LA PARTICIPATION DE LA COTE DIVOIRE A LA COP 23 DU 6 AU 17 NOVEMBRE 2017 A BONN EN ALLEMAGNE

A la suite de la Conférence des Parties (COP21), tenue à Paris en France en 2015, ayant abouti à l’adoption de l’Accord de Paris sur le Climat, et la COP22 tenue à Marrakech au Maroc en 2016, qui s’est inscrite dans l’optique de développer des outils opérationnels pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le Climat, la communauté internationale s’est réunie du 06 au 17 novembre à Bonn en Allemagne pour la COP23 sur le climat. Cette conférence s’est inscrite dans la poursuite de l’action pour concrétiser et développer des outils et mécanismes opérationnels dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le Climat. En tant qu’Etat partie de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC), la Côte d’Ivoire a participé à la COP23 avec les parties prenantes nationales pour exprimer sa position au cours des négociations internationales et mobiliser des financements en vue de l’opérationnalisation de sa feuille de route de mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le Climat et de sa stratégie bas carbone (INDC). Le ministère de la Salubrité, de l’Environnement et du Développement Durable a mobilisé l’ensemble des parties prenantes (institutions de la République, ministères, organisations publiques et privées, ONG, société civile et les médias) pour le succès de la participation de la Côte d’Ivoire à cette rencontre, en prenant part à différentes activités, panels et conférences.


- La Ministre Anne Ouloto fait un plaidoyer pour le financement du Projet ‘’Agriculture Zéro Déforestation’’
Dans le cadre du Projet ‘’Agriculture Zéro Déforestation’’ la ministre de la Salubrité, de l’Environnement et du Développement Durable (MINSEDD), Anne Désirée Ouloto, a fait un plaidoyer du gouvernement ivoirien, le 13 novembre 2017 à Bonn (Allemagne) auprès du GCF (Green Climats Fund ou Fonds Vert pour le Climat).
A cette occasion, Anne Désirée Ouloto a présenté les enjeux de ce projet pour la Côte d’Ivoire ainsi que les attentes vis-à-vis du GCF. La Côte d’Ivoire à travers les ministères en charge de l’Agriculture, de l’Environnement, et des Eaux et Forêts, entend promouvoir une ‘’Agriculture Zéro Déforestation’’ afin de soutenir conjointement le développement agricole et le développement du secteur forestier. Il s’agit de promouvoir une politique agricole qui favorise l’intensification agricole au détriment de l’extension des cultures sur les espaces forestiers restants, a fait comprendre la ministre à ses interlocuteurs.

- La Côte d’Ivoire s’engage en faveur de la préservation des Espèces Migratrices
La Ministre de la Salubrité, de l’Environnement et du Développement (MINSEDD), Anne Désirée Ouloto, a signé deux mémorandums d’accord sur la Convention des Espèces Migratrices le 16 novembre 2017 à Bonn (Allemagne), dont l’objectif est d’améliorer la conservation et l’utilisation durable des espèces migratrices et de leur habitat par une coordination transfrontalière.
« C’est pour moi un grand plaisir de procéder ce jour, au nom de la Côte d’Ivoire, à la signature de deux mémorandums d’accord de la Convention des Espèces Migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS) sur les Requins et Rapaces. A travers la signature de ces deux mémorandums d’accord, je réaffirme la volonté de mon pays à œuvrer pour la protection des habitats critiques et des couloirs de migration, à accroître la sensibilisation et la participation et à renforcer la coopération internationale. », a-t-elle indiqué.
Et d’ajouter que la Convention des Espèces Migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS) est un traité environnemental et intergouvernemental en faveur d’une coordination transfrontalière et d’actions concertées entre les parties prenantes.
La ministre a invité, au nom de la Côte d’Ivoire, la communauté scientifique internationale à mettre l’accent sur la recherche comme base pour prendre des décisions politiques au niveau national, régional et international.

