Journée Nationale de la Solidarité
2ème Edition Samedi 25 août 2007
Abengourou, Danané, Bouna, Attécoubé

Adresse officielle du Gouvernement à la Nation lue par le Ministre de la Solidarité et des Victimes de Guerre



M. Louis André DACOURY-TABLEY

(Le Vendredi 24 août 2007)



Ivoiriens, Ivoiriennes, chers compatriotes,



Depuis l’an dernier, le Gouvernement ivoirien a décrété le 25 août Journée Nationale de la Solidarité. La première édition a permis de tester avec succès la justesse et l’intérêt véritablement national de cette Journée. Partant de ces acquis, cette seconde édition dont le thème central est « la solidarité comme ferment de l’unité nationale, de la cohésion sociale et de la paix » est l’occasion de non seulement traduire dans les faits, le caractère national de cette manifestation, mais également de démontrer davantage le sens de la Journée.



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En effet, notre beau pays présente aujourd’hui l’ensemble des caractéristiques qui recommandent vivement une politique de promotion de la solidarité et de la cohésion sociale.

D’abord si on considère le sommet de la société, c’est-à-dire les acteurs centraux de notre système politique, on note constamment ces quinze dernières années, des tensions et l’absence permanente de consensus sur les règles du jeu ou de la compétition politique ; donnant ainsi l’impression que l’on ne devrait pas s’étonner qu’un conflit éclate à tout moment.

Ensuite il y a le fait que la crise politico-militaire a provoqué ou favorisé des modes inhabituels voire paradoxaux de domination, d’ascension sociale et d’enrichissement matériel. Ce qui peut accentuer les contradictions sociales et économiques. Mais cela peut aussi vouloir dire qu’il y a eu une fragilisation de la solidarité nationale.




Par ailleurs, dans les zones qui, à la faveur de la crise politico-militaire, ont échappé durant cinq ans à l’autorité de l’Etat, de nouvelles formes de domination et de hiérarchies sociales se sont développées.

Dans ces conditions, on pourrait assister à des tensions entre les nouvelles positions sociales acquises et ceux qui espèrent, avec le retour à la paix, un retour à l’ordre social d’avant la guerre.




Au niveau local des communautés rurales les germes d’une société finalement fragile s’imposent également à l’observation.




En effet, le contexte ivoirien est caractérisé par un peuplement par immigration et migration interne, une sédentarisation des allochtones et allogènes dans les localités d’accueil, une pluralités des formes d’insertion locale qui, en l’absence d’un véritable travail idéologique d’inculcation des valeur de solidarité, d’unité et de cohésion, tendent ces quinze dernières années, à favoriser des conflits récurrents entre groupes, c’est-à-dire des formes d’expression des rapports sociaux ou des relations sociales marquées par des antagonismes, des tensions, des contradictions, des oppositions plus ou moins violentes.




Les sources et les enjeux de ces conflits entre communautés renvoient de façon récurrente :




• une pluralité des règles et droits régissant l’accès à la terre, son appropriation et son exploitation.

• une sédentarisation des communautés migrantes mais avec une ambiguïté sur la définition du statut politique des groupes ainsi sédentarisés.




Un tel contexte est propice à l’émergence de conflits.




Au plan politique par exemple, contrairement au contexte qui a prévalu durant la période du parti unique, caractérisé par une politique d’intégration social, économique, culturelle et politique de toutes les composantes de la population ivoirienne ; à partir de 1990, lorsqu’il a été acquis avec le multipartisme, que la vie politique nationale est réservée désormais aux nationaux notamment lors des élections générales, des conflits ont régulièrement éclaté entre des communautés nationales et des communautés allogènes singulièrement durant les périodes électorales.




L’opposition entre ces communautés est alimentée par des soupçons réciproques.
Au regard de ce diagnostic d’ailleurs assez partiel, car on aurait pu signaler le rôle des mass médias, de l’école …. dans la fragilisation du tissu social ; il se dégagent de multiples défis pour les acteurs et les institutions en charge des politiques de solidarité, de cohésion sociale, d’apaisement.




Pour notre part, sur proposition du Ministère de la Solidarité et des Victimes de Guerre, le Gouvernement s’est approprié deux axes stratégiques d’action et de prévention matérialisés par deux cadres institutionnels de première importance que sont d’une part la Journée Nationale de la Solidarité et l’Observatoire de la Solidarité et de la Cohésion Sociale d’autre part.

La Journée est l’occasion de faire la promotion et le marketing social de la solidarité et de traduire la reconnaissance de la Nation à ceux qui y contribuent individuellement et collectivement.




Quant à l’Observatoire de la Solidarité et de la Cohésion Sociale , dont le décret de création fait partie des actes prioritaires de l’actuel Gouvernement, c’est un outil de prévention et d’aide à l’anticipation dans la mesure ou il va permettre de :

- définir et actualiser les indicateurs de solidarité,

- définir et actualiser les indicateurs de cohésion sociale,

- collecter, traiter et diffuser infirmations relatives aux indicateurs de solidarité et de cohésion sociale,

- contribuer à la promotion de la solidarité et de la cohésion sociale,

- évaluer les politiques et programmes nationaux de solidarité et cohésion sociale,

- soutenir et encourager des projets de recherche sur la solidarité et la cohésion sociale.

Comme on le voit, l’Observatoire et la Journée sont bien deux outils pertinents de sorite de crise et de développement durables.




Chers compatriotes et amis de la Côte d’Ivoire, notre histoire récente commune et notre environnement national actuel enseignent qu’il y a une exigence de solidarité et de cohésion sociale.

Certes il y aura toujours une exigence de solidarité vis-à-vis des plus démunis et des plus vulnérables mais bien plus, il s’agit de ne plus faire de la politique de solidarité une politique marginale de l’action gouvernementale destinée à ceux qui sont relégués dans les marges de la société et de la consommation, mais il s’agit de faire de la Solidarité un axe central des politiques de développement, au même titre que l’Agriculture, l’Education, des Infrastructures, etc.




La Solidarité se présente ainsi comme le ciment reliant les divers compartiments de l’édifice national, et qui nous relie à nos voisins.



C’est pourquoi, dans les prochains jours, au niveau de mon Département Ministériel et avec la collaboration d’intellectuels, de chercheurs et d’experts nationaux, nous allons poursuivre la réflexion pluridisciplinaire pour dégager tous les ressorts de la solidarité, toutes les potentielles culturelles, sociales et idéologiques de notre pays, à même de consolider, d’amplifier et de singulariser notre politique de solidarité. Ce sera une sorte d’Etats Généraux de la solidarité qui doivent aboutir à l’activation de tous les mécanismes de solidarité.




Pour toutes ces raisons, j’invite, au nom du Gouvernement, les uns et les autres à participer activement à la promotion de la Solidarité et de la cohésion sociale.




Vive la solidarité,

Vive la Côte d’Ivoire,

Je vous remercie.