SEMINAIRE SUR LA NON-VIOLENCE A L’UNIVERSITE : LE RAPPORT DE SYNTHESE

Du 01 au 02 juin 2013, s’est tenu à l’Hôtel Belle Côte, un séminaire dont l’objectif étaient ; (i) la mise en place d’un cadre pour le respect de la charte universitaire ivoirienne de la non-violence et (ii) l’identification des préoccupations des étudiants. Ce séminaire placé sous le haut patronage du Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, a été présidé par Monsieur TOURE Mamadou, Conseiller chargé de la jeunesse et des sports à la présidence de la République.

Le séminaire a enregistré la présence de :
•16 Syndicats d’étudiants ;
•17 Associations ;
Issus des cinq universités de Côte d’Ivoire :
•Université Félix Houphouët Boigny à Abidjan;
•Université Nagui Abrogoua à Abidjan ;
•Université Alassane OUATTARA de Bouaké
•Université Pèleforo GON de Korhogo ;
•Université Jean LOROUGNON Guédé de Daloa

Ont été abordés au cours de ce séminaire deux (2) axes :
•Axe 1 : La mise en place de l’observatoire de la charte universitaire ivoirienne de la non –violence ;
•Axe 2 : Les préoccupations des étudiants.

Axe 1 : La mise en place de l’observatoire de la charte universitaire ivoirienne de la non –violence
Cet axe a été abordé en plénière par les participants.

En effet, signé le 21 décembre 2012 à l’amphithéâtre A du district de l’Université Félix Houphouët Boigny, la charte avait pour but d’améliorer la cohabitation entre les étudiants et de promouvoir la non-violence dans les universités.

Mais depuis décembre 2012, l’on assiste à un regain de violence dans les universités en dépit de la signature de cette charte. Le point culminant a été les actes de barbaries perpétrés le 13 mai 2013 à l’université Félix Houphouët Boigny.

Une des faiblesses de cette charte est l’absence d’un instrument pour le suivi de son strict respect par les signataires.

Au cours de cette séance plénière, les étudiants ont condamnés tous les actes de violence perpétrés à l’université Félix Houphouet Boigny et à l’université Nagui Abrogoua.

Aussi, décident-ils de rebaptiser la charte qui s’appellera désormais CHARTE ALHASSANE SALIF N’DIAYE pour la non-violence en milieu universitaire.

Les étudiants souhaitent par la même occasion, la mise en place d’un comité ad’hoc dont les objectifs sont de veiller à l’application des dispositions de la charte pour trois mois et de créer les conditions nécessaires à la mise en place de l’observatoire de la CHARTE ALHASSANE SALIF N’DIAYE. Il a été proposé que le Monsieur le Ministre procède à la nomination du président du comité ad’hoc. Le secrétariat exécutif sera assuré par un étudiant qui doit satisfaire à deux conditions, à savoir ; être régulièrement inscrit dans une université et n’avoir jamais été mêlé à des actes de violences.

Axe 2 : Les préoccupations des étudiants.
L’axe 2 a été traité dans quatre sous-commissions :

Au niveau des préoccupations d’ordre académique, il a été relevé :
•l’incompréhension et le manque de communication sur le système ;
•le sous-équipement (manque de micro, climatisation défaillante, électricité, pas accès au Wifi) ;
•le manque de laboratoire spécialisé en science médicale, bio-science et criminologie.

A cet effet, les étudiants proposent :
•l’explication et la production de supports de vulgarisation sur le système LMD profit des étudiants
•la réparation des installations électriques et l’équipement en matériel de pointe toutes les salles
•la facilitation de l’accès du Wifi aux étudiants (paramétrage des ordinateurs des étudiants)
•la création des laboratoires spécialisés et équipés

Au niveau social, les préoccupations les plus récurrentes sont :
•l’insuffisance des résidences universitaires ;
•le manque de restaurant dans certaines universités ;
•l’irrégularité des paiements des bourses.
Comme solutions, les étudiants proposent :
•l’ouverture des résidences universitaires ;
•l’ouverture d’un restaurant à l’université Nagui Abrogoua ;
•le paiement régulier des bourses d’études.

Au titre de la sécurité dans les universités, les étudiants relèvent :
•des braquages, vols de biens et le non-respect des franchises universitaires, des entrées et sorties incontrôlées
•des agressions entre organisations d’estudiantines et à l’endroit du personnel du l’université ;
•l’absence de sécurité des infrastructures.

Dans ces conditions, les étudiants préconisent :
•L’installation d’un dispositif de sécurité ;
•La fin de l’impunité sous toutes ses formes ;
•L’installation d’anti-vols sur les vitres des bâtiments et l’identification des véhicules qui circulent sur le campus par des macarons.

La vie associative est marquée par :
•La prolifération des associations sur l’espace universitaire depuis la réouverture des universités ;
•La mauvaise gouvernance au sein des associations et syndicats ;
•Le manque de coopération entre les organisations estudiantines.
Les solutions proposées sont :
•La mise en place d’un cadre règlementaire qui régie les associations d’étudiants dans les établissements supérieurs en Côte d’Ivoire ;
•L’amélioration de la gouvernance au sein des organisations d’étudiants ;
•La mise en place d’un cadre d’échanges et de partage d’expériences entre les associations ;
•L’organisation d’élections étudiantes à la prochaine rentrée universitaire afin de déterminer la représentativité des associations d’étudiants.

