LANCEMENT DU FORUM SOCIAL: LE DISCOURS DU PREMIER MINISTRE

Le palais des congrès a abrité le lancement officiel du forum social, le lundi 13 août, sous la présidence du Premier Ministre, Me Jeannot Kouadio-Ahoussou. Ce fut l’occasion pour le Chef du Gouvernement de relever toute l’importance que les plus hautes autorités accordent à cette rencontre de dialogue qui favorisera la préservation d’un climat social apaisé et tranquille tout en prenant les aspirations des acteurs sociaux dans une démarche de vérité et, de justice et de responsabilité. Ci-dessous l’intégralité du discours du Premier Ministre:

- Messieurs les Ministres d’Etat,

- Mesdames et Messieurs les Ministres,
- Monsieur le Préfet d’Abidjan
- Mesdames et Messieurs les Présidents Directeurs Généraux, Directeurs Généraux et Chefs de Service,

- Mesdames et Messieurs les Représentants du Patronat et Responsables des Organisations syndicales,

- Mesdames et Messieurs les Membres du Comité technique Interministériel de Préparation du Forum Social,


- Chers amis de la presse,

- Mesdames et Messieurs,


















Sortis de la crise postélectorale, depuis avril 2011, nous sommes tous rassemblés ce matin, dans nos diversités, au chevet de la mère patrie, pour lui donner le souffle nécessaire à la reconstruction de la cohésion sociale.

Celle-ci demeure une priorité pour le Gouvernement au regard des derniers développements de l’actualité.

En effet, le Gouvernement que j’ai l’honneur de conduire, sous la haute autorité de Son Excellence Monsieur le Président Alassane OUATTARA, ne désespère pas pour autant.

Bien au contraire, il est déterminé à poursuivre l’œuvre exaltante de reconstruction nationale, dans la tranquillité et la paix, avec l’engagement des filles et fils à aller à cette cohésion sociale.

Vous comprenez, Mesdames et Messieurs, la portée et l’intérêt que représente pour le Gouvernement et les différents partenaires sociaux, le Forum social tant attendu ; ce Forum précédé, ce jour, par la présente cérémonie dite de lancement, m’offre l’agréable plaisir de m’adresser à vous, au nom du Président de la République et du Gouvernement tout entier.

- Mesdames et Messieurs ;

Le choix du Gouvernement d’organiser un Forum social, réaffirme clairement l’engagement du Président de la République pour une gouvernance qui prend en compte les attentes légitimes des populations, les sentiments qui les animent et leur condition d’existence de chaque instant.


Le présent Forum social qui a pour thème : « Dialogue social et croissance économique », doit donc être perçu comme une démarche participative visant à favoriser une meilleure convergence des énergies, pour l’émergence économique de notre pays et plus précisément, sa renaissance dans toutes les composantes de la vie de la Nation.


- Mesdames et Messieurs ;

Les défis de notre nation, après la grave crise qui a secoué la Côte d’Ivoire, nous les connaissons tous. Ils ont pour noms :

- une armée à reconstruire ;
- une paix et une sécurité à consolider ;
- un Etat moderne, garant des libertés à promouvoir ;
- une économie nationale à redynamiser ;
- une agriculture à moderniser ;
- des infrastructures à réhabiliter et à construire ;
- une école à recentrer sur les valeurs du mérite et de l’effort ;
- des emplois à créer pour une réduction significative du chômage ;
- un monde du travail à rassurer et à apaiser pour l’engager résolument dans l’effort de reconstruction nationale ;
- un système sanitaire à améliorer en tenant compte des nécessaires innovations ;
- une politique d’intégration régionale à consolider ;
- un cadre législatif et réglementaire relatif au foncier rural et urbain à préciser, en vue de prévenir certains conflits, etc.

Au cœur de ces problématiques essentielles, celle relative à la cohésion sociale, est d’une extrême urgence.


Ce Forum est donc une occasion exceptionnelle pour engager un dialogue franc et responsable autour des grandes questions sociales qui sont autant de défis pour la cohésion sociale.

Il s’agit :

- du maintien du rythme de croissance du Produit Intérieur Brut, avec une création de richesses à répartir de façon juste et équitable entre toutes les couches sociales.
- Il s’agit de l’examen et de l’amélioration du cadre légal et institutionnel qui fonde l’emploi au regard des grandes mutations et des nouveaux métiers.

- Il s’agit de notre capacité à maintenir un dialogue social permanent et de qualité avec l’ensemble des corps sociaux.

- Il s’agit de la promotion de l’égalité des chances, à travers une politique nationale de l’emploi offrant des opportunités d’intégration dans les services publics et privés à toutes les filles et à tous les fils de ce pays.

Pour relever ces importants défis, il nous faut rechercher un consensus national devant se traduire par un nouveau pacte social dynamique s’inscrivant dans la durée et reposant sur les fondements suivants :

- le courage de la vérité,
- la justice et l’équité sociale ;
- la responsabilité de tous les acteurs de la vie de la nation.

