LA 55EME REUNION DU COMITE DES MINISTRES DES PAYS MEMBRES DE L’ASECNA : L’ALLOCUTION DU PREMIER MINISTRE DANIEL KABLAN DUNCAN

La 55ème réunion du comité des ministres des pays membres de l’Asecna a pris fin le vendredi 05 juillet 2013, à Yamoussoukro, sur d’importances résolutions. Apres deux jours d’intenses travaux, à la Fondation Felix Houphouët –Boigny de Yamoussoukro, les ministres des transports des 18 pays membres de l’Asecna, réunis à l’occasion de la 55e réunion du comité des ministres ont mis un terme à leurs réflexions. Mais sur une note bien heureuse pour la Côte d’Ivoire avec la désignation du ministre Gaoussou TOURE en qualité de président du comité des ministres pour une année. C’est justement à ce titre qu’il a fait le point de leurs travaux aux environs de minuit. Ce qu’il convient de retenir au terme des travaux de cette 55e réunion, c’est que les ministres ont pris l’engagement d’admettre de nouveaux aéroports et de valider les dossiers des Etats membres qui souhaitent jusqu’ici adhérer à l’Asecna. « Nous avons également revu les principes de la gestion pour que dorénavant, nous puissions approuver les comptes de l’Asecna au cours de la réunion des ministres », a confié le ministre Gaoussou Toure au sortir de cette rencontre marathon. A cette occasion, le Premier ministre, ministre de l’Economie et des Finances a prononcé un discours dans lequel il a relevé les projets du gouvernement pour le secteur aéroportuaire et aérien. Notamment le projet aérocité d’un montant de 1000 milliards FCFA. Lire sa déclaration

•"Honorables invités ;

•Mesdames, Messieurs,


C’est avec un grand plaisir et un véritable honneur, qu’au nom de Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire et du Peuple ivoirien, je vous souhaite la fraternelle bienvenue en terre ivoirienne et singulièrement à Yamoussoukro, notre capitale politique, symbole de paix et d’intégration sous- régionale.

En effet, après une difficile et longue période de crise, la Côte d’Ivoire s’honore d’abriter aujourd’hui, vendredi 05 juillet, les Assemblées annuelles 2013 de l’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA).

Cette importante Institution communautaire a été pensée et fondée en 1959 à Saint Louis au Sénégal, par les Pays d’Afrique noire francophone pour mettre en commun, leurs espaces aériens et leurs moyens, en vue d’assurer la sécurité de la navigation aérienne.

Cette organisation a ainsi offert l’opportunité à l’ensemble de nos pays, pour renforcer leur rôle et leur place d’acteur dans le domaine de l’aviation civile mondiale et de partager avec la communauté de l’industrie du transport aérien, leurs légitimes aspirations au développement.

Je voudrais donc, vous remercier très sincèrement pour votre présence distinguée, ce jour, et vous souhaiter un agréable séjour à Yamoussoukro.

Akwaba à chacune et à chacun de vous.

Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,

L’ouverture de la 55ème Session du Comité des Ministres de l’ASECNA, est une occasion supplémentaire pour rappeler l’importance stratégique du transport aérien pour nos économies en quête de développement.

La mondialisation, la libéralisation du commerce ainsi que la libre circulation des personnes et des biens que consacrent bon nombre de Traités internationaux, ont placé plus que jamais l’aviation au centre de la problématique du développement de nos pays, au même titre que les problèmes de santé, d’éducation et de formation, d’accès à l’électricité et à l’eau potable, pour ne citer que ces secteurs-là.

On note, en effet, une augmentation significative et constante des flux commerciaux entre pays africains ainsi qu’un développement progressif de la mobilité des personnes sur le continent.

Les échanges entre l’Afrique et les partenaires traditionnels d’Europe et d’Amérique, se sont également renforcés en même temps que s’établissent des relations économiques avec les pays émergents d’Amérique Latine, du Moyen Orient et d’Asie.

Cette dynamique des échanges qui détermine notre développement ne saurait se faire sans un secteur performant de l’aviation civile et un ciel sûr.

Il y a plus de cinquante (50) ans, les pionniers de l’Aviation Civile en France et en Afrique ont donc su anticiper cette évolution en créant l’ASECNA, à laquelle nombre de pays ont confié la gestion de leurs espaces aériens. Plus d’un demi-siècle après, nous devons reconnaître, que l’ASECNA qui regroupe aujourd’hui dix-sept (17) pays africains membres, a rempli sa mission au-delà de nos espérances.