Dans l’ensemble, les étudiants se sont satisfaits des conditions et du climat de travail qui ont prévalus lors des travaux. C’est pourquoi, ils adressent leurs remerciements à Monsieur le Président de la République, Son Excellence Alassane OUATTARA et au Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Monsieur Ibrahim CISSE Bacongo pour avoir permis la tenue de ce séminaire.
Aussi, recommandent-ils la multiplication de ces cadres d’échanges.

Les étudiants remercient particulièrement Monsieur TOURE Mamadou, Conseiller Chargé de la jeunesse et des sports du Président de la République pour sa sollicitude et sa disponibilité. En effet, le Conseiller a maintenu un contact permanent et instauré avec les étudiants pour la résolution de leurs préoccupations.

FAIT A ABIDJAN LE 02 JUIN 2O13

CHARTE ALHASSANE SALIF N’DIAYE POUR LA NON-VIOLENCE EN MILIEU UNIVERSITAIRE


1- Considérant que seules la Vérité, la Justice et le Pardon libèrent durablement un peuple de la rancœur, de la misère, de la violence, de la haine, de la cupidité et de l’ignorance ;

2- Considérant que la Vérité, la Justice et le Pardon ne sauraient donc s’imposer comme orientations fondamentales de notre pays sans le secours d’une vie intellectuelle dynamique, vigilante, résolument moderne, critique et constructive au cœur même de la Nation Ivoirienne qui retrouverait ainsi sa Force, sa Beauté et sa Sagesse légendaires ;

3- Considérant qu’une vie intellectuelle digne de ce nom ne peut se dérouler que dans un cadre de formation et de recherche humanisé, apaisé, normé par des lois et règlements justes et efficaces ;

4- Considérant cependant la désolation semée par le triomphe du mensonge et de l’arbitraire les plus absurdes dans le passé récent de la Côte d’Ivoire en nos campus qui n’ auraient jamais dû cesser d’être les lieux de prédilections du travail intellectuel profond, collégial et serein ;

5- Considérant les dizaines d’années de souffrances, de violences, de crimes abjects, de dénuement et de délaissement que viennent de traverser les communautés estudiantines, enseignantes, administratives et des services infrastructurels de l’Université Ivoirienne ;

6- Considérant les dommages gravissimes et abyssaux infligés depuis plusieurs décennies à la conscience universelle en Côte d’Ivoire par l’avilissement de certains de nos intellectuels universitaires dans la manipulation tragique des jeunes consciences confiées à leur magistère ;

7- Considérant que l’Université est et doit demeurer le lieu d’émergence de la conscience universellede l’humanité ivoirienne par la maîtrise du savoir-penser, du savoir-dire et du savoir-faire qui hissent la société humaine à l’efficacité et à la conquête rationnelle du réel en même temps que l’anticipation de l’avenir ;


8- Considérant que sans l’extirpation des germes nocifs et ténébreux qui ont dégradé l’âme de notre université nationale, nous serions condamnés à retomber indéfiniment dans les drames que l’irresponsabilité, la haine de l’Autre, le dédain de la science et de la raison, l’absence de vision, l’incapacité à viser résolument l’Universel, ont rendus possibles ;

9- Considérant, à travers l’effort remarquable de réhabilitation infrastructurelle des universités en cours, la volonté politique ferme et profonde des autorités démocratiques et républicaines ivoiriennes de donner à la jeunesse ivoirienne un cadre de formation de standard international afin d’assurer l’émergence de générations de cadres employables, sevrées du désœuvrement, de l’instrumentalisation politicienne et des tentations de jouissance abusive ou de destruction des biens publics ;

10- Considérant que les universités ivoiriennes ne peuvent continuer, sans périr dans la barbarie, à être le repère de toutes sortes de conflits d’intérêts, à s’avilir dans l’hébergement de bandes de parasites sociaux nuisibles à souhait, à subir l’abomination de combats fratricides aux armes à feu et aux armes blanches, à servir de lieux d’exécutions sommaires et pire, de territoires pour fosses communes exécrables ;

11- Considérant, dans nos sociétés marquées du cachet sublime de la foi en Dieu, Créateur de l’Univers, la supériorité spirituelle de principe du droit sur le fait, de la dignité humaine sur les intérêts éphémères des clans politiques, de la transmission d’une tradition de paix, de justice et de démocratie sur la persistance d’une logique de médiocrité, de corruption et de criminalité ;

12- Considérant que la victoire de la démocratie et de la paix en Côte d’Ivoire s’accompagne nécessairement et progressivement de la prégnance et de l’urgence éthiques d’une philosophie convaincue de la non-violence encadrant l’exercice de la contrainte par le déterminisme supérieur de l’Etat de droit ;


A)- NOUS, MEMBRES DE LA COMMUNAUTE ESTUDIANTINE IVOIRIENNE, VENONS PAR LA PRESENTE CHARTE, SOLENNELLEMENT NOUS ENGAGER POUR LA PRATIQUE EXEMPLAIRE DE LA NON VIOLENCE DANS TOUS LES ETABLISSEMENT D’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR IVOIRIENNES A COMPTER DE CETTE RENTREE UNIVERSITAIRE 2012/2013, DEVANT DIEU, LA REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE ET TOUTE L’HUMANITE.

