationale combinée à d’autres facteurs exogènes a entraîné dans notre pays une flambée des prix des denrées de grande consommation suivie de mouvements sociaux, qui aurait pu compromettre tous les efforts consentis pour le retour à la Paix.
Aussi, face à la grogne des populations et dans le but de contenir l’inflation, le gouvernement ivoirien a procédé à des allégements fiscaux pour certains produits de grande consommation et entend :
1. Mettre en œuvre un Plan national de développement de l’irrigation. Ce plan repose sur une politique volontariste de réalisation d’infrastructures hydro-agricoles.
2. Développer un programme national de relance de la production rizicole en trois (03) phases (un programme d’urgence pour l’année 2008 - 2009, et des programmes à moyen et long termes) ; L’objectif de notre pays étant d’atteindre l’autosuffisance à l’horizon 2012, grâce à des actions pertinentes en matière d’approvisionnement en semences et en intrants et à une mécanisation de notre système de production.
La Côte d’Ivoire compte donc sur le soutien de la communauté financière internationale multilatérale et bilatérale pour la mise en œuvre de ce programme.
Mesdames et Messieurs,
Concernant les bioénergies et la sécurité alimentaire, en dépit de ses avantages, notamment la création des emplois en milieu rural, la réduction du coût de l’énergie et la diversification des marchés, il conviendrait de porter une attention particulière sur les risques de pénuries de denrées alimentaires, avec la reconversion par les agriculteurs de leur terre sous cultures vivrières à la production de bioénergie.
Mesdames et Messieurs,
Cette grave crise révèle simplement la fragilité de nos Etats, et nous amène à compléter la définition de la Pauvreté : Etre pauvre, ce n’est plus seulement manquer d’argent devant l’abondance de nourriture, mais c’est également manquer de nourriture malgré la surabondance d’argent.
Mesdames et Messieurs,
Un survol rapide des potentialités de nos pays, montre, en effet, que la nature en nous dotant différemment nous oblige à la complémentarité. Alors que certains pays disposent de millions d’hectares de terres arables avec de l’eau en abondance et sans ressources, d’autres pays ont des ressources financières en abondance mais avec des terres arides, voire désertiques.
Si nous savons définir une solidarité réelle, un pacte de solidarité d’intérêt mutuel qui verrait les ressources financières des uns diriger vers la capacité de production des autres pour garantir à tous la survie alimentaire tout en réduisant par la même occasion la pauvreté, alors nous aurons gagner notre pari.
Excellences, Mesdames et Messieurs, nous avons un défi collectif à relever.
Il ne s’agit pas de réclamer ici la solidarité du riche envers le pauvre, ni la solidarité du puissant envers le faible.
Il ne s’agit pas de la solidarité qui humilie, mais de celle qui grandit et anoblie et assure le statut humain de la vie.
Un proverbe de chez nous dit : « un seul doigt ne peut tenir à lui tout seul une pierre ».
Puisse ce proverbe nous inspirer à plus de solidarité et de fraternité face à ce nouveau défi mondial.
Je vous remercie pour votre aimable attention.
Rome, le 3 juin 2008
SEM SORO KIGBAFORI GUILLAUME
Premier Ministre de la Côte d’Ivoire