DISCOURS DU PREMIER MINISTRE GUILLAUME SORO LORS DE LA CEREMONIE DE LA FLAMME DE LA PAIX LE 30 JUILLET 2007 A BOUAKE

Excellence M. Blaise COMPAORE, Président du Faso, Président en exercice de la CEDEAO, Président de l’UEMOA, Facilitateur du dialogue direct.
Je voudrais au nom du Gouvernement vous remercier et vous témoigner notre reconnaissance de votre présence ce jour à Bouaké une présence qui nous honore à plus d’un titre.

Excellence M. Blaise COMPAORE, Président du Faso, Président en exercice de la CEDEAO, Président de l’UEMOA, Facilitateur du dialogue direct.


Je voudrais au nom du Gouvernement vous remercier et vous témoigner notre reconnaissance de votre présence ce jour à Bouaké une présence qui nous honore à plus d’un titre.


Excellence M. THABO MBEKI, Président de la Grande Afrique du Sud ; Apôtre de la renaissance Africaine, le peuple ivoirien vous sait gré des importants efforts que vous et votre pays avez consenti pour aider le peuple ivoirien à aller à la paix : les accords de Pretoria 1 et 2 ont été signé sous vos auspices. Merci de votre présence.


Excellence M. Amadou TOUMANI TOURE, Président du Mali, permettez-moi de saluer votre brillante réélection et saluer en vous le voisin qui a constamment été aux côtés des ivoiriens pour le retour de la paix


Excellence M. Faure GNASSIMGBE, Président du Togo, je me rappelle que c’est dans votre pays que les ivoiriens se retrouvèrent pour la première fois pour engager le dialogue en 2002.


Excellence M. YAYI BONI, Président du Bénin, je salue votre présence,


Excellence M. NINO VIERA, Président de la Guinée Bissau je salue le peuple frère de Guinée Bissau


Monsieur le Premier Ministre du Niger, merci pour votre soutien


Monsieur le Ministre des Affaires Etrangère du Ghana, à travers vous, nous voulons saluer le Président KUFOR qui a consacré un mandat entier aux négociations inter ivoiriennes.


Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères du Sénégal M. Cheick TIDIANE GADIO, vous êtes l’homme qui a bravé les balles pour obtenir le 1er cessez le feu de notre conflit.


Monsieur IBN CHAMBAS, l’infatigable secrétaire exécutif de la CEDEAO, vous êtes allé de capitale en capitale pour chercher la paix pour la Côte d’Ivoire.


Messieurs les présidents d’institutions et Monsieur Le Premier Ministre Seydou Diarra


Messieurs les ambassadeurs et les membres du corps diplomatique


Messieurs les chefs religieux et les chefs traditionnels


Messieurs les chefs de partis politiques, je vous remercie pour le soutien positif et constructif à l’accord politique de Ouagadougou


Messieurs les généraux, Messieurs les Chefs d’état major des Fanci et des Fafn, Messieurs les Officiers supérieurs et soldats du rang


Quant à vous jeunes, hommes, femmes venus de tous les recoins du pays, je vous salue.


Ivoiriens, Ivoiriennes,


En ce jour béni de cette cérémonie des Flammes de la Paix, je veux avec vous laisser éclater ma joie.


Je veux avec vous communier,


Je veux avec vous magnifier la Paix.


La paix est là, la paix est à Bouaké.


Excellence Messieurs les Présidents, Aujourd’hui ensemble, tous filles et fils de la Côte d’Ivoire, décrétons à l’unisson après Abidjan, capitale économique, Yamoussoukro, capitale politique, Bouaké est la capitale de la Paix.


Excellence, Messieurs les Présidents, les ivoiriens vous demandent de retenir à partir de cette ville de Bouaké l’image d’un peuple debout, un peuple fort, un peuple qui a su transcender ses propres contradictions.


Si hier nos turpitudes nous ont conduits à la guerre, aujourd’hui notre détermination commune doit construire la Paix.


La Côte d’Ivoire doit tirer leçon de cette guerre pour épargner aux générations futures une autre tragédie.


Ce jour est un grand jour. Ce jour est un grand jour pour la ville de Bouaké, qui reçoit pour la première fois 07 chefs d’Etat sur ses terres démontrant ainsi par leur présence que la solidarité africaine est une réalité.


Excellence Messieurs les Présidents, regardez ce grand peuple qui crie sa soif de la Paix. Ils viennent d’horizon divers : du sud, de l’ouest, de l’est, et du nord. Ils sont issus des 60 ethnies que compte la Côte d’Ivoire. Ils appartiennent à des religions différentes mais au nom de l’intérêt supérieur de la nation, ils ont décidé au-delà de toutes ces différences, de s’unir pour une Côte d’Ivoire réconciliée.


Ce jour, nous sommes réunis en ce lieu pour brûler des armes. Cette cérémonie des flammes de la paix est chargée de symboles forts. C’est bien deux armées qui se sont combattus, dans des batailles épiques qui ont semé la mort et la désolation et c’est bien ces deux armées qui ont décidé de mettre un terme au sang versé.