L’Agence qui se positionne comme un véritable instrument de coopération technique réussie, est devenue rapidement le fournisseur de services de navigation aérienne de référence en Afrique et dans le monde entier.

La maîtrise de sa gestion et l’engagement professionnel qualitatif de ses cadres et agents, ont fait de notre espace, vaste de plus de 16 millions de km², l’un des plus sûrs qui soient, sur le continent, et de par le monde.

Messieurs les Ministres,
Excellences Mesdames et Messieurs,

A ce stade d’évolution de notre organisation commune, qui fait notre fierté à tous, la leçon à retenir est que nous devons redoubler d’efforts pour consolider les acquis et apporter à notre agence, les soutiens indispensables à son rayonnement.

Je n’ignore pas que près de 233 milliards de FCFA ont été consacrés au financement du plan d’investissement 2009-2013.

Pour le prochain plan qui couvre la période 2014-2017, c’est environ 170 milliards de FCFA qui seront injectés dans les investissements susceptibles de la doter d’instruments de dernière technologie et de pointe, pour des prestations de qualité.

Nous ne pouvons que saluer toutes les performances et avancées notables réalisées par l’ASECNA, notamment dans la sécurité aérienne. Mais pour les prochaines années, deux défis de taille nous interpellent.


Le premier est lié à la sûreté. En effet, le continent africain est progressivement devenu le lieu de prédilection de groupes terroristes de toutes natures qui sèment la mort et la désolation depuis la corne de l’Afrique, jusqu’au désert d’Afrique du Nord, en passant par le Sahel. Ces groupes constituent de véritables menaces pour l’aviation civile sur notre continent.

Pour y faire face, il est nécessaire qu’au-delà des mesures adoptées par chaque pays, au niveau national, une coopération accrue entre les Etats soit initiée et développée, pour juguler efficacement ce fléau, car aucun pays n’est à l’abri de cette menace et aucun pays ne peut efficacement faire face tout seul au terrorisme.

C’est pourquoi, j’encourage l’ASECNA à continuer d’apporter son appui technique et logistique aux Etats membres, pour l’uniformisation et la mise à niveau du cadre règlementaire en matière de gestion et d’administration des activités aéronautiques. De même, le renforcement des capacités des ressources humaines doit être une préoccupation constante, pour produire et disposer de compétences capables de faire face à la menace terroriste.


A cet égard, je voudrais saluer les initiatives déjà entreprises et en cours d’exécution avec l’appréciable concours de la France, dans le cadre du projet dit « Assistance à la Sûreté de l’Aviation Civile en Afrique (ASACA) ».

Ici également, la contribution et l’expertise de l’ASECNA ne doivent pas faire défaut.
Quant au second défi, il est lié à l’évolution technologique et à la volonté des Etats de s’équiper en réceptifs aéroportuaires performants.

En tout état de cause, l’Agence se doit d’être en mesure d’anticiper les évolutions technologiques et de continuer à fournir des services de qualité.
C’est à ce prix que l’ASECNA saura négocier utilement le virage technologique qui se profile à l’horizon de la navigation aérienne, notamment la prise en charge des avions de dernière génération et les systèmes satellitaires de navigation aérienne parmi lesquels, le GNSS (Global Network Satellite System).

Enfin, l’ASECNA dans le rôle qui lui est assigné, doit constamment aider les Etats et leurs Administrations d’Aviation Civile à assumer leurs responsabilités de supervision de la sécurité et ainsi pouvoir répondre aux exigences des normes de l’Organisation Mondiale de l’Aviation Civile (OACI).

Messieurs les Ministres,
Excellences Mesdames et Messieurs,

La Côte d’Ivoire, sous la haute direction de Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire et Président en exercice de la CEDEAO, ambitionne, à l’instar de bien d’autres Etats, d’être un « pays émergent à l’horizon 2020 » et de faire de notre sous-région, un pôle attractif de développement en Afrique. Elle compte, pour ce faire, entre autres, sur les performances du secteur des transports aériens.


Dans ce domaine comme dans bien d’autres, d’importants investissements seront réalisés, notamment la modernisation de l’aéroport international Félix HOUPHOUET-BOIGNY, en vue d’accroître la capacité d’accueil des aéronefs et le confort des passagers et faire d’Abidjan, un hub régional et une porte d’entrée de choix dans la Côte d’Ivoire émergente.