B)- NOUS, MEMBRES DE LA COMMUNAUTE ESTUDIANTINE IVOIRIENNE, DECLARONS SOLENNELLEMENT QUE NOUS SOMMES CONVAINCUS QUE DANS UN CADRE DEMOCRATIQUE COMME LE NOTRE, LE RECOURS A LA VIOLENCE EST UN DENI D’HUMANITE, LA VRAIE FORCE MORALE RESIDANT DESORMAIS DANS L’ATTACHEMENT AU DIALOGUE, A LA NEGOCIATION, A LA JUSTICE ET A LA PAIX, TOUTES VALEURS INATTEIGNABLES SANS L’ADHESION PREALABLE AU RESPECT DE LA DIGNITE HUMAINE QUI SE MANIFESTE PAR LA NON-VIOLENCE.

C)- NOUS, MEMBRES DE LA COMMUNAUTE ESTUDIANTINE IVOIRIENNE, CONSIDERONS SOLENNELLEMENT QUE LES CONFLITS QUI POURRONT NOUS OPPOSER SE RESOUDRONT DESORMAIS ET EXCLUSIVEMENT DANS LE CADRE DES STRUCTURES DE MEDIATION, DE NEGOCIATION ET D’ARBITRAGE ;

D)- NOUS, MEMBRES DE LA COMMUNAUTE ESTUDIANTINE IVOIRIENNE, NOUS ENGAGEONS SOLENNELLEMENT A NOUS IMPOSER LE RESPECT DES NORMES DE SECURITE QUI SERONT APPLIQUEES DANS TOUS NOS CAMPUS DANS NOTRE PROPRE INTERET BIEN COMPRIS, POUR Y EMPECHER LA CIRCULATION ET L’USAGE D’ARMES BLANCHES ET D’ARMES A FEU, MAIS AUSSI LA PERPETRATION DE TOUTE FORME DE VOIE DE FAIT CONTRE DES PERSONNES OU DES ASSOCIATIONS DE NOTRE UNIVERSITE ;

E)- NOUS, MEMBRES DE LA COMMUNAUTE ESTUDIANTINE IVOIRIENNE, NOUS ENGAGEONS SOLENNELLEMENT A DESORMAIS INFLUER POSITIVEMENT PAR NOS PRATIQUES DE PAIX SUR L ENSEMBLE DE LA SOCIETE IVOIRIENNE DE TELLE SORTE QUE L UNIVERSITE SERVE DESORMAIS DE REFERENCE DANS UNE NOUVELLE ETHIQUE DE RESOLUTION PACIFIQUE DES CONFLITS SOCIAUX DANS NOTRE PAYS ;

F)- NOUS , MEMBRES DE LA COMMUNAUTE ESTUDIANTINE IVOIRIENNE, DEMANDONS SOLENNELLEMENT QUE LA PRESENTE CHARTE SOIT OBLIGATOIREMENT ET CONSCIEMMENT SIGNEE PAR TOUT INDIVIDU OU GROUPE DE NOTRE COMMUNAUTE PARMI LES PREALABLES A SON ACCEPTATION, ET QUE CETTE CHARTE SOIT PUBLIEE ET AFFICHEE DANS NOS CAMPUS, ANNUELLEMENT ET REPETITIVEMENT PROCLAMEE LORS DE NOS RENTREES ACADEMIQUES PAR CHAQUE CORPS UNIVERSITAIRE, AFIN QUE NUL N’EN IGNORE ET QUE NUL N’OUBLIE LES AFFRES DU PASSE DONT ELLE VEUT NOUS PROTEGER A JAMAIS ;

G) NOUS, MEMBRES DE LA COMMUNAUTE ESTUDIANTINE IVOIRIENNE, PRENONS SOLENNELLEMENT DIEU, LA REPUBLIQUE ET L’HUMANITE A TEMOIN CE JOUR, ET DEMANDONS QUE LA RIGUEUR DE LA LOI, DANS TOUTE SON EXEMPLARITE ET SON IMPARTIALITE, SOIT APPLIQUEE A QUELQUE INDIVIDU OU GROUPE QUI VIOLERAIT LES TERMES DE LA PRESENTE CHARTE, DONT NOUS FAISONS LE CIMENT DE L’UNIVERSITE IVOIRIENNE RECONCILIEE AVEC SES MISSIONS, DANS L’ATTACHEMENT AUX PRINCIPES GENERAUX ET UNIVERSELS DU DROIT, VERITABLES GAGES DE LA DIGNITE DE NOTRE HUMANITE.