Le courage de la vérité, il nous en faut tous, pour expliquer la situation économique de notre pays et les réalités du monde du travail face aux grandes mutations nées de la mondialisation.

Il nous faut sortir des promesses politiciennes et des arrangements de circonstances qui ne reposent sur aucune réalité objective.

Cette exigence de vérité concerne également la bonne compréhension par nos partenaires sociaux, de la conduite des politiques publiques.

Quelles sont les politiques mises en œuvre pour conduire le pays dans les grands domaines de la vie de la Nation ?
Il s’agit de rendre disponible l’évaluation des actions menées pour assurer l’atteinte des objectifs assignés au Gouvernement. Je dirai en un mot : une obligation de résultat.

Comprendre ces politiques et accepter l’évaluation de celles-ci constituent les points critiques de consensus pour que les sacrifices demandés, aux populations, par les pouvoirs publics aient un sens et soient acceptées.

Cette exigence de vérité et de clarté commande également que toutes les questions soient abordées sans faux fuyants au cours de ce Forum social.

Il s’agit notamment des questions de salaires, d’accessoires de salaires, de profils de carrière, de la réforme du statut général de la fonction publique, des conditions sociales des travailleurs, de la collaboration entre l’Administration et les syndicats.

A quoi serviraient, en effet, les propositions judicieuses qui sortiraient de ce Forum, si le diagnostic qui aura été fait de la situation est complaisant ou partiel ?

Le second pilier de ce dialogue social, doit être la justice.

La vraie justice n’est pas celle qui crée des injustices, mais celle qui instaure l’équité. Cette justice qui garantit l’égalité des citoyens devant la loi doit se traduire en une égalité en droits et en devoirs.

Plus prosaïquement, la part d’efforts et de sacrifices à consentir pour la reconstruction de notre pays doit être la même pour tous les corps sociaux ; de même, la richesse nationale, une fois créée, doit profiter à tous.

Enfin, le troisième pilier concerne la responsabilité. Il s’agit de nous engager, tous, dans une démarche de confiance réciproque afin de conduire ensemble, les réformes audacieuses que nous serons appelées à faire, si nécessaire.

Ce qui est en jeu, ce n’est pas que les syndicats abandonnent leurs prérogatives à l’Etat, au sortir de ce Forum ; encore moins que l’Etat se replie derrière la force de la puissance publique pour opérer les redressements nécessaires.

Ce qui est à rechercher, c’est l’existence de cette passerelle permanente entre le Gouvernement et les partenaires sociaux, afin qu’en toute circonstance, prévale l’exigence de maintenir la paix et la cohésion sociale pour le bien-être de tous.

A cet égard, l’une des grandes ambitions de ce Forum social devra être la mise en place d’un cadre permanent de la cohésion sociale, véritable instrument de veille sociale chargé :

- d’analyser les transformations sociétales ainsi que leur impact sur la cohésion sociale ;
- de rechercher les moyens de protéger le bien-être des travailleurs ;
- de proposer des solutions d’anticipation au maintien de la cohésion sociale ;
- de consolider la confiance du corps social à l’égard des Institutions et des services publics.


Au total, il s’agit, dans une démarche participative, et sur la base d’une charte de responsabilités partagées, de nous engager, résolument, pour la construction d’une Nation toujours plus humaine et plus inclusive.

C’est pourquoi, j’en appelle à un véritable sursaut du monde du travail, pour qu’au-delà de nos exigences conjoncturelles, de nos différences d’approche des questions qui seront discutées au cours de ce Forum social, nous parvenions, dans un ultime effort, à jeter les bases d’une cohésion sociale forte et durable.

Nous devons, en effet, tous être les ouvriers actifs et volontaires de la reconstruction de la Côte d’Ivoire, si nous voulons demain, léguer aux générations futures, les bénéfices des richesses que nous aurons contribué à créer.

Les enjeux vont au-delà de nos propres personnes, car il s’agit de préparer les réponses sociales du futur face aux exigences de notre vision de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergeant à l’horizon 2020.


- Chers partenaires Sociaux,

- Braves travailleurs de Côte d’Ivoire,


Le Gouvernement, pour sa part, s’engage dans ce processus de dialogue avec une bonne disposition d’esprit, conscient que c’est de sa responsabilité d’être à l’écoute des populations, notamment du monde du travail et d’apporter, avec justice et réalisme, les solutions aux préoccupations exprimées.

Je ne doute pas un seul instant que ce Forum social soit le ferment d’un nouveau pacte social dynamique entre le Gouvernement et le monde du travail.

Sur ce, je déclare, au nom de Son Excellence, le Président de la République, ouvert le Forum social portant sur le thème : « Dialogue social et croissance économique ».


Je vous remercie.