- Une Conférence sur la sécurisation du financement climatique en Afrique, prévue du 27 au 28 février 2018 à Abidjan
En marge de la COP23, le 13 novembre 2017 à Bonn, la Ministre Anne Ouloto a eu une audience avec le Représentant du Responsing to climate change (RTCC), James Ramsy, pour évoquer l’organisation de la Conférence sur la sécurisation du financement climatique en Afrique, prévue du 27 au 28 février 2018 à Abidjan.
Cette conférence internationale sera l’occasion d’orienter les politiques et stratégies futures de la croissance verte inclusive, d’évoquer la question des finances et un cadre pour tisser des partenariats durables pour développer l’économie verte et les infrastructures sur le continent africain. L’objectif principal sera de fournir aux pays Africains une expertise accrue en matière de financement pour un développement sobre en carbone.
La tenue à Abidjan d’un tel événement international présente plusieurs avantages, notamment celui de réaffirmer l’engagement du pays dans la lutte contre les changements climatiques, de maintenir le leadership sous-régional, de renforcer la mobilisation des ressources financières et de soutenir le développement durable de la Côte d’Ivoire.
Prendront part à cette importante conférence, les gouvernements, les banques, les gestionnaires des secteurs public et privé, les organismes philanthropiques, les entrepreneurs, les chercheurs et les Nations Unies.

- La Côte d’Ivoire sollicite l’appui du Centre de Réseau de Technologie Climatique
La Délégation ivoirienne a eu une séance de travail le 13 novembre 2017 à Bonn (Allemagne) avec M. Jokka Uosukenein, Directeur du Centre de Réseau de Technologie Climatique. Il s’agissait pour celui-ci de sensibiliser le ministère en charge de l’environnement sur l’importance du mécanisme Technologique et de discuter des projets à venir, notamment le projet sur la zone côtière et la pollution de l’eau. Au terme de la rencontre, les parties ont convenu de la nécessité de poursuivre les activités du Centre de Réseau de Technologie Climatique en Côte d’Ivoire.

- La Côte d’Ivoire et le Maroc partagent leurs expériences
Intervenant au pavillon marocain le 15 novembre 2017 à Bonn (Allemagne), la ministre Anne Désirée Ouloto a présenté l’expérience ivoirienne en matière de préservation de l’environnement. "Nous vivons une situation difficile par rapport au couvert forestier qui subit ces dernières années une grosse dévastation, a dit la Ministre en charge de l’environnement. Elle a indiqué cependant qu’avec le mécanisme Redd+, la Côte d’Ivoire s’attelle à lutter contre les moteurs de la déforestation.

La stratégie nationale REDD+ Cote d’Ivoire
La Côte d’Ivoire s’est engagée dans le mécanisme international REDD+ en 2011 afin de contribuer à la lutte mondiale contre le changement climatique et de restaurer son couvert forestier fortement dégradé. En effet, le pays a perdu près de 90% de ses forêts naturelles en moins d’un siècle. Cet engagement du gouvernement a été réaffirmé au plus haut sommet de l’Etat en 2012 avec la prise d’un décret portant création, organisation et fonctionnement de la Commission Nationale REDD+.
L’objectif du Gouvernement ivoirien est d’atteindre un taux de couverture forestière d’au moins 20% du territoire national à l’horizon 2030. Cette ambition est portée par une volonté politique affirmée du Président Alassane Ouattara.
En vue de l’atteinte de cet objectif, une Stratégie Nationale REDD+ a été élaborée avec l’ensemble des parties prenantes (structures publiques, secteur privé, Organisations de la Société Civile). Cette stratégie engage l’ensemble du pays dans une approche intégrée, qui associe développement économique, bien-être social et gestion durable des ressources naturelles.

