Abidjan, le 8 mai 2006, 18h 20
D’abord, je me rends compte qu’il fait bon de rentrer chez soi. Cela fait deux semaines
que je suis parti du pays. J’ai effectué plusieurs missions. Mes compatriotes en sont
informés. Je suis heureux de retourner au pays pour continuer la lutte pour la paix. Je
voudrais, à mon arrivée, m’adresser à mes compatriotes.
Qu’ils se souviennent qu’il y a cinq mois trois jours, à peu près à cette heure-ci, je
m’adressais à eux sur le parvis du Palais de la République à la sortie de l’audience que
venait de m’accorder le Chef de l’Etat. Audience au cours de laquelle, il a bien voulu
confirmer le choix qui a été porté sur moi pour conduire cette difficile transition.
A la suite
de cette audience, souvenez-vous, j’avais indiqué que j’étais venu pour apporter ma
contribution à la recherche de la solution à la grande crise que connaît notre pays.
J’ai ajouté qu’à mon sens, cette crise qui est longue n’est en réalité qu’une crise de
confiance. Et que par conséquent, ma première mission serait d’essayer, à mon niveau, de
faire revenir cette confiance qui naguère a été le moteur de la réussite de la Côte d’Ivoire.
Et que par le dialogue, j’allais, pour ma part, essayer de créer cette confiance. Pendant les
premiers mois, j’ai essayé. Et je suis heureux d’observer que mes compatriotes ont
compris que nous ne pourrons rien faire de grand dans le futur sans faire revenir cette
confiance.
Elle est revenue un peu. Elle est là. Nous l’observons. Chaque Ivoirien apprend
à se faire confiance en lui-même, et fait confiance à son frère. En tout cas, c’est ce qu’on
dit avec beaucoup de satisfaction, tous ceux que j’ai rencontrés. Ils ont constaté que la
Côte d’Ivoire recommence à se faire confiance et que la confiance renaît en Côte d’Ivoire.
C’est fragile, chers compatriotes. Ce n’est pas facile. Mais nous sommes pour la Côte
d’Ivoire. Je demande aux uns et aux autres de persévérer, de consolider cette confiance.
Parce qu’au bout, il y a la paix. Personne ne doit avoir peur de la paix. Mais pour y aller, il
nous faudra beaucoup de courage. C’est une course d’obstacles. C’est une course de
longue haleine. Nous sommes dans la dernière ligne droite. Il nous faut persévérer, nous
encourager mutuellement. Ne pas avoir peur. Ne pas nous laisser intimider par qui que ce
soit, ni quoi que ce soit.
Je m’adresse à mes compatriotes. N’ayons pas peur de la paix. Avançons. Le monde entier
est avec nous.
En second lieu, je vous avais dit au cours de la prestation télévisée que j’ai faite que la
deuxième étape de ma mission consisterait à nous attaquer au coeur du problème. Et le
coeur du problème, en fin de compte, c’est le désarmement. Ce sont les élections, bien
sûr, après avoir identifié toutes les populations qui sont sur le territoire ivoirien, après leur
avoir donné leur carte d’identité, leur carte d’électeur aux seuls Ivoiriens qui y ont droit.
Dans les jours prochains, sur les deux fronts, le gouvernement prendra des initiatives.