En décidant de mettre le feu à ces engins qui ont semé la mort, ils s’engagent à mettre un terme définitif à la guerre dans notre pays. C’est pourquoi j’affirme que la Paix est là. Voir les généraux MANGOU Philippe et BAKAYOKO Soumaïla main dans la main, c’est réaliser que la Paix est là.


A présent, je me tourne vers vous Monsieur le Président de la République de Côte d’Ivoire. Vous avez la lourde responsabilité de transformer cette paix en une paix durable, en une paix sereine pour le peuple de Côte d‘Ivoire et pour les générations futures.


Car comme dit la sagesse par la bouche de nos ancêtres, il y a un temps pour tout : Il y a le temps de la lune et il y a le temps du soleil, le temps de la nuit et le temps du jour. Un temps pour faire la guerre, un temps pour faire la paix, un temps pour se battre et un temps pour se réconcilier, un temps pour prendre les armes et un temps pour les déposer. Aujourd’hui, j’affirme notre désir profond et sincère de faire la paix, la vraie paix.


Monsieur le Président de la République de Côte d’Ivoire, en venant aujourd’hui à Bouaké, vous avez franchi pour la première fois, depuis le 19 Septembre 2002, la ligne de « Cessez le feu » qui consacrait la partition de fait du pays. Votre venue dis-je matérialise ainsi la réunification du territoire ivoirien.


Tous les ivoiriens dès lors, peuvent franchir la ligne de « Cessez le feu » et circuler librement sur l’ensemble du territoire.


La présence effective de vos excellences et la grande mobilisation du peuple de Côte d’Ivoire, nous imposent d’aller de l’avant dans la marche vers la réconciliation. Face à tant d’engouement et de ferveur, nul n’a le droit de ramer à contre courant du processus de paix. A ce stade de mon propos, je lance un appel solennel aux déplacés de guerre : rejoignez vos domiciles, vos lieux de travail. La Côte d’Ivoire est réunifiée, la Paix est là.


Laissons en héritage aux générations futures, une Côte d’Ivoire indivisible, une Côte d’Ivoire fortifiée. Excellence Monsieur le Président la République, en initiant le dialogue direct auquel nous avons souscrit et qui a abouti à l’accord politique de Ouagadougou, les ivoiriens ont traduit ainsi leur volonté d’assumer leur destin politique. En signant cet accord à Ouagadougou, les africains peuvent être fiers de leur capacité à résoudre leur problèmes par eux-mêmes. Conscient qu’aucune nation ne peut vivre recroqueviller sur elle-même, nous aurons toujours besoin de la communauté internationale. Je voudrais qu’au dessus des clivages politiques et idéologiques, nous nous retrouvions autour de ce bûcher pour consolider la tranquillité retrouvée.


Tournons le dos aux intrigues, aux assassinats, aux attentats. Que chacun comprenne que ce processus est irréversible. Avançons donc dans la justice et la vérité sans exclusion.


Nous devrons œuvrer pour n’exclure personne, pour ne donner à personne le sentiment d’être exclu. Consumons en nos cœurs, le désir de la haine et de la vengeance comme l’ont fait avant nous de grands hommes tels GANDHI, LUTHER KING, HOUPHOUET BOIGNY, MANDELA.


A ce stade de mon propos, je vous demande à tous d’avoir une pensée pieuse pour toutes les victimes de cette guerre et pour toutes les autres victimes de la violence en politique.


Aux parents des victimes, nous demandons le pardon. Elles ne seront pas oubliées. C’est du reste à cette fin que le Ministère des Déplacés et des Victimes de Guerre à été créé.


Excellence Messieurs les Chefs d’Etat, je voudrais très sincèrement vous remercier de votre présence effective sur la terre de Bouaké. Vous avez accepté d’atterrir sur l’aéroport international de Bouaké, bravant la psychose d’une attaque, vainquant ainsi les dernières poches de résistances à l’accord de Ouaga. Mon Gouvernement et les Forces de Défense et de Sécurité de Côte d’Ivoire ainsi que les Forces Armées des Forces Nouvelles s’attelleront à garantir la sécurité sur l’ensemble du territoire national. Pour ce faire, nous procèderons à la mise en place d’une armée unique et réunifiée attachée aux valeurs républicaines dans laquelle les grades seront harmonisés pour plus de stabilité. C’est cette stabilité qui permettra l’organisation d’élections transparentes.


De telles élections ne peuvent être réalisables que si nous lançons les audiences foraines, l’identification générale de nos populations aux fins de leur garantir leur citoyenneté.


C’est tout un programme certainement délicat mais exaltant. Nous n’oublierons pas à côté du processus de crise de nous atteler au fonctionnement normal de l’équipe gouvernementale par la conclusion d’un programme d’assainissement de finances publiques.


Il n y a pas d’autres voies à suivre pour réaliser ce programme. J’offre aux ivoiriens ma détermination, mon engagement. J’irai jusqu’au bout de la paix de façon acharnée.


A présent, Excellence Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement, avec votre permission, j’invite tout le monde à se tenir debout la main dans la main. Dans une grande concentration et un moment de piété. Que chacun dans son cœur et dans le silence fasse une prière pour la paix Côte d’Ivoire.


Vive l’unité et la fraternité entre les peuples !


Vive la Côte d’Ivoire unie et prospère !


Je vous remercie.