La Stratégie Nationale REDD+ est un prérequis international à la mise en œuvre de la REDD+ et à l’accès à des paiements basés sur les résultats.
La stratégie nationale REDD+ de la Côte d’Ivoire, adoptée par le Conseil des Ministres du 03 novembre 2017, présente la vision, les politiques et mesures, les missions, le mode de fonctionnement, les orientations technologiques, et la collaboration avec les partenaires, en (08) options stratégiques :

› Option stratégique 1 : Agriculture zéro déforestation en partenariat public-privé
Cette option stratégique a pour objectif global de réduire de 80% la déforestation générée pour la production agricole à l’horizon 2030. Il s’agira de mettre en œuvre les Politiques et Mesures (PM) suivantes :
- PM 1 : Evaluation des risques et opportunités liés aux forêts dans les bassins d’approvisionnement ;
- PM 2 : Connaissance de l’origine des produits et suivi de la déforestation ;
- PM 3 : Soutien aux petits producteurs pour l’amélioration de la productivité ;
- PM 4 : Soutien à l’émergence de «territoires durables» réputés sans déforestation à travers un dispositif d’incitation de type Paiement pour Services Environnementaux (PSE) ;
- PM 5 : Restauration des forêts classées dégradées ;
- PM 6 : Engagement du secteur privé dans les filières et partenariat avec l’Etat ;
- PM 7 : Sensibilisation, Engagement, Communication et accords commerciaux ;
- PM 8 : Mise en place d’une Plateforme Nationale sur l’agriculture zéro déforestation.

› Option stratégique 2 : Energie domestique durable avec valorisation de la biomasse agricole
Cette option stratégique a pour objectif de mettre en place une chaine de valeur durable pour l’énergie de cuisson, notamment le charbon de bois, à travers le renforcement de l’offre en biomasse énergie par des reboisements à vocation bois-énergie et la valorisation des résidus agricoles en briquette de bio charbon. Les Politiques et Mesures (PM) identifiées pour cette option stratégique sont :
- PM 1 : Renforcement du cadre institutionnel pour la formalisation de la chaine de valeur du charbon de bois ;
- PM 2 : Sécurisation d’un approvisionnement durable en biomasse énergie ;
- PM 3 : Appui à une production efficace et durable du charbon à partir de la biomasse ;
- PM 4 : Amélioration de la distribution et de la commercialisation de l’énergie de cuisson à partir de la biomasse ;
- PM 5 : Promotion de l’efficacité et de la sobriété énergétique.

› Option stratégique 3 : Gestion durable des forêts, conservation des aires protégées et des forêts sacrées
Cette option stratégique vise à assurer la préservation des zones conservées et la restauration progressive de l’ensemble des espaces dégradés, à travers la mise en œuvre d’une approche de gestion plus participative et inclusive tenant compte des enjeux économiques, sociaux et environnementaux.
Pour l’atteinte de cet objectif, il est proposé comme politiques et mesures :
-PM 1 : Renforcement de l’exploitation légale et durable du bois à travers la mise en œuvre du processus de l’Accord de Partenariat Volontaire pour l’Amélioration de la Gouvernance Forestière, communément appelé APV-FLEGT, et autres mécanismes de certification de la gestion durable ;
- PM 2 : Renforcement de la gouvernance des forêts classées ;
-PM 3 : Gestion des infiltrations agricoles en forêts classées ;
-PM 4 : Développement de partenariats pour la restauration des forêts classées ;
-PM 5 : Renforcement de la protection et la gestion durable des aires protégées ;
-PM 6 : Renforcement du statut des forêts sacrées et conservation des forêts communautaires.

› Option stratégique 4 : Boisement/reboisement, restauration des forêts et des terres dégradées
L’objectif de cette option stratégique est de reconstituer 3,2 millions d’hectares de terres dans le domaine rural d’ici 2030.
Il s’agira de mettre en œuvre les politiques et mesures (PM) suivantes :
- PM 1 : Renforcement du cadre institutionnel pour la mise en œuvre de la politique de restauration du couvert forestier et de reboisement ;
- PM 2 : Mise en place d’un dispositif institutionnel de production de semences forestières ;
- PM 3 : Développement des plantations villageoises ;
- PM 4 : Protection et suivi des forêts et des reboisements ;
- PM 5 : Traçabilité, encadrement et développement d’accords de partenariat pour l’exploitation et la commercialisation du bois ;
- PM 6 : Mise en place d’un mécanisme de financement durable du reboisement ;
- PM 7 : Renforcement de l’industrie pour l’adaptation des outils de production au bois de petit diamètre.