La montée en puissance de notre compagnie nationale AIR COTE D’IVOIRE viendra y contribuer. L’objectif est :
-de faire investir 1000 milliards de FCFA par le secteur privé principalement, pour créer une AEROCITE ;
-de faire passer le nombre de passagers de 1 million actuellement à 8 millions à l’horizon 2020.
Messieurs les Ministres,
Excellences Mesdames et Messieurs

La tenue de ces réunions ici à Yamoussoukro, atteste que l’un des défis majeurs -le défi de la paix et de la sécurité- auquel le Gouvernement s’est vu confronté au sortir de la crise, est en voie d’être totalement surmonté. Selon les organisations internationales, l’indice d’insécurité est passé, de la fin de la crise post-électorale à ce jour,
De 4 à 1, ce qui veut dire que la situation sécuritaire de notre pays s’est nettement améliorée, même si l’on convient que des soubresauts et menaces de déstabilisation liés aux conséquences de toute crise armée peuvent parfois naître ici où là.
Le retour prochain de la BAD, à son siège à Abidjan, décidé lors des Assemblées de l’Institution africaine à Marrakech en mai 2013, en est un des vivants témoignages, après les retours en grand nombre des Ambassades et entreprises qui avaient délocalisé durant la grave crise post-électorale.
Le Gouvernement s’attèle également à relever le défi de la réconciliation nationale qui, comme nous le savons tous, est un processus de longue haleine qui nécessite l’adhésion et la participation de tous : acteurs politiques, religieux, syndicats, société civile, couches socio-professionnelles, etc…
L’objectif recherché, dans ce cadre, par le Président Alassane OUATTARA et le Gouvernement étant de créer un climat politique et social apaisé, qui garantisse les libertés publiques et les droits de l’Homme et conforte notre démocratie.
Le dernier défi majeur de l’après crise qu’il fallait relever, est celui de la reconstruction et de la relance économique. Pour ce faire, notre Gouvernement travaille à l’émergence d’une économie forte, performante et attractive pour les investisseurs notamment privés où, une place de choix demeure toujours réservée aux investisseurs africains, dans une optique de partenariats gagnant-gagnant. Ces efforts portent déjà des fruits.
En effet, la croissance économique de notre pays est passée de moins 4,7% en 2011 au sortir de la crise, à plus de9,8% en 2012 et est estimée à 9% en 2013. L’ambition du Gouvernement est d’atteindre un taux de croissance à deux chiffres en 2014 et 2015.
Outre la consommation finale et les exportations, cette ambition s’appuie sur les immenses potentialités d’investissements dans les secteurs clés, tels que les infrastructures, l’énergie et les mines, l’agriculture, l’industrie et les services, dont la mise en valeur impulsée principalement par le secteur privé, contribuerait à accroître l’attractivité et le développement de notre sous-région, avec des incidences notables sur le secteur aéronautique.
Messieurs les Ministres,
Excellences Mesdames et Messieurs,
La Côte d’Ivoire est plus que jamais de retour sur la scène africaine et mondiale, et elle entend occuper pleinement sa place et apporter sa contribution à l’édification d’une Afrique paisible et émergente, reposant sur des structures et institutions communautaires fortes et dynamiques comme L’ASECNA.
C’est tout le sens du combat que mène inlassablement le Président Alassane OUATTARA à la tête de la CEDEAO.
Alors, Messieurs les Ministres, comme vous le savez, votre responsabilité est grande dans la vie et la bonne marche de l’ASECNA. En travaillant en synergie avec la Direction Générale de l’Agence, avec pour objectif de rendre le ciel de notre espace et nos aéroports encore plus sûrs, vous ne ferez que garantir les conditions de succès et de bonne performance de celle-ci, et favoriser une plus grande ouverture de notre Région sur le monde.
Sur un autre plan, une des réflexions à mener à terme par nos éminents Ministres et experts du secteur du transport aérien est l’indispensable synergie à créer entre les différentes compagnies aériennes nationales existantes et pourquoi pas, la création à terme d’une nouvelle compagnie multinationale africaine, du genre de la défunte Air Afrique.
C’est sur ces mots et sur ces différents espoirs que je souhaite plein succès à vos travaux, et déclare ouverte, la 55ème Réunion du Comité des Ministres de l’ASECNA.
Vive la Coopération et la solidarité interafricaines et internationales,

Vive la coopération avec la France,
Vive l’ASECNA,
Je vous remercie de votre aimable attention".