› Option stratégique 5 : Exploitation minière respectueuse de l’environnement
Cette option stratégique a pour objectif de réduire de 70% la déforestation imputable à l’exploitation minière d’ici 2030, et de compenser la déforestation résiduelle, à travers le développement d’un « secteur minier à faible empreinte écologique» qui nécessite le développement de sauvegardes environnementales et sociales ainsi que la promotion de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) auprès des entreprises et des coopératives d’orpailleurs.
Les politiques et mesures identifiées sont :
- PM 1 : Renforcement du cadre réglementaire du Programme National de Rationalisation de l’Orpaillage ;
- PM 2 : Cartographie des sites d’orpaillage et identification des orpailleurs ;
- PM 3 : Professionnalisation de l’activité d’orpaillage et restauration des sites dégradés ;
- PM 4 : Développement des mesures de sauvegarde pour les exploitations minières ;
- PM 5 : Amélioration du mécanisme de financement pour la contribution du secteur minier à l’effort national de restauration du couvert forestier.

› Option stratégique 6 : Système d’incitation de type Paiement pour Services Environnementaux
Cette option stratégique permettra la mise en place d’un système d’incitation de type Paiements pour Services Environnementaux (PSE) afin d’engager les petits producteurs et les communautés locales dans la mise en œuvre des activités de la stratégie nationale REDD+. Il s’agit donc à travers les PSE de fournir une capacité d’investissement manquante principalement aux petits planteurs et aux communautés locales, leur permettant de réaliser des investissements dans le reboisement et l’agroforesterie, spécifiquement dans le cas de la conservation des forêts.
- PM1 : Mise en place de quatre modalités de PSE : agroforesterie, reboisement villageois, régénération naturelle assistée, conservation de la forêt ;
- PM 2 : Mise en place d’un dispositif de gouvernance du système national des PSE ;
- PM 3 : Mise en place d’un mécanisme de financement domestique des PSE.

› Option stratégique 7 : Aménagement du territoire et sécurisation foncière
Cette option a pour objectif d’accompagner la réforme du foncier rural et de relancer l’aménagement du territoire en Côte d’Ivoire en y intégrant les enjeux de préservation de la ressource forestière. Les politiques et mesures proposées portent sur l’aménagement du territoire et la réforme du foncier rural.
Concernant l’aménagement du territoire, il s’agira de mettre en œuvre les politiques et mesures suivantes :
- PM 1 : Intégration des enjeux de préservation de la ressource naturelle et du mécanisme REDD+ en général, dans le manuel d’élaboration des Schémas Régionaux d’Aménagement et de Développement du Territoire;
- PM 2 : Appui aux collectivités territoriales pour la réalisation de schémas régionaux d’aménagement du territoire pour chacune des régions prioritaires pour la REDD+ ;
- PM 3 : Développement d’un cadre national de l’aménagement du territoire et élaboration du schéma national d’aménagement du territoire.
Quant à la réforme du foncier rural, les politiques et mesures suivantes ont été proposées :
- PM 1 : Rénovation des outils de gouvernance du domaine foncier rural ;
- PM 2 : Rationalisation des opérations techniques de délimitation, d’enregistrement et de délivrance des actes fonciers ;
- PM 3 : Intensification des campagnes de sensibilisation, d’information, de formation et de communication ;
- PM 4 : Mise en place d’un mécanisme innovant de financement ;
- PM 5 : Mise en place d’un mécanisme d’incitation à l’établissement du certificat foncier rural.

› Option stratégique 8 : Planification nationale et réformes structurales pour la transition vers une économie verte
L’objectif est de favoriser l’élaboration et l’orientation des politiques et mesures nationales alignées sur les objectifs de développement durable en cohérence avec les engagements pris par le pays. Cette option est basée sur les politiques et mesures suivantes :
- PM 1 : Intégration des Objectifs de la REDD+ et du Développement Durable dans les documents nationaux de développement (PND et vision 2040) ;
- PM 2 : Internalisation de la valeur économique des services écosystémiques rendus par les forêts dans la comptabilité nationale ;
- PM 3 : alignement des financements publics nationaux sur les objectifs REDD+
- PM 4 : Contrôle de l’augmentation de la population : natalité et immigration.